Lorsque l’on part de la quinzième position pour un Grand Prix que l’on termine à la quatrième place, on peut être légitimement habité par l’honnête sentiment du travail accompli. Ce parcours a été accompli par Scott Redding et pourtant, le Britannique n’est pas très heureux au moment de faire le bilan de son Grand Prix d’Allemagne où il s’est invité au festin des prétendants à la victoire. Mais au moment de passer au dessert, on lui a retiré les plats. Ce qui laisse évidemment comme un goût d’inachevé.
Après Assen, les pilotes Pramac Ducati ont encore démontré leur dextérité à s’accommoder des conditions de piste humides. On n’oubliera pas que, pendant neuf tours, c’est Danilo Petrucci qui menait la danse, pendant que son équipier remontait le peloton après un départ raté. Le même qui s’est arrêté peu après Iannone pour monter des gommes intermédiaires au moment où la piste s’est mise à sécher. Un timing pas si mauvais puisque Scott s’est retrouvé second en vue de l’arrivée.
Mais tant Crutchlow que Dovizioso n’ont pas voulu lui laisser l’opportunité de profiter d’un second podium de rang après celui conquis à Assen. Il y a d’abord eu l’assaut de son compatriote de chez LCR équipé en slick. Assez viril : « avec Cal nous étions côté à côte dans la ligne droite et au moment de freiner, il n’y avait pas beaucoup d’espace entre nous. Il était en slick, il allait donc l’emporter sur moi ». Le cas Dovizioso, équipé en intermédiaire avant et slick arrière, juste après, a été une surprise : « je ne l’imaginais pas si proche de moi. Il m’a carrément déposé avec sa vitesse de pointe. Je n’ai rien pu faire. Je patinais déjà beaucoup à l’accélération ».
Deux assauts subis qui l’ont poussé hors du podium. Pour 2.135s et 379 millièmes seulement. Rageant certes, mais ces trois dernières années, l’Anglais s’est qualifié deux fois quatorzième et une fois quinzième et comptait une onzième place et un abandon avec de pointer dans ce quatuor de tête. De quoi relativiser car il tient sa revanche sur un Sachsenring qui ne lui convient pas : « j’ai perdu du temps au départ, environ une seconde, puis encore une seconde dans une excursion hors trajectoire lorsque je venais de prendre la moto en intermédiaires. Ce sont des choses qui ont aussi compté. Je suppose que je dois être content et il est vrai que si vous m’aviez dit samedi que je finirais quatrième dimanche, je ne vous aurais jamais cru ».
On notera que Redding ne renie pas le choix des pneus intermédiaires : « ce n’était pas un mauvais choix. Peut-être que j’ai changé trop tôt. Mais si j’avais pris des slicks j’aurais pris plus de temps pour me familiariser avec. J’ai changé lorsqu’il restait onze ou dix tours et je ne pouvais pas communiquer avec le stand. Si tout le monde avait pris des intermédiaires, il n’y aurait pas eu de soucis. Mais Crutchlow et Márquez ont pris des slicks. En ce qui me concerne, je n’ai pas rencontré de difficultés de pneus. Il faut le reconnaître ». Ceux qui avaient pris des slicks dans ces conditions et la rapidité avec laquelle ils se sont adaptés à cette nouvelle monte ont bien été les ingrédients de la victoire au Sachsenring.