Ce n’est malheureusement pas un poisson d’avril : après les menaces qui planent sur le circuit d’Albi, condamné pour des infractions sonores liées au code de la santé publique, c’est désormais le circuit de Mérignac, en Gironde, qui a vu son avenir s’assombrir en quelques mois. En effet, le maire de Mérignac souhaite procéder au plus vite à l’expulsion de l’exploitant du circuit automobile, qu’il qualifie de « squatteur », afin de récupérer les terrains pour y installer de l’activité aéronautique et une aire de gens du voyage.
Les menaces de fermeture de circuits sont de plus en plus fréquentes et sont souvent liées aux plaintes de riverains dont les habitations ont été construites bien après et trop près des circuits. Pourtant, à Mérignac, la Mairie avait sauvé ce circuit en 2004. Mais c’était avant d’avoir des soucis avec le gérant de l’époque et à son administration hasardeuse. Depuis, le site a été repris par la société GTRS mais le passif était déjà bien ancré.
Depuis de nombreuses années, la mairie de Mérignac souhaite récupérer le terrain où se situe le circuit. Même si elle est propriétaire du lieu, son exploitation revenait à Piste.Sr et ProConsult. En 2019, ces entreprises subissent une liquidation judiciaire et doivent partir. Pourtant, à la même période, la société GTRS prend la succession de l’exploitation. La nouvelle société prend le temps de faire des travaux sur le circuit et remet à neuf les différents protocoles de sécurité. L’objectif étant de rester dans les règles. Dans le même temps, des loyers pour l’exploitation du lieu sont versés tous les mois.
Cette situation n’est pas du goût de la mairie qui lui a rappelé au gérant que la société GTRS occupe le lieu illégalement et entend faire appliquer « au plus vite » une décision de justice du 17 juin 2021, « qui a condamné les occupants du circuit à 200.000 euros de dommages-intérêts, et 14.000 euros à titre d’indemnité d’occupation, pour occupation sans droit ni titre ». Une condamnation qui vient selon lui clore un sujet qui traîne depuis des années.
Même si les travaux de rénovation, la remise à niveau des protocoles de sécurité et le paiement de loyers ont été vus d’un plutôt bon œil, cela n’a pas suffi à les convaincre. Aussi, une opération d’expulsion des utilisateurs du circuit auto-moto de Mérignac a eu lieu le 22 mars dernier.
Désormais le circuit auto-moto de Mérignac permettra à la municipalité de récupérer 15 hectares de terrain situés en bord de piste aéroportuaire. Le site aurait vocation à accueillir des « activités aéronautiques », et quatre hectares seraient aménagés pour les gens du voyage. C’est pourquoi, si des autorisations d’exploitation ont pu être accordées par le passé pour cette structure qui avait été créée à l’initiative de la ville en 1991, « il n’y a jamais eu de bail commercial d’établi pour ce circuit », dit le maire, la collectivité souhaitant depuis longtemps y installer d’autres activités.
S’il plaide la bonne foi et se défend « d’être un bandit », Nicolas Badard reconnaît cependant qu’il n’a pas de bail pour l’exploitation du site. « Mais je paye des loyers », souligne-t-il. « Un loyer qu’il a lui-même défini, on ne sait pas comment puisqu’il occupe le site sans droit ni titre », balaie Alain Anziani, le maire de Mérignac, qui le qualifie de « squatteur ».
La situation actuelle découle de plusieurs années de gestion du circuit hasardeuse, par des sociétés qui se sont succédé. Car en réalité, ce n’est pas GTRS qui a été condamnée en 2021 par la justice, mais Piste SR et ProConsult, deux entités liquidées depuis. « J’ai racheté les parts du propriétaire de ProConsult en 2020 », explique Nicolas Badard, gérant de GTRS, et « j’ai repris la gérance du circuit en investissant beaucoup d’argent pour le nettoyer, car c’était devenu un véritable dépotoir. »
« Je n’ai aucune défiance vis-à-vis des sports mécaniques », assure le maire de Mérignac, « en revanche ce circuit provoque quand même du mécontentement de la part de riverains, plutôt de Saint-Médard-en-Jalles d’ailleurs, qui en fonction des vents subissent des nuisances sonores. Je ne suis pas contre un circuit, mais certainement pas en milieu urbain. »
Un dialogue au point mort entre les 2 entités qui a malheureusement vu ce circuit fermer, lui qui était une institution pour les Bordelais. Une pétition, qui a déjà recueilli 70.000 signatures, est disponible pour apporter son soutien!