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Ángel Nieto et Giacomo Agostini. Seuls ces deux pilotes comptent plus de titres que Carlo Ubbiali au total. Avec neuf unités, l’Italien égale son compatriote Valentino Rossi et le grand Mike Hailwood, mais n’en reste pas moins inconnu au bataillon pour autant. Pourtant, il s’agit là de l’un des meilleurs pilotes de tous les temps.

Né à Bergame, le jeune Carlo décida de prendre le chemin de la compétition moto représentant la vitesse, le danger et l’adrénaline en 1947. Une véritable passion en découla, et c’est tout naturellement qu’il s’orienta vers des courses de plus en plus conséquentes. Se cherchant encore, il tenta le Concours International des Six Jours d’enduro, célèbre et mythique course sur terre. Dans le même temps, une petite marque montait du côté de Varèse en Lombardie. La firme MV Agusta, encore familiale, s’orientait de plus en plus vers la course dans la plus pure tradition italienne : la série finançant la compétition.

Les objectifs de cette famille descendante du célèbre comte Giovanni Agusta étaient encore flous, mais vers 1945, la question se posait vraiment. Toujours dans le même temps, la Fédération Internationale de Motocyclisme, en pionnière, décida de monter le premier championnat du monde de l’histoire en 1949. Vous l’aurez compris. Ubbiali se fait de plus en plus remarquer, mais son manque d’expérience lui empêche de prétendre aux motos italiennes les plus performantes comme les Moto Guzzi, Gilera et autres Mondial.

 

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Ubbiali au TT Assen 1956, comme un roi. Photo : ANEFO

 

Il décide d’opter pour la nouveauté, c’est à dire la voie MV Agusta. C’est bien simple : seulement trois pilotes (Giuseppe Matucci, Franco Bertoni et Ubbiali lui-même) incarnaient le contingent de la toute nouvelle firme pour cette première année à la sauce mondiale. Tous concourraient en 125cc, pour des raisons évidentes de coûts. Instantanément, Ubbiali se démarqua de ses compatriotes, et termina la saison en quatrième place. Ceci ne manqua sûrement pas de démoraliser Bertoni, qui avait été le principal développeur de cet engin.

Le talent de Carlo crevait les yeux, mais la machine n’était pas assez bonne. Ainsi, pour 1950, il décida de changer de monture pour une Mondial, toujours en 125cc. La firme, bien installée et très compétitive, lui offrit sa première victoire sur l’impardonnable tracé de l’Ulster. L’année suivante, ce qui devait arriver arriva : un premier titre bien mérité.

Mais en 1952, la concurrence était plus rude en 125cc. En ne scorant que des deuxièmes places toute l’année, il fut détrôné par Cecil Sandford sur… MV Agusta. Ces dernières avaient énormément progressé et rivalisaient avec les Mondial. Étonnamment, Ubbiali préférait rester dans les plus petites catégories et ne fit jamais de 350cc – encore moins de 500cc – toute sa carrière durant.

Sentant le vent tourner, Ubbiali signa de nouveau avec l’écurie qui le fit démarrer en Grands Prix pour le restant de sa carrière. En effet, Carlo fut fidèle à la marque italienne pendant les huit années suivantes. Choix payant. Malgré deux échecs en 1953 et 1954, il parvint à redresser la barre et à s’adjuger son deuxième titre en 1955. Il ne fit qu’une bouchée de la concurrence sur une machine bien supérieure. C’est en cette même année qu’il testa pour la première fois la 250cc, et ce, avec grand succès. Il remporta le très prestigieux Grand Prix des Nations à Monza lors de son tout premier essai. Cette course plus qu’encourageante qui lui fit passer le pas. Jusqu’à la fin de son aventure en moto, il courut dans les deux catégories simultanément.

 

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Carlo Ubbiali en 19, toujours au TT Assen. Photo : ANEFO

 

À partir de 1956, la marche en avant débuta réellement. En 250cc, il réalisa une année parfaite en triomphant sur toutes les courses de la saison, un exploit que peu de pilotes à travers l’histoire sont parvenus à réaliser. Le pire, c’est qu’il faillit faire le doublé parfait mais son rival Romolo Ferri sur Gilera lui barra la route sur le Circuit de Solitude en Allemagne.

Au milieu de tout ça, il faut noter que c’est bien lui qui rendit MV Agusta attractive ! Ainsi, en 1956, la marqua attira l’une de ses plus grandes légendes en la personne de John Surtees. Ce dernier nettoya les deux plus grosses catégories, à savoir la 350cc et la 500cc. La paire Ubbiali/Surtees est toujours considérée comme une armada de légende dans l’histoire de notre sport.

1957 est l’année noire pour le natif de Bergame. Absent la moitié du temps, il ne put défendre convenablement ses deux titres mais ce n’était que partie remise pour ‘58. S’il remporte aisément la 125cc, Tarquinio Provini rafle la mise en quarts-de-litre. MV Agusta se frotte les mains : les quatre titres de champions leurs sont attribués. Un exploit rare. Entre les deux hommes, une rivalité importante naquit à compter de ce jour. En 1958, l’affrontement s’annonçait incroyable.

Les principales firmes italiennes s’étant retirées, seule MV Agusta pouvait espérer jouer la gagne. Au terme d’un exercice incroyable, Ubbilai vient s’adjuger les deux titres au nez et à la barbe de Provini pour deux points seulement en 125cc, et douze en 250cc. Une fois de plus, il profita de son style de pilotage fantastique, coulé et très calme pour prendre le meilleur sur son adversaire.

C’est ce qui caractérisait Ubbiali. La star ne tombait jamais à une époque où une mauvaise chute était très vite arrivée. Le « renard » arrivait à faire la part des choses, à lâcher des points au profit de la constance pour soulever le plus gros des trophées à la fin de l’année. Son style prudent mais terriblement efficace lui permit de ne jamais se faire mal en onze saisons ; un exploit.

Ainsi, l’année 1960 fut tuée avant même d’être commencée. L’annonce du départ de Provini chez Morini ne laissa aucune place au doute dans les deux plus petites cylindrées. Une fois de plus, Ubbiali s’imposa tranquillement et décida de prendre sa retraite instantanément.

 

Carlo a toujours roulé, comme un passionné, jusqu’à sa mort ou presque. Ici en 2010. Photo : Klaus Nahr

 

Une page se tournait. Ce dernier, toujours très réfléchi, ne voulut pas attendre de se faire mal pour arrêter et décida de le faire à son apogée. Neuf titres et bien sûr, le record à l’époque. Allez, vous voulez une statistique Ubbialesque ? Il a disputé 74 courses en championnat du monde. Il est monté sur le podium à 68 reprises.

Légende absolue et respectée de tous, c’est un monument qui s’éteignit le 2 juin 2020. Celui qui pava la voie pour Agostini, Hailwood et posa les fondations de la dynastie MV Agusta en Grand Prix. Ce véritable passionné, courant encore il y a peu lors d’événements spécialisés ne sera jamais oublié.

Connaissiez-vous ce pilote ? Dites-le moi en commentaires !

Photo de couverture : Klausnahr