Avant de nous intéresser à ce bras oscillant Honda proprement dit, il n’est pas forcément inintéressant de nous attacher aux conditions dans lesquelles ces clichés ont été pris. Les photos ont été prises lors du test de deux jours à Misano. C’est le seul test de deux jours durant la saison, et cela a son importance car les constructeurs y apportent souvent plus d’éléments à essayer que lors d’un test d’une seule journée, comme à Valence après le Grand Prix.
En ce début septembre, il faisait chaud, très chaud, dans la pitlane et cela aura son importance pour les explications à suivre…
La pitlane, justement, on y entre par un passage situé grosso-modo à son premier tiers. A droite (en entrant, donc à gauche vu de la piste), toutes les équipes Ducati, et tout au bout, dans le box #1, déjà loin sous un soleil de plomb, le test team Ducati avec Michele Pirro. Ce n’est évidemment pas un hasard…
De l’autre côté, dans l’ordre, Yamaha, Honda, Aprilia et KTM. Puis plus loin, le test team Honda puis Michelin.
La piste est ouverte de 9h à 18h, alors, forcément, le premier jour, il y avait foule devant les box, dans l’attente de la reprise de Marc Márquez, de l’essai de Dominique Aegerter ou de la dernière sortie d’Andrea Dovizioso. Puis, au fil des heures, les journalistes se sont faits plus rares, profitant d’un soleil de plus en plus chaud pour aller écrire leurs comptes-rendus sur le bras oscillant Kalex en aluminium de la RC213V ou son bas de carénage complètement copié sur l’Aprilia.
Il faut dire qu’assister aux essais peut s’avérer un peu ingrat, les équipes travaillant souvent à portes closes, relevant seulement le rideau de fer pour laisser partir un pilote faire quelques tours avant de refermer le box. Dans ces conditions, certains confrères décrochent après le premier jour, et la majorité des autres préfèrent profiter de la climatisation de la salle de presse pour suivre les chronos en direct. On les comprend !
Tout ça pour expliquer pourquoi l’après-midi du deuxième jour, quand ces photos ont été prises, seuls Simon Crafar (journaliste MotoGP.com) et votre serviteur étions encore en train de suer dans la pitlane, au moment où le test team Honda a furtivement essayé cette machine.
Ahhh, le test team Honda… Sans doute l’équipe la plus difficile à « espionner » !
Composée de techniciens japonais et européens, elle travaille complètement à box fermé, ne relevant le rideau que pour laisser sortir et entrer Stefan Bradl, à chaque fois au guidon d’une nouvelle évolution. Autant dire qu’avec sa localisation tout au bout de la pitlane, la seule possibilité de prendre des photos de près était de courir jusqu’au box en entendant le pilote allemand sortir, puis d’attendre son retour en prenant un air détaché sous le regard peu amène du personnel…
« Ils peuvent sortir toutes les demi-heures avec un nouveau cadre ou un nouveau moteur, mais même pour nous c’est quasiment impossible à savoir » nous a confié un monteur Michelin en nous voyant attendre en sueur devant le box fermé.
Le HRC disposait à notre connaissance de trois motos, mais bien plus de configurations ont été testées, chaque moto échangeant ses éléments avec les autres. Le sujet de cet article était le prototype le plus différent par rapport à la RC213V utilisée jusque là : de par sa selle incluant la Salad Box et sa prise d’air avant, on peut dire qu’il préfigurait la machine 2023, ou même celle utilisée en fin d’année.
Mais, cette fois, dans le box, il était équipé d’un bras oscillant en carbone comportant ce qui apparaît être des renforts latéraux horizontaux pour en augmenter sa rigidité latérale près de son axe, avec une apparence qui n’est pas sans nous rappeler les ailettes de la Ferrari Testa Rossa.
Les techniciens ont évidemment vu que nous prenions rapidement deux photos et cela fait partie du jeu.
Nous n’avons plus jamais revu ce bras oscillant, ni dans le box, ni en piste, et nous ne savons pas si nous le reverrons un jour, mais il démontre au moins une chose : chez Honda, ce n’est pas parce qu’on a demandé à Kalex de faire un bras oscillant en aluminium qu’on abandonne le développement du bras en carbone !
Avec cependant une interrogation après coup : était-ce vraiment un nouveau bras en carbone ou était-ce simplement le bras en carbone habituel, d’habitude toujours caché sous sa protection en carbone ? L’avenir nous le dira (ou vous, si vous avez des documents photographiques)…
