La Finlande est un grand pays de sports
mécaniques. Bien sûr, les fennoscandiens (ce ne
sont pas des scandinaves) sont plus connus pour leurs
exploits sur terre, sur deux ou quatre roues. En Grand Prix motos,
le pays ne compte qu’un seul titre de champion du monde, soit moins
que la Rhodésie (le Zimbabwe depuis 1979),
l’Afrique du Sud, et autant que
Saint-Marin ou la
Nouvelle-Zélande, des nations qu’on a tendance à
oublier. Ensemble, revenons sur les pilotes finlandais qui ont
marqué l’histoire du championnat, même s’ils sont finalement peu
nombreux.
I)
Jarno Saarinen
Nous n’allons pas faire trop long sur le génie de
Turku. Tout a été dit à son sujet. Le bonhomme a
révolutionné le pilotage au début des années 1970, et reste, à ce
jour, l’unique champion du monde finlandais grâce à son sacre en
250cc de 1972. Outre ce titre mondial acquis pour Yamaha, Jarno
débutait sa carrière de la plus belle des manières, en accrochant
même le grand Giacomo Agostini en 350cc lors de
quelques courses.
Alors qu’il débutait la saison 1973 en trombe sur ses Yamaha, avec
trois victoires consécutives en 250cc et deux de rang en 500cc,
catégorie qu’il découvrait, un terrible accident à Monza le
faucha dans son élan. La mort de Saarinen, comme celle de
Pasolini le même jour, marqua à jamais l’histoire
des Grands Prix, et des sports en général. Encore à l’heure
actuelle, Jarno demeure la macabre référence lorsqu’un jeune loup
subit de plein fouet la dure loi du sport moto. Nous avons dédié un
article complet à sa légende, que
nous vous invitons à lire en cliquant sur cette phrase en
surbrillance.
II)
Teuvo Länsivuori
« Tepi » fait incontestablement partie des
oubliés de l’histoire. Il s’agit sans conteste du deuxième
meilleur pilote finlandais de tous les temps. En 1973, année de la
mort de Saarinen, il termine deuxième du championnat 250cc derrière
Dieter Braun, et deuxième aussi en 350cc derrière
Agostini. Passé en 500cc dès 1974, il est tout de suite performant
et remporte ses premières courses en catégorie reine. Puis, il
entame une nouvelle aventure au guidon des Suzuki, si performantes
à la fin de la décennie. Sur la RG500
du Life Racing Team, il échoue à la deuxième place du championnat
derrière Barry Sheene en ‘76.
Pour lui aussi, nous avons réalisé un article en hommage à sa
carrière, que vous pouvez retrouver ici même.
III) Mika Kallio
Certes, beaucoup ont le Kallio de ces 10 dernières années en tête,
soit le pilote d’essai KTM, ou peut-être, chez
MarcVDS en Moto2 aux côtés de Tito Rabat. Mais les
plus… sages d’entre vous n’ont pas oublié ses années 125cc, où il
était si performant. Mika a fait son arrivée en Grands Prix en
2001, et jouit d’une longévité dont peu, dans l’histoire, peuvent
se targuer. Lié à Aki Ajo, autre grande figure du
sport finlandais, Kallio excellait sur les KTM officielles dans la
plus petite des catégories. En 2005, il perdit le titre pour un
rien face à Thomas Lüthi, et se serait peut-être
imposé si ce n’était pour des consignes de course non respectées
par
Gábor Talmácsi au Qatar. Il fut de nouveau battu,
cette fois plus largement, par Álvaro Bautista en
2006. Après avoir réussi le passage en 250cc, il monta en MotoGP
chez Pramac et remplaça même Casey Stoner chez
Ducati le temps de trois Grands Prix.
Devant l’absence d’opportunités et le manque de résultat, il
redescendit en Moto2, et contrairement à bien d’autres, performa de
nouveau. Il gagna à Brno en 2013, et termina vice-champion en 2014
derrière Tito Rabat chez MarcVDS. Mika, avec son
numéro original « -36° », accepta le
rôle de pilote d’essai chez KTM en 2016, et effectua régulièrement
quelques piges jusqu’en 2020 avant d’être remplacé par Dani
Pedrosa. Il reste toujours, à 40 ans, dans les petits papiers de la
firme de Mattighofen même si l’on ne le voit plus en mondial.
IV) Taru Rinne
Fait rare, nous allons parler d’une femme. Taru
Rinne n’est autre que la première à marquer des points en
championnat du monde et pourtant, son destin aurait pu être bien
différent. Lorsqu’elle débuta le karting à la fin des années 1970,
tout le monde décela un talent incroyable. En 1980, elle termina
deuxième du championnat national en catégorie 85cc derrière
Mika Salo, et devant Mika
Häkkinen, double champion du monde de Formule 1 à la fin
des années 1990. D’ailleurs, elle s’accrocha de nombreuses années
avec « le Finlandais volant », mais une
tricherie liée à l’essence révélée à la fin de l’année 1983
entraîna une suspension d’un an, qui mit fin à sa carrière
prometteuse en monoplace.
Ainsi, elle s’intéressa à la moto, et s’engagea en tant que
wild-ard à Brno en 1987, catégorie 125cc. C’est sur Honda, en 1988,
qu’elle écrivit l’histoire au Paul Ricard, en allant chercher ses
premiers points en mondial. Elle réitéra en 1989, avec une 7e place
à Hockenheim, son meilleur résultat. Malheureusement, un
grave accident intervenu au Castellet mit indirectement fin à sa
carrière.
V) Niklas Ajo
Le fils d’Aki a une carrière sympathique, sans aller tutoyer les
pilotes évoqués précédemment. De 2011 à 2015, il courut
honorablement en catégorie 125cc puis Moto3, sans grand succès,
si ce n’est ce sauvetage absolument dingue à Assen en 2015,
où on le vit passer la ligne genoux par terre, à côté de sa
moto ! Certes, c’est un peu triste de résumer son
palmarès à cette anecdote mais l’image est simplement trop
incroyable pour ne pas l’évoquer. Niklas arrêta sa carrière à 21
ans et rejoignit la structure de son père.
Mentions honorables
Bien sûr, nous aurions pu évoquer Niki Tuuli,
vainqueur de deux courses en MotoE, mais aussi en championnat du
monde Supersport. Martti Pesonen est une autre
mention honorable, lui qui termina 5e du championnat 350cc 1970.
Enfin, terminons avec Patrik Pulkkinen, pilote
Peugeot MC Saxoprint en Moto3 lors de la saison 2017.
Les connaissiez-vous tous ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Hietanen, V,K.