En sports motos, les paires de frères ne sont pas si
rares. Dominique et Christian Sarron, Marc et Álex Márquez, Pol et
Aleix Espargaró, ou encore, pour les plus passionnés d’entre vous,
Yonny et Santiago Hernández. En revanche, voir trois
frangins est beaucoup moins fréquent, pour ne pas dire
exceptionnel. Ensemble, penchons-nous sur l’une de
ces fratries : les Aoki.
I) Nobuatsu, le plus expérimenté
Né en 1971, il est le plus âgé des trois, mais aussi celui qui a la
plus longue carrière. Il fait sa première apparition en Grands Prix
à l’occasion de la manche japonaise en 1990. Il n’est pas ridicule
en tant que wildcard, mais doit attendre 1993 pour se voir offrir
un guidon à temps complet en 250cc, chez Kanemoto –
Honda – excusez du peu. Au sein de la formation nippone,
il décroche sa première victoire au bout de la deuxième course
seulement, en Australie. Alors qu’il est très prometteur, il s’agit
là de son seul succès en carrière. Mais rassurez-vous, il a encore
de belles années devant lui.
Dans le ventre mou du peloton, il réussit à décrocher un guidon en
500cc pour la saison 1997, chez Rheos – Elf Honda.
Contre toute attente, le rookie se révèle en catégorie reine, et
inscrit plusieurs podiums. Sa régularité exemplaire (toujours dans
le top cinq quand il termine la course, soit 13 fois sur 15) lui
permet de terminer 3e du général, derrière un
Mick Doohan intraitable et son compatriote
Tadayuki Okada. Même si l’absence de victoire se fait
sentir dans le total de points, cela reste remarquable.
Est-il celui qui détrônera un Doohan en
mission ? Suzuki flaire le potentiel immense de
Nobuatsu, et l’engage comme pilote officiel à
partir de 1998. Mais il ne réussit pas à retrouver son statut
d’outsider de l’année acquis lors de la saison précédente. La
RGV500 est bien moins performante, il rétrograde dans le
classement. À vrai dire, sa carrière ne se remit jamais de
ce passage raté au sein de la firme d’Hamamatsu.
Après avoir déserté les paddocks en 2001, le voilà de retour pour
l’avènement des MotoGP, sous le auvent de Proton –
KR. La structure de Kenny Roberts est
encore un cran en dessous, et il disputa sur la
KR5 une dernière saison complète en 2004.
Cependant, il signa de nouveau avec Suzuki pour mettre au point la
GSV-R, et on l’aperçut à son guidon le temps de quelques wildcards
de 2005 à 2007. Fait notable : il remporta les 8 Heures de
Suzuka 2009 pour Suzuki, accompagné de Kazuki
Tokudome et Daisaku Sakai.
II) Takuma, le plus résiliant
Certainement le moins connu des « Fireball
brothers », Takuma n’en reste pas moins un pilote
exceptionnel. Né en 1974, il prend part au Grand Prix du Japon
1993, lui aussi en tant que wildcard. Lié à Honda, il ne disputa
aucune saison complète avant 1997, mais réussit tout de même
quelques exploits, dont une victoire en Superbike sur le tracé de
Sugo en 1996.
En ‘97, il suit les pas de son grand frère et lui aussi
devient candidat régulier au podium. Pas de victoire, mais
une belle 5e place au général. Malheureusement, un accident survenu
en 1998 lui paralyse les membres inférieurs : C’en est fini
du sport moto. Avec Honda, il développe des technologies
pour aider les personnes dans son cas, afin qu’elles puissent aussi
se déplacer. Sa volonté est plus forte que son
handicap. Il poursuit sa passion sur quatre roues, que ce
soit au Dakar, mais aussi aux 24 Heures du Mans 2021, où, dans
l’équipe dirigée par Frédéric Sausset (quadri amputé), il prit le
départ de la course en catégorie spéciale, au volant d’une
LMP2 Oreca modifiée pour ses pilotes. Un
exemple pour nous tous.
III) Haruchika, le plus fort
Une fois n’est pas coutume, le cadet est le meilleur des
trois. Né en 1976 et repéré très tôt par la firme ailée,
il prend part au championnat du monde 125cc 1993, à 17 ans
seulement. Sur ses deux premières campagnes, le jeune Haruchika
apprend, avant d’exploser fin 1994. En outsider, il écrase la
concurrence lors de la saison 1995, avec cinq victoires lors des
six premières courses. D’ailleurs, la manche disputée à Suzuka a
une saveur particulière. Haruchika s’y est imposé
en 125cc, et juste après, Nobuatsu y terminait deuxième en 250cc.
Pour couronner le tout, Takuma, en wildcard, réussit l’exploit de
finir troisième en 500cc ! Un fait insolite qu’il sera difficile de
reproduire. Si sa fin d’année est plus poussive, il parvient à
gérer son avance et s’offre un titre de champion du monde très loin
devant Kazuto Sakata.
Dans une ère totalement dominée par les Japonais, il remet son
titre en jeu toujours sur Honda. Cette fois, la concurrence
est plus rude mais Haruchika tient bon. Avec seulement deux
victoires mais sept autres podiums, il remporte son deuxième sacre
consécutif en petite catégorie devant Masaki Tokudome.
La suite est moins joyeuse. Passé en 250cc, il n’arrive pas à
s’acclimater aux quarts de litre. Malgré un seul podium en deux
ans, il monte tout de même en 500cc pour deux saisons ; des
campagnes marquées par les blessures. Haru’ quitte le mondial fin
2001. Finalement, sa carrière n’aura duré « que »
huit saisons, mais cela suffit à marquer son époque.
Connaissiez-vous l’histoire de la fratrie Aoki ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Rikita