Manuel González (Kawasaki ParkinGO Team), né le 4 août 2002 à Madrid, est devenu le plus jeune Champion du Monde de vitesse de l’histoire après s’être adjugé le titre Supersport 300 en terminant deuxième de l’épreuve de Magny-Cours derrière Ana Carrasco.
Fabien, envisageais-tu en début de saison la possibilité pour Manu Gonzalez d’obtenir le titre mondial ? Le voyais-tu clairement parmi les favoris ?
« Je l’ai très rapidement vu parmi les favoris, dès la première course. Il m’a semblé alors être un pilote très différent des autres, avec quelque chose de plus. Je ne me suis pas trompé et je pense que si sa carrière est bien gérée, c’est un pilote en devenir. Sincèrement, c’est « le » pilote de la catégorie, celui qui sort du lot dans son pilotage et dans sa maturité, mais aussi son analyse de course.
« L’un des principaux défauts des jeunes, c’est peut-être d’avoir du mal à piloter et penser en même temps. C’est vraiment là où Manu fait la différence. Il est capable d’analyser ses adversaires et la course, ainsi que de se positionner à merveille. »
« Il sait gérer la pression, et aussi un championnat. On a l’impression qu’il a déjà des années d’expérience. Or s’il a déjà fait beaucoup de courses pour son âge, en tout cas il est vraiment surprenant et je pense qu’il a un bel avenir, en fonction des décisions qu’il prendra. »
Il roule actuellement pour l’équipe Kawasaki ParkinGO de Giovanni Rovelli. Vois-tu son prochain avenir avec ce team ?
« Oui car il va faire au moins une saison supplémentaire avec cette équipe. Il roulera cette fois-ci en 600 Supersport en 2020. Pour l’instant, c’est ce qui constitue son futur à court terme. Je suis impatient de voir ce qu’il va faire et comment il va progresser dans cette catégorie. »
On a l’impression quand on le voit en course comme quand on écoute ses interviews qu’il est capable de gérer les choses de manière très complète et très approfondie. Est-ce aussi l’impression que tu as, malgré son jeune âge ?
« Oui, tout à fait, il est très mature pour son âge. Il ne parle pas beaucoup mais est très réfléchi. Il sait parfaitement bien gérer ses émotions et c’est un vrai plaisir que de travailler avec lui. »
« Ça me fait un peu drôle parce qu’il est très introverti. Au début, je me demandais ce qu’il pensait de mes commentaires et je me suis rapidement aperçu qu’en fait il les intégrait très vite. Que ce soit sur la piste ou en dehors, il a vraiment quelque chose de plus que ses jeunes adversaires de la catégorie. Il est indéniablement très prometteur. »
Quelles qualités lui vois-tu au niveau du pilotage en fonction des circonstances, comme la météo par exemple avec du froid, du chaud, du sec, de l’humide ? Ou au freinage et à l’accélération, quels sont ses points forts ?
« Il est assez bon dans toutes les conditions, et au niveau du pilotage je dirais que ce qui le caractérise, c’est qu’il est très propre. Quand on le regarde on n’a pas forcément l’impression qu’il fasse la différence, qu’il aille très vite, mais le chrono parle de lui-même. »
« Il y a encore beaucoup de place dans son pilotage pour évoluer. Il ne donne pas du tout l’impression d’être à la limite, d’une certaine manière. Il tombe très peu aussi. Il a beaucoup de qualités dans son pilotage, mais humainement il est très humble. Il est issu d’une famille très bien. Ses parents le suivent sur les circuits, mais ils restent à leur place. Il a une bonne éducation, ce qui je pense est important. »
Vas-tu continuer à le suivre l’année prochaine en Supersport ?
« Oui, bien sûr, nous sommes en pourparlers. Ça me tiendrait à cœur de continuer avec lui. Aujourd’hui il n’y a encore rien de décidé. »
« Ça coule de source que je continue avec Johnny Rea. Lucas (Mahias) me semble très satisfait ainsi que l’équipe, et Kawasaki également. Avec Manu ça devrait aussi continuer car je m’entends également bien avec Rovelli. Il serait logique que ça se poursuive avec Manu et ça m’intéresse beaucoup parce que l’aspect sportif est important dans mon travail, donc forcément collaborer avec des jeunes qui ont du potentiel me convient parfaitement. »
« Comme le disent certains, c’est toujours plus facile de travailler avec des pilotes forts. Mais oui et non. On pourrait penser que c’est plus facile d’une certaine manière en regardant seulement les résultats. Mais en même temps il faut arriver à faire passer les messages qui parlent à ces pilotes. »
Ces pilotes aux caractères très différents…
« Exactement. C’est pour ça que je pense savoir adapter mes messages en fonction de qui j’ai à faire. Je ne parle pas du tout de la même manière, je ne communique pas de façon identique avec Johnny Rea, Lucas Mahias ou Manu Gonzalez. »
Photos © Kawasaki et worldsbk.com / Dorna