C’est sur le stand Shark, lors du salon EICMA à Milan, soit avant le Grand Prix de Valence, qu’Edoardo Licciardello a rencontré pour Sam Lowes pour le site Moto.it.
L’occasion de faire le point sur le passé, mais aussi sur le futur, avec non seulement une saison de Moto2 sur une KTM au sein du team CarXpert-Interwetten, mais également une possibilité de retour en MotoGP…
Sinon, le pilote britannique rempilera en Moto2 pour y découvrir les nouvelles machines à moteur Triumph qui feront leur arrivée en 2019 !
Extraits…
Sam Lowes : « Eh bien, cette saison ne s’est pas déroulée comme je le voulais, pour plusieurs raisons. Moi, la moto et l’équipe, nous n’avons pas trouvé l’alchimie que nous voulions. Au contraire, je garde un bon souvenir de mon passage en Moto2, car il est impossible pour un pilote de ne pas s’amuser dans cette catégorie, donc je suis vraiment content de revenir courir là, surtout avec KTM qui fait vraiment fort dans la dernière course. J’ai l’opportunité de courir avec l’équipe qui a amené Luthi à se battre pour le titre, et puis j’ai un beau contrat: si je devais gagner le mondial, j’aurais la possibilité de revenir en MotoGP. Pour moi, c’est très important, car je serais alors capable de revenir en catégorie reine et de prouver que je peux piloter une MotoGP ».
Courir avec KTM est une perspective très motivante ?
« Bien sur que oui ! Je pense que KTM aujourd’hui, entre Moto3, Moto2 et MotoGP, fait un travail incroyable. Même dans la catégorie reine, ils font de grands progrès dans les dernières courses, ainsi que le reste en Moto2. Je dirais que pour moi, c’est le meilleur moment pour les rejoindre, et j’en suis fier. »
Parlons de Moto2. Beaucoup pensent que courir avec un moteur unique engendre une mauvaise catégorie et que les motos sont tous les mêmes, ou presque. La saison de Morbidelli semblerait plutôt prouver le contraire. Alors, qu’est-ce qui compte le plus? Pilote, moto ou équipe?
« Ce n’est pas différent des autres catégories. Avoir la meilleure équipe, comme dans le cas de Morbidelli, fait une grande différence. Toutes les meilleures équipes sont capables de donner quelque chose de plus au pilote, et c’est pourquoi il était très important de pouvoir être d’accord avec une équipe comme CarXpert- Interwetten.
Bien sûr, les motos sont très proches. J’ai couru avec Speed Up et j’ai gagné, j’ai couru avec Kalex et je l’ai fait, là aussi, mais de toute façon, aussi bien l’équipe et la moto, que le pilote, comptent. Je pense qu’en Moto2 le pilote est vraiment important, à la fois sur la piste et dans le box. Les motos sont si proches que si le pilote est en mesure de donner un bon feedback, vous pouvez faire une moto un poil plus rapide que dans le box d’à côté, et cela compte beaucoup. Ensuite, bien sûr, l’équipe doit être capable de vous aider, alors c’est aussi important. »
Vous pensez que c’est une bonne formation pour le MotoGP, même s’il n’y a pas d’électronique et que de nombreux aspects sont beaucoup plus simples ?
« Je pense qu’avec le nouveau moteur Triumph, qui devrait nous apporter un peu plus d’électronique, peut-être même avec la gestion du frein moteur, la valeur formative pourrait vraiment augmenter. Cependant, vous apprenez également très bien en Moto2, surtout du point de vue du pilotage, car les motos sont si semblables que vous devez tirer le maximum sans jamais vous tromper. Le moteur est le même, les partie-cycles se ressemblent tellement qu’il est difficile de trouver quelque chose de différent en les regardant. Je veux dire, c’est le pilote qui doit faire la différence, et ce n’est pas mauvais, car vous affrontez de très bons pilotes, à partir desquels vous apprenez toujours à piloter et à faire de la stratégie.
D’un point de vue technique, je pense qu’il est nécessaire de faire un bon pas en avant, car de nos jours le saut entre Moto2 et MotoGP est trop important, il manque quelque chose. Peut-être que ce n’est pas impossible si l’on roule sur une bonne moto, par exemple Zarco, qui a fait une saison incroyable. Entendons-nous, il était déjà un pilote incroyable en Moto2, mais en montant sur une moto déjà au point, la situation est très différente. Mais monter de la Moto2 sur une moto encore en train de se développer, alors le discours change complètement. Vous ne connaissez pas l’électronique, vous ne comprenez pas comment cela affecte le moteur et le châssis. Cela prend du temps, et si l’équipe ne veut pas ou ne peut pas se le permettre, comme c’était mon cas, c’est un désastre.
Avec le moteur Triumph, qui devrait avoir plus ou moins la même puissance, mais plus de couple en bas donnant une bonne poussée en sortie de courbe, cela pourrait améliorer la situation, surtout si, comme vous pouvez le penser, il y aura aussi un composant électronique. Dans les années à venir, je crois que la catégorie fera ainsi un grand pas en avant. Pas tant dans les chronos, car la Moto2 est déjà relativement proche du MotoGP sur certains circuits, où elles perdent seulement trois secondes, ce qui est ridicule compte tenu de la différence de puissance. Mais avec un peu d’expérience, cela pourrait être encore plus efficace en termes de développement, car actuellement, développer une moto de la catégorie reine est pratiquement impossible. »
Si vous remportez le titre et retournez en MotoGP, pensez-vous que vous aurez quand même la chance d’essayer la Moto2 avec le moteur Triumph?
« Probablement. Le règlement Moto2 en ce qui concerne les tests est encore à définir pour 2018, mais il semble certain que KTM et Kalex SpeedUp devraient avoir deux jours pour travailler sur le nouveau châssis avec moteur Triumph. Dans ce cas, je serai l’un des pilotes qui va essayer la KTM, apparemment vers la mi-juin. Mattighofen est très intéressé par mon opinion, car j’ai piloté et gagné avec deux motos de la concurrence. Pour moi, c’est agréable d’entendre que l’usine prend en compte mon opinion, parce que cette année, je ne suis pas sûr que cela soit arrivé très souvent. »
Vous semblez être un pilote très lié à ses partenaires…
« Oui, si je suis bien avec un sponsor technique, je ne vois pas pourquoi je devrais changer. Bering et Shark sont mes partenaires depuis de nombreuses années et ont toujours su très bien me protéger. Et je dois admettre que, cette dernière saison, j’ai plus souvent testé le cuir et le casque que je l’aurais aimé… mais à bien regarder, c’est la confirmation de leur validité, donc, encore une fois, pourquoi devrais-je regarder ailleurs ? »
Crédit photo: Moto.it