Tout au long de cette saison, nous vous avons fait vivre les courses de Valentin Debise en MotoAmerica.
Une belle première année qui se conclut par le podium final pour celui qui, il y a quelques mois encore, avait tout à découvrir, des USA en général, au championnat en particulier.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi en détail ses aventures, elles sont visibles ici.
Mais le pilote albigeois a eu une drôle de surprise en se
rendant à une opération de communication organisée par son
team…
Vous êtes bien installé, alors on y va !
Valentin Debise: « C’est une histoire folle que je vais vous raconter aujourd’hui !
J’avais prévu depuis quelques temps de faire un petit tour à Orlando pour l’AIME, qui est l’équivalent du salon de la moto chez nous. En même temps il y avait la remise des prix MotoAmerica (Night of champions), et une journée de pilotage organisée sur le circuit de Daytona. Mon team avait besoin d’instructeurs pour montrer les trajectoires aux pilotes amateurs. Je ne vais pas vous cacher que ma motivation principale, c’était de rouler à Daytona ! Je ne me suis pas fait prier longtemps…
Première journée au salon. J’ai passé ma journée avec mon boss et leurs agents à discuter et rencontrer les partenaires du team. C’était vraiment fun ! Il y a un vrai intérêt des marques pour investir de l’argent dans la complétion. Il y a une compréhension entre pilotes, teams et investisseurs qui est fabuleuse.
Le lendemain, je me rends donc à Daytona pour la journée
organisée par mon team pour remercier les sponsors, et pour que les
fans du team partagent un moment avec les pilotes. Il y a très peu
de journées de roulage organisées sur ce circuit; je crois,
seulement trois par an ! J’arrive sur le circuit et je vois
toute mon équipe au grand complet. Je me demande ce qu’ils font
tous là… Surprise, « demain il y a une course, et tu y roules…
Ah! Dunlop veut également te faire essayer des pneus
pour les 200 miles de l’année prochaine »
Ah cooooool ! Ils ont trouvé amusant de me faire la surprise
pour me remercier de ma saison. Ma journée allait être chargée !
J’ai jonglé entre l’école de pilotage où je montrais les
trajectoires, et les séances de roulage où je devais apprendre ce
fameux Banking ainsi que régler ma moto pour essayer des pneus le
lendemain, quand j’aurais un bon rythme.
Les premiers tours sur le circuit se sont passés plutôt doucement, vu que je commençais par montrer des trajectoires que je ne connaissais pas vraiment…. Je vais doucement pour que les élèves soient capables de me suivre. Au bout de deux tours, un élève tombe derrière moi. Je ne me sens pas bien pour lui. En rentrant, je le vois arriver avec sa petite moto, la combinaison arrachée. A ce moment-là, je ne suis pas très confiant ! Il vient me voir, me salue et me remercie de lui avoir montré les trajectoires, et il est même super heureux d’avoir pu apprendre derrière moi Ouuuf ! Je suis soulagé, on ne sait jamais comment les Américains peuvent réagir. Finalement, on a refait des séances ensemble, et il a même fini par acheter une moto de mon équipe !
Mes premiers tours seul étaient assez déroutants. L’intérieur
du circuit, comment dire…
Il n’y a strictement pas de grip. C’est bosselé avec des trous
partout, les raccords de bitumes se battent entre eux, un vrai
désastre ! Les pneus spéciaux Daytona sont extrêmement durs,
plus durs que tout ce qui existe. Au début, j’étais à 6 secondes
des chronos, et à la limite. Le banking, c’est quelque chose de
très spécial (inclinaison à 31°). A la télé, c’est
impressionnant, mais en vrai c’est pire, vraiment pire que tout ce
que vous imaginez. Mon coéquipier essayait de me mettre la pression
par rapport à ça, mais je lui ai dit que dès le premier tour, je
passerais à fond dans les deux bankings. Pari tenu ! Le plus dur
pour moi, c’était de rester dans la bulle sans sortir le genou
intérieur pour aider à faire tourner la moto. Une fois cette étape
passée, il faut trouver la bonne trajectoire; à quel moment il faut
aller haut, à quel moment il faut descendre, etc. C’est très
technique. Si on reste trop bas longtemps, les pneus vont se
dégrader plus vite à cause du bitume qui est moins abîmé sur le
bas. Si on reste trop haut, on va faire trop de trajet, mais quand
quelqu’un nous suit, il est moins évident de se faire prendre
l’aspiration. Un vrai casse-tête ! Pour prendre une bonne
aspiration, vu que ça reste un virage, il faut être légèrement en
décalé sur la droite (le banking tourne à gauche). Ce que j’ai
fait, c’est qu’une fois que j’ai commencé à bien maîtriser ma moto,
que j’arrivais à être bien positionné aérodynamiquement et que je
me plaçais là où je voulais, j’ai essayé toutes les trajectoires
possibles pour me faire ma propre expérience et comprendre ce qu’il
fallait faire. Le plus dur, c’est de rouler prêt du mur tout en
haut. Quand on est à 298 km/h, l’arrière glisse, tellement il y a
de la contrainte sur les pneus. La moto dérive légèrement, on est à
seulement quelques centimètres du mur, et on voit le vide sur notre
gauche. Pour couronner le tout, on ne voit quasiment pas là où on
va, parce que le virage tourne à 90°. C’est un truc de malade, mais
c’est trop bien !
L’étape suivante, c’était de rouler avec d’autres 600cc pour jouer
au jeu des aspirations dans le Banking. Le plus dur pour doubler
les autres, c’est que vu la vitesse, il faut prendre une décision à
l’avance, et non choisir son option au dernier moment. La moto est
lourde, et ça rend le changement de direction difficile. Il y
a une certaine inertie.
Après quelques séances, je me familiarise avec la piste. Je commence à prendre du plaisir. C’est tellement différent de tout ce que j’ai connu jusque là que ça m’amuse. J’ai l’impression de conduire une 1000cc avec des pneus en fin de vie, sauf que j’ai une petite 600cc. C’est intéressant comme sensation.
Le lendemain, j’ai quatre séances d’essais et ma course…
A suivre….