Cela ne vous aura pas échappé ; au Mans, DORNA et la FIM fêtaient le 1000e
Grand Prix motocycliste de l’histoire. Célébrations et défilés en
grande pompe ont ponctué le week-end de course, et à juste titre.
Il est nécessaire de ne pas oublier le passé afin de légitimer sa
place dans le paysage sportif. Nous avons particulièrement apprécié
l’épreuve ainsi que ce qui a été fait pour le 1000e rendez-vous
mais… était-ce vraiment le 1000e ? L’histoire des GP est faite
d’anomalies que nous aimons particulièrement ; penchons-nous sur
l’une d’entre elles.
Un peu de contexte. Avant le début du Grand Prix de France 2023,
vous avez pu voir une très belle infographie montrant les grandes
légendes pour coller à ce week-end de fête. Au bas de l’écran
étaient recensées les différentes catégories ayant marqué le
prestigieux calendrier depuis 1949. À savoir, dans l’ordre de
cylindrée : 50cc, 80cc, 125cc, 250cc, Moto3, 350cc, 500cc,
Moto2 et MotoGP. Mais attendez. N’en n’oublie-t-on pas
une ?
On a tendance à l’omettre, mais les side-cars
faisaient partie intégrante du championnat du monde et
représentaient un rendez-vous très attendu par les fans lorsqu’ils
courraient. Car oui, de 1949 à 1996, les champions étaient
eux aussi récompensés à la fin de l’année, au même titre qu’un
couronné en Moto3 ou Moto2 actuellement. Par le fait, ces
étranges machines à trois roues étaient au programme en même temps
que les autres catégories, donc ça ne devrait pas modifier le
compte, vous en conviendrez. Sauf que. Sauf qu’en se
penchant sur une année singulière, à savoir la saison 1968, on
tombe sur une chose pour le moins étrange.
Tout part du mythique Grand Prix des Nations, couru à
Monza. Comme chaque année, le « temple de
la vitesse » accueille les champions, et récompense –
comme souvent – Giacomo Agostini en 500cc. La
course des side-cars, elle, est annulée à cause d’une décision
gouvernementale. Bizarre. Du coup, il fallait bien compenser, car
le titre mondial n’était pas encore attribué ! La FIM
décida d’organiser, à Hockenheim, une course pour déterminer le
vainqueur en même temps que se courrait le championnat
allemand.
Durant l’épreuve, aucun équipage ne put rattraper le duo
Helmut Fath/Wolfgang Kalauch sur
châssis URS-BMW, les champions du monde. À
l’époque, la catégorie était totalement dominée par les allemands
et c’est aussi pourquoi ce lieu fut choisi pour concourir une
dernière fois en 1968. Par ailleurs, c’est pendant cette
épreuve que décéda Rolf Schmid dans le stadium. Une nouvelle
victime de l’impitoyable Hockenheimring.
Nous avons donc une singularité. Cette
course s’est bel et bien tenue dans le cadre du championnat du
monde motocycliste, mais n’avait pas de dénomination et
surtout, n’a pas été comptabilisée dans les 1000 Grands Prix
disputés.
Vous pouvez retrouver la liste complète de tous les GP organisés en
cliquant sur ce lien en surbrillance et constater par vous même
l’absence de cette « manche
supplémentaire ».
Alors oui, n’était-ce pas là, au Mans, le 1000e Grand Prix
impliquant la catégorie reine, 500cc ou MotoGP ?
Absolument pas. Par le passé, quelques GP se déroulèrent sans
certaines classes, et les plus suivies ne dérogeaient pas à la
règle. Nous pensons au Grand Prix du Bade-Wurtemberg
1986, ou, plus récemment, le Grand Prix du Qatar
2020, où seules les Moto3 et Moto2 ont participé en raison
de la pandémie liée à la Covid-19.
Soyez rassuré ; notre idée n’était pas de nuire à la
communication de DORNA, car le compte est bon si l’on exclut les
side-cars. Mais il est toujours amusant de revenir sur les
quelques particularités qui modelèrent l’histoire de notre
sport.
Connaissiez-vous l’existence de ce « Grand Prix
fantôme » ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport