La mesure est entrée en vigueur le 1er mai 2022 : depuis lundi, tous les véhicules neufs circulant sur le territoire européen doivent être équipés d’une boîte noire. Voitures, utilitaires, camions, autobus, etc. A ce jour, seules les motos ne sont pas concernées par cette obligation, votée par le Parlement Européen en 2019.
L’électronique se glisse partout dans les automobiles modernes, dont les logiciels peuvent déjà, entre des mains expertes, se montrer bavards. Mais ce sera encore plus facile avec la boîte noire, dont le principe, voté en 2019 par le Parlement Européen dans le cadre de dispositions destinées à améliorer la Sécurité Routière, arrive à échéance. La mesure, applicable aux voitures neuves circulant en Europe, est entrée en vigueur le 1er mai 2022.
Toutes les voitures neuves sont désormais équipées de ce dispositif enregistrant un certain nombre de données de roulage. Dans un premier temps seront enregistrées celles précédant de 30 secondes un accident ou un accrochage. Seront ainsi mémorisés dans la phase précédant l’accident la vitesse, la phase d’accélération ou de freinage, le port de la ceinture de sécurité, les coordonnées GPS, la force de la collision, le régime moteur, l’usage du clignotant, l’allumage des phares… Mais pas les sons à l’intérieur de l’habitacle, contrairement aux boîtes noires des avions. En encore moins l’image.
Sur le modèle des boîtes noires des avions qui, en théorie, permettent d’élucider les circonstances des catastrophes aériennes, leurs homologues automobiles, nettement plus simples – au moins dans un premier temps –, pourraient concourir à faire la lumière sur les circonstances réelles d’un accident. Et sans doute à remettre à sa juste place l’excès de vitesse, trop facilement brandi jusqu’à présent comme l’explication à tout accident.
Le Parlement Européen estime en effet que l’installation d’une boîte noire dans toutes les voitures permettrait de réduire de 20 % le nombre de décès sur les routes. Mais pour Pierre Chasseray, délégué général de « 40 millions d’automobiliste », cet objectif n’est pas réaliste : « En dissimulant un enregistreur de données dans les voitures, on espère dissuader les mauvais comportements et ainsi limiter les accidents. Mais il ne faut pas prendre les automobilistes pour des imbéciles : ils sont parfaitement conscients que tel qu’il est conçu, ce genre de dispositif ne peut avoir aucun impact sur les infractions et les comportements réellement accidentogènes que sont par exemple le refus de priorité (16 % des accidents mortels), l’usage du téléphone au volant (environ 10 %), la somnolence et la perte d’attention (10 à 15 %). De plus, les données enregistrées ne sont conservées et éventuellement analysées qu’en cas de choc, 30 secondes avant et 30 secondes après l’événement. L’outil ne peut donc en aucun cas prévenir ou empêcher l’accident ».
Pour l’heure, seuls les véhicules neufs sont concernés par cette obligation, pour un surcoût d’environ 100 €, d’après les constructeurs. Elle sera généralisée aux voitures personnelles et autres utilitaires d’occasion à partir de 2024.