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MotoGP Marc Márquez

Évidemment, le monde de la MotoGP n’a pas attendu la troisième manche du championnat 2013 pour contempler le talent incroyable de Márquez. En effet, après des essais tonitruants et une victoire au bout de sa deuxième course seulement, nous savions que nous avions affaire à un phénomène. Mais sa légende, elle, débute bel et bien sur le circuit de Jerez.

Fort d’une entame de saison tonitruante qui l’a vu devenir plus jeune vainqueur d’un Grand Prix de l’histoire, Marc Márquez arrive à Jerez sereinement. Ses rivaux sont les grands habitués : d’un côté Jorge Lorenzo, vainqueur au Qatar, et Dani Pedrosa, toujours très à l’aise sur les circuit espagnols. Valentino Rossi est revenu chez les bleus et s’est également montré rapide dès le début d’exercice.

Malgré tout, ce sont les trois espagnols qui sont pressentis pour la victoire finale. La séance de qualification confirme la pensée générale. Les numéros 99, 26 et 93 sont les seuls à passer la barre des 1’39. Si Dani est fort, c’est une autre histoire pour Jorge. Jerez compte parmi les circuits où ‘Por Fuera’ est le plus dominant, comme le prouve son arrivée historique en 2010 après une âpre lutte.

D’ailleurs, en ce week-end de course, le Majorquin est célébré : un virage porte désormais son nom. Ce n’est pas le plus discret : il s’agit du n°13, le tout dernier qui a tant vu dans son histoire. C’est ici qu’Álex Crivillé chuta sous la pression de son coéquipier Mick Doohan dans le dernier tour de l’édition 1996, devant des supporters médusés en bord de piste. C’est aussi ici que Valentino Rossi éjecta Sete Gibernau, en 2005, en voulant tenter le tout pour le tout au dernier tour ; manœuvre controversée si elle en est.

 

MotoGP Marc Márquez

En 2013, Jorge Lorenzo n’est pas un client facile. Pour moi, très personnellement, il s’agit de sa meilleure année en Grands Prix. Huit victoires splendides. Photo : Robert Murdoch

 

Les feux sont sur le point de s’éteindre. Jorge Lorenzo, comme à son habitude, fait le ‘holeshot’ et garde la tête durant les premiers temps. Mais ce dernier ne semble pas en mesure d’imposer son fameux rythme rapide et régulier que le paddock redoute tant. Ainsi, un Dani Pedrosa en forme passe l’officiel Yamaha.

La course est plutôt calme, Pedrosa n’est pas rattrapé. Mais dans les derniers tours, le sprint pour la deuxième place a commencé. Lorenzo doit subir les attaques répétées de Márquez, tour après tour. Au bout de la plus longue ligne droite du circuit, il tente le dépassement mais est trop profond : ‘Por Fuera’ repasse. Jorge Lorenzo fait partie des pilotes qu’il est possible de doubler à l’entrée mais pas à la sortie, car ce dernier privilégiait toujours la trajectoire parfaite afin d’anticiper le prochain virage.

Les attaques sont pressantes, mais Márquez, 20 ans seulement, est hésitant et quelque peu maladroit. Dernière boucle, tout peut se jouer. Plus qu’une simple place, c’est un avantage psychologique qui est en jeu. Si Lorenzo termine devant Márquez, la hiérarchie sera respectée et le n°93 le sentira. Par contre, si l’inverse se produit, l’officiel Honda bousculerait les codes en battant avec la manière son compatriote.

 

MotoGP Marc Márquez

Marc, en 2013, est encore perfectible mais semble intouchable, comme s’il ne pouvait rien lui arriver. Photo : Smudge9000

 

On est loin de se douter de ce que Márquez prépare. Alors deuxième, on l’imagine accepter sa position sans lutter plus que ça – il avait, de fait, réalisé une très belle course jusqu’ici. Mais vient le dernier complexe. Lorenzo est en tête, et comme à son habitude, sort fort de l’avant dernier virage et se replace instinctivement à droite de la piste pour préparer la plus belle sortie possible.

Márquez n’a rien à perdre. Il voit un espace, il tente le tout pour le tout. Son freinage est absolument monstrueux et de toute évidence, il commet une erreur de jugement : il est obligé de ralentir en ligne droite, au risque de ne pas pouvoir tourner. Lorenzo est loin de s’imaginer qu’une balle arrive contre lui lorsqu’il commence à se pencher. Un peu avant le point de corde, le contact est inévitable.

La Honda s’appuie allégrement sur sa rivale, qui n’a d’autre choix que de tirer droit pour éviter la chute, perdant tout espoir de deuxième place. Une fois la ligne d’arrivée passée, le champion du monde en titre a le visage fermé, et refuse même de serrer la main de Marc Márquez. Une rivalité venait de naître, une légende, de se créer.

Cet ‘incident de course’ classé sans suite donné suite est resté célèbre. Depuis ce jour, les deux hommes eurent une relation difficile tout au long de cette année 2013, l’une des meilleures saisons de l’ère moderne. Mais l’histoire retient qu’un rookie du nom de Márquez est venu titiller un quadruple champion dans un virage à son nom, à 20 ans seulement. Ayrton Senna dit un jour que « si tu ne te bats pas pour une espace qui existe, alors tu n’est pas un pilote de course ». Alors ? Magnifique manœuvre dans l’esprit du sport, ou dépassement suicide ?

Dites-nous, en commentaires, si c’était dans les règles ou non !

 

Marquez, Lorenzo et Pedrosa, les trois hommes forts du championnat 2013, juste devant Valentino Rossi. Photo : Box Repsol

 

Photo de couverture : Box Repsol

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