Surnommé le géant blanc en raison de sa taille et de la couleur
immaculée de sa combinaison, Wil Hartog est un pilote qui
marqua son époque. Trop souvent oublié, il fut pourtant
populaire au même titre que sa machine mythique, la RG 500. Retour sur
une histoire ponctué d’un moment de grâce gravé dans le marbre.
Blanc !
Né en Hollande Septentrionale le 2 mai 1948, Wil fit ses débuts en
mondial à l’âge de 22 ans. S’il est connu pour son lien avec
Suzuki, c’est pourtant sur Yamaha qu’il débuta sa carrière, et ce,
en 125cc. Cette première expérience eut lieu dans le cadre du TT
Assen, en tant que wildcard.
Encore récemment, il n’était pas rare de voir des pilotes débuter –
et parfois performer – en tant que wildcards dans leurs pays
respectifs. Suzuka en était le parfait exemple, mais Assen fut
également le théâtre de ces expériences.
Malheureusement, un abandon vint gâcher la fête. L’année suivante,
l’équipe Rimanoc lui offrit la possibilité de
s’exprimer en 500cc au Grand Prix d’Allemagne, qui ne fut pas plus
concluant. Ce n’est pas une autre pigé ratée à Assen qui allait le
décourager pour autant.
À côté de ça, Wil était une véritable star dans son pays natal.
Il bénéficiait d’une wildcard chaque année car il raflait tout dans
le championnat néerlandais : il est quintuple champion des Pays-Bas
250cc, ou encore quadruple champion national 500cc, entre
autres.
C’est d’ailleurs dans la plus prestigieuse des catégories qu’il
s’exprime le mieux. La 500cc, c’est son domaine. À
Assen en 1975, il termine quatrième et impressionne la foule venue
en nombre. Ce n’est qu’à partir de 1976 qu’il est invité à courir
plus d’une manche par an. L’équipe Riemersma lui
offre trois wildcards, dont une à Assen.
Il ne lui en fallait pas plus. En parfaite harmonie avec sa RG 500,
il termine troisième de la course derrière Barry
Sheene et Pat Hennen, deux pilotes
Suzuki. Un beau triplé et un premier podium pour le grand Wil,
mesuré à 1,80.
L’année suivante est encore plus intéressante, car il participe à
toutes les courses. Après un début de saison en demi-teinte, vient
la manche néerlandaise. Celle qu’attend patiemment Wil
Hartog. Il fait mouche, et s’envole immédiatement vers sa
première victoire en carrière. La foule, nombreuse, comme toujours
à Assen, est en transe.
Le géant blanc exulte. L’arrivée est un moment
hors du temps, parfaitement unique. Porté par son peuple et
chaleureusement félicité par son bon copain Barry Sheene, lui aussi
sur le podium, il semble être comblé de bonheur. Grâce à cet
exploit, il devient le premier néerlandais à remporter une course
en 500cc.
Il tape dans l’œil de Heron Suzuki et devient le
coéquipier de Barry Sheene, Pat
Hennen et Teuvo Länsivuori. Une équipe
dorée bien décidée à aller chercher le titre pilote une troisième
année de suite.
Même si « King » Kenny Roberts vient
perturber le rêve de triplé de Sheene, Hartog réalise une saison
monstrueuse avec deux nouvelles victoires en Belgique et sur le
terrible tracé d’Imatra. Il termine quatrième du
général, ce qui sera aussi sa place l’année suivante. 1979 fut
notamment marquée par un nouveau succès à
Hockenheim accompagné de quatre autres
podiums.
Retourné chez Riemersma Racing en 1980, il renoue tout
de même avec la victoire pour une cinquième et dernière fois en
Finlande. Le déclin commence à se faire sentir, d’autant
plus qu’un autre batave est célèbre à Assen. Il s’agit de
Jack Middleburgh, qui, tout comme son compatriote,
se fait soulever par une foule en délire. Wil est forcé de regarder
le spectacle depuis la dix-neuvième place, après avoir connu un
gros problème en course.
Sa dernière apparition en Grands Prix est timide, puisqu’il s’agit
d’un abandon en Angleterre l’année suivante. La carrière du géant
blanc n’aura pas été longue, mais marquée par cinq victoires et
douze podiums, ce qui est remarquable. Pilote sympathique au grand
sourire, il marqua toute une génération d’observateur et passionna
de nombreux néerlandais. D’ailleurs, il effectua quelques tours de
roue sur « la cathédrale » en 2017 aux côtés de Freddie
Sheene, fils de Barry. Un honneur bien mérité pour
quelqu’un qui fit chavirer tout un pays le 25 juin
1977.
Photo de couverture : Koen Suyk / ANEFO