Si certains pilotes ont du mal à gérer l’après-carrière,
d’autres se forgent de véritables empires. C’est
le cas de Virginio Ferrari, l’une des stars du
Continental Circus à la fin des années 1970.
Jamais titré, son nom est aujourd’hui tombé en désuétude.
Voici son histoire.
La carrière du natif de Pellegrino Parmense, près
de Parme, en Émilie-Romagne, débute étrangement. Sur une
Paton privée, il s’engage pour deux Grands Prix
500c en 1975, sans aucun résultat. Contrairement à la logique
sportive, il débuta par la catégorie reine à 23 ans, sans se faire
les dents sur de plus petites machines.
Sa chance arrive un an plus tard. Marco
Lucchinelli, pilote Suzuki pour la prestigieuse
formation Gallina Corse, se blesse aux essais lors
de la manche italienne. Roberto Gallina, embêté,
ne peut pas se passer de pilote pour son Grand Prix national, au
Mugello
qui plus est.
Ferrari lui tombe sous la main. Ni une ni deux, il enfourche la
Suzuki
RG500 et fait bonne impression. Ce weekend noir (deux
morts et plus de soixante accidents) porte chance à Virginio, qui
monte sur la troisième marche du podium.
Au vu de sa belle prestation, Gallina décide de lui accorder
d’autres wildcards, notamment pour la dernière manche du
championnat sur le terrifiant Nürburgring. Aussi
dingue que cela puisse paraître, il réalise la pole devant son
coéquipier ! Sa carrière débute à cet instant précis.
Qui est ce diamant brut ? Gallina n’hésite pas à
le signer à temps plein pour 1977. Hormis une belle deuxième place
en Italie, Ferrari ne gagne pas en constance et tombe très souvent.
Il remporte finalement sa première victoire en Allemagne ‘78, qui «
sauve » une saison absolument catastrophique.
Tout change en 1979. Ferrari, toujours sur Suzuki,
est désormais mieux armé et entame sa saison avec quatre podiums
consécutifs. Malheureusement, un Kenny Roberts taille patron lui
barre la route à chaque reprise. Virginio triomphe pour la première
fois de la saison à Assen, tandis que « King Kenny
» ne peut faire mieux que 8e.
Arrivé en Belgique, le paddock se révolte. En effet, le
revêtement trop récent était recouvert des remontées grasses du
goudron trop frais et n’avait aucune adhérence. Les deux
leaders du championnat prennent les devants et font la
grève.
L’italien gagne cette image du pilote modèle, qui n’hésite pas à
confronter les hautes instances. D’ailleurs, lui et Roberts seront
menacés de suspension, avant de se voir logiquement graciés.
La suite de la saison ne laisse pas de place au suspens, si ce
n’est pour la deuxième position : Barry Sheene,
revenu de nulle part, n’échoue qu’à deux points de Ferrari. Aussi
étonnant que cela puisse paraître, la carrière de l’italien prit
fin quelques temps après.
Enfin, pas tout à fait. Il se cassa les dents sur la
Cagiva
500cc, avant de tenter un retour, infructueux, chez
Suzuki en 1982. Par la suite, il tenta même un
passage en 250cc, sans aucun succès. Ferrari était devenu un pilote
moyen et fit ses adieux au mondial dans l’indifférence la
plus totale fin 1989.
Entre temps, il fut couronné champion du monde Formula TT 1987,
prouvant tout de même son excellent coup de guidon. Malgré les
résultats, sa passion indéfectible l’entraîna vers le Superbike en
1988. Une épopée infructueuse de cinq saisons, jusqu’en
1994, soit à l’âge de 42 ans.
Mais tout ne s’arrête pas là ! Au fil de sa carrière, Virginio
avait développé le sens des affaires, trainant souvent avec des
directeurs d’écuries. Il était un homme important du
paddock, et sa parole, peu importe ses résultats, avait du
poids.
En Superbike, il opéra en tant que team manager de l’équipe Ducati
d’usine, mais aussi du team PSG-1 Kawasaki en 2007. À coté de cela,
il développa un réseau de marques italiennes : Il est actuellement
importateur officiel MV Agusta et Cagiva à Monaco.
Sa société Virginio Ferrari Racing, ou VFR, fait
office d’atelier Ducati.
Une belle retraite au soleil pour un grand champion, un homme
important dans l’histoire malgré son manque de succès.
Quelqu’un, qui, malgré les chutes, ne perdit jamais le
Nord.
Photo de couverture : Rob Bogaerts / ANEFO