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Le Mass Damper en MotoGP, une sorte d’Arlésienne dont tout le monde parle mais que personne n’a vu, hormis les techniciens concernés…

Le principe est connu depuis longtemps, familiarisé par Renault en F1 en 2006, avant que cela ne soit interdit par les instances dirigeantes: une masse suspendue entre deux ressorts (ou un circuit hydraulique) qui interfère sur les vibrations (comme le Chattering) pour en atténuer les effets indésirables.

En simplifiant les choses à l’extrême, un Mass Damper est un amortisseur supplémentaire qui viendra compléter l’effet de l’amortisseur principal. Celui-ci étant déjà particulièrement sophistiqué et bien ajusté, le Mass Damper viendra combler ses petits défauts d’accord qui, dans le cas de la compétition moto, relèvent souvent du Chattering, c’est à dire d’une vibration qui concerne les deux roues de la moto et dont l’effet sur la roue avant est le plus gênant, contrairement au dribble qui est le simple rebond d’une roue, souvent arrière.

A titre d’explication, reprenons les propos que nous avait tenus un technicien du paddock.

« En schématisant, il s’agit d’une vibration des deux roues (masses non suspendues) en opposition de phase, sur l’élasticité des pneus et des suspensions, ce qui explique que l’adhérence fluctue (c’est le problème perçu) et que la suspension débat (c’est ce que montre l’acquisition).
Le mouvement se transmet d’une roue sur l’autre par un petit mouvement de tangage de la masse suspendue.
L’amplitude est très faible, la fréquence entre 16 et 20 Hz, la vitesse de débattement environ 60 mm/s, les accélérations verticales à l’axe de roue environ 1g. Le chattering se caractérise donc par le fait que les mouvements de la roue avant et de la roue arrière sont essentiellement en opposition de phase.
Ceci ne veut pas dire que les amplitudes soient nécessairement de même valeur à l’avant et à l’arrière mais, même lorsque l’amplitude est très faible pour une des roues, son mouvement reste quand même en opposition de phase avec celui de l’autre roue.
Cette vibration se reproduit donc plus de 16 et 20 fois par seconde et, suivant son amplitude, est plus ou moins ressentie par le pilote.
Si l’amplitude ne dépasse pas 0,4 millimètre, cela n’est pas trop gênant pour le pilote, mais cela peut aller jusqu’à 1 ou 1,2 millimètre et là, c’est vraiment handicapant pour le pilote. »

Pour tenter de contrecarrer ce phénomène, l’important est de « casser » la résonance ou, du moins, d’essayer de la déplacer dans une zone moins sensible du pilotage, et c’est là qu’intervient le Mass Damper : En jouant sur sa masse et la raideur des ressorts, on peut atténuer et modifier les caractéristiques du Chattering. D’ailleurs, rien que par une masse fixe située dans le dosseret de selle, comme la plupart des constructeurs utilisent, on joue sur le Chattering et on augmente la motricité.

Qui utilise des Mass Dampers ?

En Moto2, le système est souvent employé par l’équipe d’Eduardo Perales, fixé directement sur le bras oscillant (donc masse non-suspendue) de ses Kalex, avec plusieurs valeurs de masse et de raideur de ressorts en fonction des circuits utilisés.

En MotoGP, c’est assez facile à deviner : les équipes qui ont des dosserets de selle volumineux.
D’après nos informations, Yamaha, Honda et KTM, non. Ducati est censé en utiliser un depuis 2017, et le doute était également permis pour Aprilia. Était…

Mais, mais, mais… des expérimentations ont déjà été faites chez Yamaha !
Cela remonte à une bonne dizaine d’années, avec Colin Edwards. Yamaha avait alors détaché deux ingénieurs pour travailler pendant quasiment toute la saison sur un Mass Damper à trois pistons situé dans la selle. Au final, la solution n’a pas été jugée miraculeuse sur la durée d’une course et le Mass Damper (dont aucune photo n’est jamais parue dans la presse) a été remisé dans les cartons.
Plus récemment, l’an passé, la firme d’Iwata nous a vanté tous les avantages du concept,  dénommé pour l’occasion Performance Damper, au travers d’une démonstration en vue des 8 heures de Suzuka.

Il semble toutefois que les Yamaha M1 de Fabio Quartararo et Alex Rins n’utilisent plus que du poids dans le dosseret de selle, en l’occurrence la bonbonne de réserve pour le Ride Height Device surprise par Canal+ au Mugello..

A l’inverse, chez KTM, qui souffre pourtant de vibrations, il n’y a pas vraiment foule, mais juste quelques plaques de masse vissées, comme on en trouve sur beaucoup de motos de course…

Voilà grosso-modo où nous en étions jusqu’au Grand Prix de Catalogne, où le team Trackhouse a connu bien des déboires durant le Sprint. Une des Aprilia blessées a été rapportée sans protection, ce qui a permis à tous de voir le contenu du dosseret de selle. Et il y a beaucoup, beaucoup de choses dans ce dosseret, classiques comme des plaques de masse mais aussi plus sophistiquées sur lesquelles nous reviendrons peut-être un jour !

Ne souhaitant toutefois pas mettre certaines personnes en difficulté, comme cela nous est déjà arrivé avec la firme de Noale, nous ne publierons que des photos floutées, sauf en ce qui concerne ce que nous pensons être un relativement petit Mass Damper, fixé sur le côté gauche, dont ce serait alors la vraie première apparition de façon assez nette, voire très nette sur nos photos de bien plus grande dimensions.

La petite taille peut apparaître surprenante pour certains, mais il suffit parfois d’enlever les embouts de guidon de sa moto de série pour constater le changement de comportement opéré…
Là, la masse centrale coulissante doit être relativement lourde, et en tout cas ajustée à la fréquence souhaitée.

MotoGP Mass Damper