Valentin Debise, vous connaissez ?
Présent sur les Grands Prix durant trois années après un titre de Champion de France 125cc, d’abord en 250cc puis en Moto2, il a finalement dû renoncer faute de budget, sans avoir pu y percer. La faute du pilote diront les teams, la faute des teams dira le pilote. Peu importe, finalement, ce sera un retour en Championnat de France, sans aucun moyen.
Un mouvement de solidarité, une Yamaha R6 avec une ligne d’échappement et un boîtier, lui permettent de repartir de zéro avant d’intégrer, un an plus tard, le team Tecmas de Michel Augizeau pour porter les couleurs de Honda France.
Après trois années de Championnat de France FSBK, le désir de voir autre chose, et, là encore, une histoire d’hommes, dont certains n’hésitent pas à mettre un peu d’argent et d’autres un peu de leur savoir, pour tenter l’aventure américaine.
Vous pouvez en consulter les premiers épisodes ici: 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6
C’est avec joie que je vous écris ces quelques lignes; je suis une nouvelle fois dans les transports, mais en camion, aujourd’hui, car je vais à l’atelier du team pour ensuite aller à Barber dès ce week-end !
Une nouvelle fois, j’ai du découvrir cette piste de Road
America, dans le Wisconsin, qui comporte trois grandes lignes
droites dans lesquelles on frôle les 280km/h avec nos petites
600cc !
Le circuit est situé au beau milieu d’une forêt. La pelouse est
tondue à la perfection, les collines délimitant la piste donnent
une atmosphère spéciale. Je n’ai pas eu beaucoup de mal à apprendre
ce tracé. C’est un des plus longs de l’année, on met 2 minutes et
20 secondes pour faire un tour, mais il n’y a pas beaucoup de
virages (14). Ma moto me plaît comme elle est, car on est arrivé à
une bonne base qu’on adapte légèrement en fonction de mes demandes,
ce qui me laisse plus de temps pour me concentrer sur mes
trajectoires et ma façon de piloter.
Je me qualifie en quatrième position, et suis satisfait du résultat. Juste avant le départ de la séance, je vois un gros nuage noir arriver sur nous, je choisi donc de partir avec mon pneu tendre, donc le pneu le plus rapide pour vite faire un bon temps et sécuriser une bonne place avant que le temps ne se gâte. J’attends une roue pour prendre une aspiration (très important sur ce circuit où on peut gagner jusqu’à 1seconde au tour), que je n’ai jamais trouvée. Je décide de m’élancer seul, je me rate, mon tour est moyen, la pluie fait son apparition. Je passe quelques temps au stand, le bitume sèche. Je passe donc un nouveau pneu arrière medium vu qu’il me reste seulement ce choix. Je m’élance sans appréhension et effectue une bonne séries de tours rapides, et je suis très proche des premiers, ce qui est de bonne augure pour la course si j’arrive à m’élancer avec ce pneu medium qui me permettra d’être plus rapide que mes concurrents en fin de course.
Première course, il pleut averse juste avant de départ; ça devient une habitude ! Sur la grille de départ, c’est le stress pour faire le bon choix. Je regarde le radar météo sur le téléphone de mon mécanicien, je choisi les pneus sec/sec malgré la piste trempée. Je prends un bon départ, je double deux pilotes, mais dès le deuxième virage, je sens mon embrayage cirer. Vite, je règle la garde pour laisser mon levier plus libre. Ça continue à cirer, je n’accélère pas à fond pour laisser le temps à l’embrayage de refroidir. J’arrive à faire quelques tours comme ça, mais je me fais déboiter dans tous les sens dans les bout droits. Je fais de mon mieux pour redoubler lors des freinages, mais les pneus sec glissent beaucoup sur la piste mouillée. Elle sèche néanmoins rapidement. Les trajectoires commencent à se dessiner, mon embrayage patine moins, et je décide de faire un tour en accélérant à fond; je fais le meilleur tour en course et recolle au groupe de tête. Puis, en sortant d’un petit gauche, la moto ne veut plus avancer; ça cire de trop, vraiment trop. La course s’arrête là pour moi. Premier résultat blanc de l’année, j’ai les boules!
Deuxième course, cette fois sous un grand
soleil avec un peu de vent de côté dans la ligne droite d’arrivée.
Comme d’habitude, j’ai ma stratégie en tête. Ma moto n’est pas
assez rapide pour doubler avant la ligne droite d’arrivée qui est
600 mètres après le dernier virage, donc très loin. Si je mène la
course, je vais me faire doubler dans les derniers mètres. Je reste
donc en deuxième position toute la course, je laisse le soin de
mener la danse à mon collègue, ce qu’il fait très bien vu les tours
rapides qu’il effectue. Je me concentre pour bien ressortir des
virages avant les lignes droites pour avoir la meilleur aspiration
possible. J’étais tellement près que je ne voyait même plus sa roue
arrière! J’aurais bien aimé vous faire une photo quand on passé à
quelques centimètres du mur, mais je n’avais pas pris mon appareil
avec moi; désolé ! Comme je vous ai dit plus haut, j’ai choisi
le pneu arrière medium. La difficulté était de suivre le rythme en
début de course, parce que je manquais de grip. Après 6 tours, mon
pneu est resté constant en performance, tandis que mes concurrents
qui étaient tous en tendre commençaient à glisser. J’ai quand même
réussi à faire le meilleur tour en course grâce aux aspirations. A
partir de là, j’ai vu que je pouvais faire la différence vers la
fin. S’échapper ? Impossible avec les lignes droites. J’ai
donc pris la même option qu’à VIR qui est de doubler dans le
dernier tour. Vous me direz, c’est bête parce qu’il va me doubler
sur la ligne d’arrivée. Cette fois, j’ai favorisé un dépassement
après la première des trois lignes droite. Après ça, j’ai eu
quelques virages pour creuser l’écart pour qu’il perde mon
aspiration. Il a quand même réussi à se mettre à côté de moi après
la deuxième ligne droite, je l’ai redoublé en le bloquant pour lui
faire perdre sa vitesse. Il me reste maintenant trois virages, je
donne tout ce que je peux, ça glisse beaucoup. Dernier virage, j’ai
deux choix, fermer la porte ou passer normalement pour bien
accélérer et sortir avec de la vitesse. Il sait qu’il a une bonne
moto, donc je me dis qu’il ne me passera pas à l’entrée. J’exagère
mon entré de virage pour pouvoir m’ouvrir la sortie au maximum, ce
qui me permet de sortir avec pas mal de vitesse du virage, je passe
la troisième un peu tôt, la moto se met à bouger, ce qui n’est pas
bon parce que je perds de la vitesse. Je vais de gauche à droite
doucement pour ne pas qu’il attrape mon aspiration, et
cette fois c’est moi qui finit devant, avec 8 millièmes
d’avance ! Incroyable; cette fois ça a
marché !!!
YES, WE GOT IT
Je suis le premier Français à gagner une course de vitesse MotoAmerica !
Cette victoire, c’est ma façon de remercier les personnes qui m’ont aidé à réaliser ce que je fais aujourd’hui; il ne faut pas oublier que seul, je ne ferais rien. Pas besoin de citer des noms, ils se reconnaitront.
Merci à tous
Bises