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Quel est le point commun entre Johann Zarco, Jorge Martín, Enea Bastianini et Pedro Acosta ? Tous sont passés par la Red Bull Rookies Cup, la fameuse formule de promotion réservée aux jeunes talents. Ici, tout le monde à la même moto et les mêmes chances. Il s’agit par conséquent de l’une des académies les plus fertiles. Depuis 2007, ce championnat a vu éclore de nombreux grands noms. Pourtant, à un très jeune âge, il est parfois difficile de confirmer d’aussi grandes attentes. Ensemble, revenons sur les oubliés passés par les rangs de cette école de la performance. Il ne s’agit pas de les dénigrer, bien au contraire ; Cette saga vise à mettre la lumière sur eux, mais aussi à illustrer la difficulté du niveau mondial. Gardons à l’esprit que les noms cités précédemment sont des exceptions, et que la majorité des adolescents prometteurs se heurtent à des difficultés parfois extra-sportives.

Cet épisode fait suite à celui d’hier, que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase en surbrillance.

I) Arthur Sissis

Vous avez peut-être de bons souvenirs de l’Australien, et la lecture de son nom vient sans doute de vous procurer un flash de nostalgie. Après avoir débuté sa carrière en motocross et en speedway, il s’essaye à l’asphalte comme beaucoup de ses compatriotes. À 15 ans, le voilà inscrit en Red Bull Rookies Cup, prêt à prouver son talent sur le continent européen. Lors de l’édition 2010, il apprend, et n’est pas ridicule face à la féroce opposition. En 2011, c’est le déclic. Il s’impose à Jerez, au Portugal, à Assen et sur le Mugello. Pilote le plus rapide cette année-là, un weekend catastrophique au Sachsenring lui coûte le titre, promis à Lorenzo Baldassarri.

Contrairement à tous les pilotes étudiés précédemment, Arthur se voir offrir une réelle opportunité en championnat Moto3, pour 2012. Il est engagé par KTM Ajo aux côtés de Sandro Cortese et Danny Kent. Arriver dans une telle structure met la pression, et malheureusement, Sissis peine à exister face à ses coéquipiers. Discret toute l’année, il réalise un exploit en Australie, sur ses terres, avec une magnifique 3e place. Sur la ligne, il bat Álex Rins, Kent et Romano Fenati. Un souvenir impérissable.

 

Extatique sur le podium en Australie, derrière Sandro Cortese et Miguel Oliveira. Photo : Box Repsol


Malheureusement, il s’agit de son seul fait d’arme en carrière. L’année 2013 est encore plus compliquée, et cette fois, pas de miracle en vue. L’équipe officielle Mahindra le recrute en 2014, mais il ne finit même pas l’année. En décembre, il choisit de retourner sur les ovales de speedway, son premier amour. Tout va si vite.

II) Stefano Manzi

Lui n’a pas vraiment disparu, puisqu’il a encore foulé les pistes du mondial Moto2 l’an passé. Mais sa carrière n’a rien à voir avec ce qu’il avait montré en Rookies Cup. Nous parlons ici de l’un des plus grands talents de sa génération, tout du moins, au stade d’adolescent. Il rejoint la formule de promotion en 2012, âgé de 13 ans seulement et déjà, monte sur le podium à deux reprises. L’année suivante, il est troisième du championnat derrière Karel Hanika et Jorge Martín, excusez du peu. Il rempile pour une troisième saison et fait rare, conserve sa troisième place, avec huit podiums dont une victoire en quatorze départs. Absolument fou. Derrière lui, Darryn Binder, mais aussi Fabio Di Giannantonio ou encore Toprak Razgatlioğlu.

Quand il est recruté par le team San Carlo Italia en 2015, tout le monde attend le prochain crack. Mais Stefano n’arrive pas à s’acclimater au niveau mondial, tout comme à sa Mahindra. Il décide de signer en Moto2 pour 2017, après une saison et demie seulement passée en Moto3, une décision un peu hâtive. Manzi n’a que 18 ans, mais la formation Sky VR46 croît en lui. Il s’agit de l’une des meilleures équipes du moment. Pourtant, c’est la Bérézina. Quatre entrées dans les points en 18 courses, et huit abandons. Dès lors, il s’engage avec Forward, d’abord au guidon d’une Suter puis d’une MV Agusta, mais sans succès. Pons, via sa prestigieuse structure Flexbox HP40, veut faire renaître le phénix en lui en 2021, mais rien n’y fait.

Quelques piges en 2022 pour Yamaha VR46 Master Camp, et voilà l’aventure de Manzi en mondial déjà terminée, à seulement 24 ans. Dans le même temps, il réalise des résultats corrects en championnat du monde Supersport et s’impose même au Portugal. Il s’engage avec Ten Kate Yamaha pour 2023, et l’on espère que tout se passera pour le mieux. Peut-être effectuera-t-il un retour au plus haut niveau dans les années à venir ?

 

Stefano Manzi à Austin en 2018. Photo : John Feinberg


III) Florian Alt

Pour finir, évoquons le cas de ce pilote Allemand autrefois très prometteur. Il est l’exemple parfait que quelques weekends ratés peuvent conditionner une carrière. Il ne paye pas de mine quand il fait ses premiers tours de roue en Rookies Cup, lors de la saison 2010. C’est en 2011 que son plein potentiel se révèle, sa vitesse parle pour lui et lui permet de remporter l’ultime manche à Misano. En 2012, il déjoue les pronostics et se met à enchaîner les victoires jusqu’à largement s’imposer au général.

Kiefer Racing le repère, et lui offre un guidon Moto3 pour la saison 2013. Les premières courses se passent mal : trois abandons consécutifs, mais le dernier est plus grave que les autres. Une blessure le contraint à manquer deux manches, tout ce qu’un jeune en plein apprentissage ne peut pas se permettre. En résulte de nouvelles contre-performances, puis des blessures, et ainsi de suite. Au final, Florian n’est jamais entré dans les points en Moto3, et quitta le championnat fin 2014.

Par la suite, il se concentra principalement sur le championnat Superbike allemand, l’IDM, où il finit trois fois deuxième en 2016, 2017 et 2021. Aussi engagé en endurance, il a remporté le Bol d’Or 2022 avec Erwan Nigon et Steven Odendaal. Un magnifique accomplissement à l’occasion du centenaire de l’épreuve, qui laisse présager d’autres belles histoires par la suite.

Gardiez-vous un souvenir de ces pilotes ? Dites-le nous en commentaires et rendez-vous demain, même heure, pour la dernière partie de cette rétrospective.

Photo de couverture : Stefen Possdorf

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