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David Da Costa

Lors des essais privés organisés par Johann Zarco à Carthagène, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec de nombreux pilotes dans un cadre moins informel que celui des courses qu’ils disputent durant leur tournée habituelle. Après Johann Zarco, Barry Baltus et Lucas Mahias, notre série d’interviews se poursuit avec celle de David Da Costa.

Pilote de l’équipe de France en European Talent Cup (ETC) lors de la saison 2024, Da Costa fait partie des deux Français sélectionnés pour participer à la Red Bull Rookies Cup en 2025. Une catégorie tremplin pour de nombreux pilotes qui rêvent de Grands Prix, mais qui se présente aussi parfois comme un frein à la carrière de certains.

Au cours de nos échanges, David nous détaille donc son approche, et ses ambitions pour ce nouveau défi. Lui qui, à 16 ans, prendra le pari de s’infliger un double programme de compétition pour la prochaine campagne.


Bonjour David Da Costa. Comment pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
« Je suis David Da Costa, j’ai 16 ans. J’ai participé au Junior GP, en catégorie European Talent Cup en 2024, avec le Team BRS. Brochan Racing School. Ensuite, en fin d’année, j’ai fait les sélections pour la Red Bull Rookies Cup, pour 2025, et j’ai été sélectionné dans les huit derniers parmi 120 participants. Donc l’an prochain, je continuerai en ETC, je ne sais pas encore avec quel team, tout en participant à la Red Bull Rookies Cup. Dès 6 ans, j’allais à un loisir toutes les semaines avec la 50 cross KTM que j’avais reçu de mon père. J’y allais tous les samedis pendant deux heures, de dix heures à midi. C’est là que j’ai rencontré Baptiste Guittet, qui est encore mon coach actuel. Ça fait 10 ans du coup qu’on se connaît. Donc, de six à neuf ans, j’ai fait du cross en loisir. Un jour, lors d’un roulage qu’ils organisaient, Baptiste a vu que j’avais un potentiel dans ce domaine-là. Il m’a pris sous son aile, lui qui faisait les championnats du monde d’Endurance. Donc c’est parti de là. »

Tu n’as que 16 ans, mais ton parcours a déjà été marqué par une blessure importante…
« Oui, après ça, on a acheté une 125cc en 2020. C’est là que j’ai subi une lourde blessure au genou, qui m’a écartée pendant 1 an et demi. Je me suis fait les ligaments croisés plus une fissure du ménisque. Ce n’est pas rien, surtout à 10 ans. C’était une bonne déception, mais on n’a rien lâché, et on a continué les entraînements avec Baptiste un an et demi plus tard. Ensuite, on s’est inscrit en 125 Promosport, et je termine vice-champion. »

C’est là que tu t’es révélé.
« Après une année assez compliquée en FSBK 300. J’ai subi 8 pannes sur 14 courses, mais je décroche une place, en fin d’année à Portimao, en même temps que le mondial. Les motos étaient meilleures, et j’ai pu montrer mon vrai potentiel, face à tous les pilotes du monde qui roulent avec ces motos-là. J’ai terminé premier aux essais, deuxième en qualifications, premier à la première course, et lors de la seconde course, je suis tombé dans le dernier tour, au dernier virage, alors que j’étais premier. Pour moi, si je suis tombé ce jour-là, c’est un signe. C’est que ce n’était pas la catégorie qu’il me fallait. Donc je me suis dit que pour aller en Grand Prix, il faut de toute façon rouler avec des OGP, et pourquoi pas me lancer là-dedans. J’avais déjà reçu une proposition en 2022, que j’avais refusée pour faire du 300. »

David Da Costa à Carthagène

Après ça, tu as fait tes débuts en ETC en 2024. La saison ne fut pas de tout repos, quel bilan tu en tires ?
« [C’était une saison] compliquée. Je n’ai pas obtenu les résultats que j’espérais. Ça avait pourtant bien commencé, avec de bonnes qualifications, et de bons résultats. J’étais dans les points dès le début pour ma première année, c’était pas mal. Après, c’est parti en dégringolade, avec des problèmes mécaniques, une blessure, et un retour compliqué, parce que les autres progressent quand tu es absent. Ils continuent à s’entraîner pendant que tu stagnes au même niveau en étant blessé. Ensuite, j’ai bien récupéré physiquement pour Aragon, mais j’ai trop précipité les choses, et j’ai chuté à trois reprises. Ensuite, à Estoril, une pièce jugée non conforme par les techniciens de la FIM m’a empêché de me qualifier. »

