Il y a quelques jours, Norton Motorcycles, par le biais de son nouveau PDG Robert Henschel, annonçait ne pas pouvoir prendre en charge les réparations des V4SS, exhortant toutefois les propriétaires à ne pas utiliser les V4 SS de génération 1, car sur les 35 défauts qui ont été identifiés, 20 d’entre eux sont ce que la marque considère comme des éléments critiques. Néanmoins, un propriétaire d’un de ces modèles, Shaun Taylor, qui se présente comme membre du récemment formé Norton V4SS Generation One Owners club, soulève quelques points que l’on pourrait qualifier de regrettables.
En effet, il relève qu’environ 50% des défauts de la V4 SS de Génération 1 concernent le moteur et la boîte de vitesses. Ce même moteur et cette même boîte de vitesses seront utilisés sur la V4SS de Génération 2 qui entrera en production dans environ 6 mois.
Il rappelle également que la conception du moteur du V4SS a été confiée à Ricardo Motorcycles. Fait intéressant, entre 2013 et 2017, le Responsable Mondial du Département Motos au sein de Ricardo n’était autre que le Dr Robert Hentschel, aujourd’hui PDG de Norton Motorcycles.
Aussi, Robert Hentschel rejoint Norton avec une connaissance approfondie de la V4 SS de Première Génération. Il a ainsi un lien évident qui remonte à l’ère Stuart Garner, ancien patron de Norton, et Simon Skinner, chef du Design de Norton, lorsque Ricardo Motorcycles a conçu le moteur.
Dans sa lettre ouverte au PDG de Norton Motorcycles, qui nous a par ailleurs été adressée, Shaun Taylor interroge le PDG de Norton Motorcycles sur la possibilité de revoir sa position, au vu des éléments cités qui engendreraient d’après les dires de l’auteur une perte collective de 2,4 millions de livres sterling.
Nous verrons bien si cela aura un effet…
Voici le courrier qu’il a écrit à Robert Henschel, qui, comme il le souligne, est resté sans réponse à ce jour.
« Vous vous souviendrez des déclarations faites par Norton Motorcycles selon lesquelles vous êtes en contact avec les propriétaires [NDLR : pour résoudre les problèmes]. En tant que propriétaire, je peux vous assurer que c’est à peu près aussi loin de la vérité que possible.
Notre analyse des défauts indique qu’environ la moitié est liée au même moteur et à la même boîte de vitesses qu’ils utiliseront dans la V4 SS de deuxième génération. Nous avons cherché à ce que Norton Motorcycles explique pourquoi les défauts résolus dans la deuxième génération ne peuvent pas être résolus sur les motos de la première génération. Robert et son équipe restent à nouveau silencieux à ce sujet !
En ce qui concerne les problèmes autres que le moteur et la boîte de vitesses, nous avons des préoccupations claires concernant le bras oscillant et le cadre, mais encore une fois, ils doivent être résolus sur les motos de deuxième génération. Et nous pensons qu’une fois que Norton aura résolu ces problèmes, les correctifs pour les autres problèmes devraient être facilement apportés.
Norton Motorcycles fait désormais partie d’une entreprise automobile mondiale dotée de ressources substantielles ; ils sont désormais libérés des contraintes de l’ancienne entreprise. Par conséquent, avec la richesse de la recherche et du développement et des capacités d’ingénierie associées à leur disposition, l’affirmation selon laquelle ils ne peuvent pas reprendre les défauts des motos de génération 1 est absurde.
Je dirais que non seulement ils sont capables de résoudre les problèmes de la génération 1, mais ils ont très probablement abordé chacun d’entre eux sur un prototype d’essais. Cette hypothèse n’est pas déraisonnable : ils souhaiteraient s’assurer qu’ils comprennent les défauts du modèle de génération 1 et vérifier les correctifs à étendre aux véhicules de pré-production de la génération 2. Peut-être verrons-nous soudainement la V4 SS développée par Simon Skinner [NDLR : le chef du Design et créateur de la V4 SS] interdite de roulage sur route malgré cet effort d’ingénierie, ce qui serait une cruelle tournure des événements pour chaque propriétaire privé de cette utilisation de son propre V4 SS.
Si cela est vrai, le refus d’aborder les problèmes de la génération 1 est motivé financièrement. N’oublions pas que TVS Norton n’a pas seulement cherché à transférer la perte financière aux propriétaires de 2,4 millions de livres sterling tout en disant qu’ils offriraient aux propriétaires la possibilité d’acheter un modèle de génération 2 avec une offre spéciale. Compte tenu de l’inflation, une moto qui valait 44 000 £ en 2016 coûterait désormais 50 000 £. Avec une remise de 25 %, cela signifie que les propriétaires peuvent s’attendre à payer environ 37 500 £ pour une moto de deuxième génération, incluant l’offre promotionnelle.
À première vue, cela peut sembler être une offre généreuse de la part de TVS Norton. Cependant, il en est loin : en un seul geste, Norton évite 2,4 millions de livres sterling de passif tout en générant un chiffre d’affaires de 2 millions de livres sterling contre un modèle qui a un nombre important d’unités non vendues à ce jour.
Du point de vue des propriétaires, il semble que TVS Norton cherche simplement à trouver la solution la plus rentable et la plus avantageuse sur le plan commercial sans tenir compte des implications pour les propriétaires.
En terminant, je souhaite vous laisser avec une question. Supposons qu’une entreprise aussi sophistiquée que TVS Norton ne puisse pas résoudre les défauts de la génération 1 et remettre ces motos sur la route. Les gens auront-ils la confiance nécessaire pour investir environ 50 000 £ dans une Superbike de deuxième génération dont toute la première génération a été retirée de la circulation avec des défauts non rectifiables ?
Je ne répondrai pas à cette question. En fait, je dirais que si l’on veut redonner confiance aux gens envers la marque, il faut remettre les V4 SS de première génération sur la route.
Nous travaillons actuellement avec une entreprise spécialisée pour déterminer si tous les défauts sont présents sur chaque V4 SS et obtenir des déclarations de témoins experts pour déterminer si les motos de génération 1 ont quitté l’usine dans un état dangereusement défectueux. De par sa nature, une moto est intrinsèquement dangereuse, mais Stuart Garner [NDLR : ancien patron de Norton] et Simon Skinner ont-ils créé des motos qui ont augmenté le risque à un point bien supérieur à ce que l’on peut raisonnablement attendre d’un constructeur de motos. Les propriétaires de Norton ont demandé à BDO d’enquêter à ce sujet [NDLR : BDO est le cabinet qui a géré le recouvrement de Norton], mais jusqu’à présent, ils semblent ne pas l’avoir fait, et là encore, ils ignorent également les demandes de clarification des propriétaires.
Les autres propriétaires et moi-même restons ouverts à l’idée de travailler avec TVS Norton et serions heureux d’avoir l’opportunité de discuter de notre histoire avec les médias.
Cordialement,
Shaun Taylor »
Il va falloir que les propriétaires de ces belles Anglaises soient patients, en espérant pour eux qu’ils obtiennent gain de cause et que leurs machines soient réparées !