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Monza 1973, une date noire dans l’histoire des Grands Prix motos. Lors de la course des 250cc, deux pilotes périrent, notamment Jarno Saarinen, l’un des plus grands talents que nous ayons vu évoluer. L’image presque mythique du champion finlandais éclipsa quelque peu l’autre infortuné, Renzo Pasolini. Ensemble, revenons sur la carrière de ce champion sans couronne.

Renzo, né à Rimini, s’intéresse à la moto dès son plus jeune âge. Né en 1938, c’est son père qui lui inculque la passion, qui s’exprime d’abord sur des motocross. Il débute sa carrière sur terre à la vingtaine passée, et déjà, on remarque son profil atypique, très porté sur la fête. Comme de nombreux autres pilotes, il fume, ce qui ne l’empêche pas de performer. Puis, il décide de se tourner vers la piste au guidon d’une Aermacchi. En 1964, après son service militaire, il court pour la première fois en championnat du monde à l’occasion du Grand Prix des Nations, à Monza.

Désormais bien installé au niveau national, « Paso » est l’un des prétendants au titre en championnat italien. En 1965, il échoue à la seconde place du classement 250cc, et troisième en 350cc, notamment battu par Giacomo Agostini. Les deux s’étaient déjà rencontrés par le passé. Une rivalité est en train de naître. Il pilotait des Aermacchi sur les quelques manches du mondial qu’il disputait, mais était habitué aux Benelli en Italie. En 1966, il se montre enfin performant en 250cc comme en 350cc, catégorie dans laquelle il termine 3e au niveau mondial.

 

Agostini devant Pasolini, à Assen en 1970. Photo : ANEFO


Renzo passe chez Benelli à plein temps à partir de 1967. Il ne démérite pas face à la rude concurrence, mais n’est pas non plus parmi l’élite. Tout s’emballe en 1968. Cette fois, il est dans le coup, que ce soit en 250cc, 350cc et même 500cc, avec une 2e place au Grand Prix des Nations. Il est vice-champion du monde 350cc, mais bien loin d’un Giacomo Agostini impérial sur MV Agusta. Pas de regrets. La véritable chance de sacre se trouve assurément en 250cc, que le « Roi » ne dispute pas. Attention, la grille n’était pas dénuée de talent pour autant.

Les Benelli étaient à l’aise en quart de litre, et le style de pilotage très engagé de Pasolini convenait plutôt bien à la cylindrée. Dès lors, il se concentre uniquement sur cette classe. Malheureusement, une vilaine blessure engendrée dès le Grand Prix d’Allemagne, deuxième manche de la saison, lui contraint de laisser le guidon à Kelvin Carruthers. Une fois la clavicule remise, Renzo revient bien motivé, mais il y a le feu : Carruthers s’était imposé en son absence. L’Italien gagne à Assen, profitant de la panne de Rodney Gould, puis triomphe de nouveau au Sachsenring, avec la manière. En Tchécoslovaquie, « Paso » remet ça : Il est inarrêtable. Carruthers se tient à bonne distance, il n’est pas prêt de laisser passer une opportunité comme celle-ci.

La bataille pour le titre est intense, avec un Santiago Herrero en feu, sans oublier le Britannique Rod Gould et le Suédois Kent Andersson. Mais Pasolini commet une erreu, il chute en Finlande alors qu’il devait scorer pour survivre. Pire encore, sur le terrible circuit d’Imatra, il est de nouveau blessé. Les espoirs de titre s’amenuisent. Son absence au GP des nations scelle son sort, il ne peut plus être titré. Il doit voir son remplaçant Kel Carruthers soulever le trophée après un dénouement de fou à Preluk, en Yougoslavie, où quatre pilotes pouvaient prétendre à la couronne. Malgré trois succès, Paso est 4e du général.

 

Rimini, 1970.


Passé en 350cc toujours pour Benelli, Pasolini est loin d’être ridicule mais est de nouveau devancé par l’Australien, et bien sûr, l’éternel Agostini. Cette saison plutôt décevante le pousse à signer chez Aermacchi, désormais en lice avec Harley-Davidson. Pendant toute l’année 1971, il développe le produit de l’étonnant mélange italo-américain, pour mieux revenir en 1972. En 250cc comme en 350cc, les machines sont dans le coup. Dans cette dernière catégorie, Agostini est intouchable. En quart de litre, il arrive à titiller Jarno Saarinen, nouvel extra-terrestre du mondial. Les deux gagnent à tour de rôle mais finalement, une casse moteur en Finlande laisse la voie libre à Saarinen, qui remporte son seul et unique titre mondial devant son public. La victoire de Paso en Espagne, une manche plus tard, réduit l’écart à seulement un point mais peu importe, il est de nouveau battu.

Et enfin, vient 1973. Alors que Aermacchi devient Harley-Davidson, Renzo est déjà troisième en France, pour le Grand Prix d’ouverture. Pendant que le championnat bat son plein, l’équipe est restée en Italie pour mettre au point un moteur à refroidissement liquide, qui doit faire ses débuts à Monza. Hélas, l’essai n’est que de courte durée. Dans le premier virage, Curva Grande, Pasolini se rate mystérieusement puis est touché par Saarinen, troisième. Son Harley rebondit sur les rails, retombe sur Jarno et s’ensuit un immense carambolage impliquant une dizaine de pilotes. Saarinen et Pasolini sont les deux seuls tués sur le coup.

Les circonstances de l’accident sont longtemps restées floues, mais nous sommes revenus sur ce triste épisode en détail dans l’article dédié à Saarinen, que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase en surbrillance. La mort de Pasolini, au même titre que son rival finlandais, laisse un vide. À 34 ans, il avait réussi à s’imposer comme l’un des meilleurs pilotes 250cc de la période. En 1986, Ducati sort la « Paso », en hommage au sacrifié de Monza.

Connaissiez-vous ce pilote et son destin tragique ? Dites-le nous en commentaires !

 

Pasolini en 250cc, ici à Assen en 1969. Notez son casque et son masque, contrairement à beaucoup d’autres qui optaient pour les intégraux, plus sûrs. Photo : ANEFO

Photo de couverture : ANEFO