L’an prochain, tu relèves encore un nouveau défi, tu n’appréhendes pas le fait de disputer un deux championnats en même temps ?
« C’est sûr que ça fait déjà un budget en plus à trouver. Il y a aussi plus de week-ends de compétition. On passe de sept à quatorze rendez-vous, sans compter les entraînements qu’il y a derrière. Dans une année, ça fait beaucoup, ça devient sérieux, on verra ce que ça donne. »

C’était plus de la malchance ou des erreurs personnelles ?
« Ce sont des erreurs dont je tire des leçons. Je savais que cette première année serait une année de découverte, et que je n’allais pas forcément jouer grand-chose. Mais voilà, je prends en compte ces erreurs, et je sais que l’année prochaine, je n’aurai pas le droit de les faire, et que je devrai m’en tirer mieux. On va dire qu’il reste des choses à aller chercher, que je n’ai pas réussi à concrétiser lors des week-ends de course. Je dois encore le montrer en 2025. »

Avec la Rookies Cup, tu découvriras un deuxième championnat en deux ans, quelles sont tes attentes ?
« Pareil, ce sera un championnat que je découvre, avec des motos que je découvre, donc on verra comment ça se passe. »

David Da Costa

David Da Costa avec l’équipe de France à Carthagène

Il faut rappeler que tu es membre de l’équipe de France en ETC. Tu te souviens où et comment tu as été repéré ?
« Je ne sais pas vraiment, je dirais dit peut-être que lorsque j’ai été champion de France en 2023, ça a eu un impact. Mais il y a eu des décisions, avec d’autres pilotes qui avaient un gros potentiel, qui ont fait que je n’ai pas pu être pris. Ça a dû commencer là. Ensuite, même si je n’ai pas pu vraiment concrétiser en ETC cette année, j’ai fait deux ou trois belles choses qui ont pu prouver que j’avais un potentiel. La Red Bull Rookies Cup, ça a dû jouer aussi. »

Qu’est-ce que la fédération t’apporte en tant que pilote ?
« Déjà, Alexis Masbou qui nous accompagne sur tous les circuits, en bord de piste, et qui nous donne des conseils en plus. Ça me permet de me comparer par rapport aux autres qui roulent dans notre championnat. Ça apporte aussi des entraînements en plus. Que ce soit en ‘flat track’, comme au Rocco Ranch, avec des petites motos, ou en NSF. On travaille avec différentes motos, et c’est bien pour l’avenir. C’est bien de ne pas toujours travailler avec les mêmes motos. De changer un peu de domaine. Dans les préparations physiques, on est aussi encadrés. En décembre, on a passé quatre jours à Vichy avec tous les membres de l’équipe de France, toute catégorie confondue. »

C’est certainement un plus d’évoluer avec d’autres jeunes pilotes qui rêvent grand… 
« On fait de nouvelles rencontres, c’est toujours sympa. On peut discuter de notre passion, parce qu’on est tous passionnés de moto. C’est assez sympa, et en-dehors de ça, on a fait pas mal de physique, d’escalade, de bains froids. Des choses qu’on n’a pas forcément l’habitude de faire, qu’on découvre. Par exemple, le bain froid, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait, mais que j’ai adoré. Maintenant, je continue dans mon quotidien. »

Des journées de roulage comme celles-ci, c’est important pour ton entraînement personnel ?
« C’est sûr, il y a des pilotes de haut niveau. Ils nous donnent des conseils, il y a beaucoup d’entraide entre nous. Ils regardent comment on roule, et nous apprennent à améliorer nos trajectoires, nos freinages, etc. Tout ce qu’il faut pour avoir un meilleur ressenti sur la moto. Moi par exemple, c’est la première fois que je roule avec une 600. Une 600 Kawasaki que le pôle mécanique me prête. Je leur passe un petit message pour les remercier de me prêter la moto. Johann, je ne le connaissais pas vraiment il y a encore deux mois. À ce moment-là, je m’entraînais en Enduro. J’ai reçu un appel de Seb Moreno, qui m’invitait à rouler ici. Comme premier rapport avec Johann, ça s’est très bien passé. C’est toujours un plus de savoir qu’un pilote de MotoGP tente de te faire progresser. »