Depuis 2021, un circuit historique a disparu du
calendrier : Brno. Les Tchèques n’ont pu assumer le
resurfaçage de l’asphalte requis par DORNA. Pourtant, il s’agit là
d’un tracé magnifique, doublé d’un passé tout aussi prestigieux.
Ensemble, revenons sur la glorieuse histoire du Grand Prix
de Tchéquie.
Fait particulièrement rare, ce Grand Prix s’est toujours déroulé au
même endroit, en 76 ans d’existence… Ou presque. En effet,
la toute première édition s’est tenue à Prague en 1947,
soit deux ans avant la création du championnat du monde de la
FIM ; le Britannique Ted Frost s’y était imposé en 500cc. On
se dirigea du côté de Brno pour la deuxième édition, et ce,
jusqu’en 2020. Une telle longévité pour une seule localité
n’est pas fréquente à l’échelle des sports mécaniques.
Cependant, le tracé était bien différent en 1950, quand des pilotes
motos le foulèrent pour la première fois dans le cadre du Grand
Prix de Tchécoslovaquie. À l’époque, il mesure près de 18 km,
composé de routes sillonnant la Moravie-du-Sud. Le
circuit de Masaryk porte déjà son nom actuel, d’après le premier
président Tchécoslovaque Tomáš Masaryk. Brno n’est
que le nom de la ville la plus proche, à savoir la deuxième plus
grande du pays après la capitale.
Le tracé avait été créé en 1930, et raccourci
depuis. Cependant, le mondial n’y passait pas encore. Ainsi,
jusqu’en 1964, l’épreuve ne comptait pas pour le championnat, ce
qui permettait à des locaux de briller. František
Šťastný, en particulier, devint le héros de la période,
avec une dizaine de victoires dans différentes catégories. Masaryk
restait très respecté, et il n’était pas rare d’y apercevoir de
grands pilotes. On retrouvait par exemple Jim
Redman,
Ernst Degner, Gary Hocking ou
Luigi Taveri au départ de ces courses
rustiques.
Devant la popularité croissante du sport moto en Tchécoslovaquie, l’événement fut accueilli par le championnat du monde en 1965, mais cela n’alla pas sans une modification du circuit. On restait sur route ouverte, mais le tracé était de nouveau raccourci. Dès lors, les natifs du pays furent éclipsés par les stars mondiales ; Mike Hailwood fut le premier vainqueur du GP dans le cadre du mondial.
En 1974, on amputa encore une partie du circuit, dont la
longueur fut portée à 11 km. Cette configuration profita aux
français, qui, soit dit en passant, ont toujours performé à Brno.
Michel Rougerie s’imposa en 250cc lors de la
saison 1975, au guidon de sa Harley Davidson. En
1979 et 1980, c’est Guy Bertin qui prit le
meilleur de ses adversaires en 125cc, alors qu’il pilotait une
Motobécane bien française elle aussi.
Les circuits routiers n’avaient plus la cote au début des années
1980. Ainsi, Brno fut délaissé par le mondial quelques années
durant, le temps de construire un tracé fermé. Pour l’anecdote, le
Grand Prix ne s’arrêta pas pour autant et un autre français,
Paul Bordes, s’y imposa en 1985. La FIM annonça le
retour de Brno pour 1987, dans la configuration que nous
connaissons actuellement.
Après avoir évoqué les débuts de la moto à Brno, nous nous
retrouverons demain, même heure, pour parler des années plus
récentes et surtout, du circuit en vigueur.
Photo de couverture : dendrofil