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Une course de MotoGP, en 2024, durera environ 45 minutes. Bien entendu, certaines courses sont plus ou moins longues en fonction des conditions météorologiques ou des arrêts (drapeaux rouges, flag-to-flag…). En 1957 cependant, une manche bien particulière dura trois heures pleines – presque de l’endurance, tout en mettant les nerfs des pilotes à rude épreuve.

7 juin 1957. En ce dernier jour de Tourist Trophy, nos héros savent à quoi s’attendre. Une montagne se dresse devant eux. Le Senior TT. Une épreuve déjà mythique à l’époque, que tous n’osaient affronter. S’ils ne le savent pas encore, ils se préparent à disputer la plus longue épreuve de toute l’histoire des Grands Prix : 485,76 km. Ceci représente plus de trois heures d’efforts sur le tracé le plus difficile au monde. Le Mont Everest du sport moto, en somme. L’épreuve fut rallongée en l’honneur des 50 ans du TT.

Huit tours de plus de 60 km attendent les participants. Les favoris, eux, sont d’ores et déjà connus. La course Junior TT, courue en 350cc, donna le ton du long week-end. L’indéboulonnable John Surtees, sur MV Agusta, est en grande forme mais n’est pas dans le coup depuis le début de saison. Il est tout de même champion 500cc en titre. Autrement dit, il faut s’en méfier.

 

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Libero Liberati, l’homme fort du championnat 1957. Cependant, il n’est pas au départ du TT.

 

Face à lui, une flopée d’Australiens. Eric Hinton, Keith Campbell et Bob Brawn, respectivement sur Norton, Moto Guzzi et Gilera sont autant de vainqueurs potentiels. Depuis le début du week-end, un Écossais vole sur le tracé. Bob McIntyre est un spécialiste de ce genre d’épreuves ; il a d’ailleurs remporté la manche 350cc. Doté d’une Gilera compétitive, il est en capacité de faire le doublé. Cet exploit représente d’ailleurs la première victoire d’une firme non Britannique sur l’île de Man.

Notons l’absence de Libero Liberati, favori pour le titre mondial au même titre que Surtees. Ce dernier ne veut pas fouler la « Snaeffel mountain course », qu’il trouve trop dangereuse. En réalité, la course ne fut pas aussi disputée. Parti comme une balle, McIntyre ne fut jamais rattrapé. Pendant que Campbell chute, lui enchaîne les tours à une vitesse remarquable. Lors de la deuxième boucle, il est le premier à passer sous la barre des 100 miles par heure (160,9 km/h), appelée le ‘Ton’. Un tour absolument historique, que Surtees n’arriva pas à contenir. Avec une moyenne de plus de 159 km/h, l’Écossais triomphe.

Johnny Surtees, trois minutes derrière, ne peut que contempler le succès de son compatriote. Tenir une moyenne de 160 km/h durant trois heures de temps, sur de véritables trompe-la-mort au Tourist Trophy est un accomplissement sans précédent, trop souvent oublié. Bob prend ainsi de gros points au championnat mais ne peut ralentir la marche en avant de Liberati. Son coéquipier chez Gilera marche littéralement sur le reste de la saison. Surtees termine troisième, ne comptant qu’un seul succès. Pas sa meilleure année, mais il saura se refaire.

 

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Bob McIntyre, oublié de nos jours. Photo : MotorCycleRacing – Peter Carrick

 

Un exploit humain. Le TT est l’une de ces courses qui ne pardonne pas. Une erreur, est c’est au mieux la blessure. Charlie Salt, au guidon d’une BSA, y décéda cette année-là. McIntyre, inconnu du public actuel, fut honoré par Michael Dunlop lors de l’édition 2017 de la mythique course. Il prit sa Gilera et fit un tour à 100 miles par heure, pour honorer sa légende. Outre la folie de Dunlop, cela démontre toute la bravoure de ces héros.

D’ailleurs, McIntyre n’aura pas cette chance quelques années plus tard. Ce dernier décéda des suites d’une chute survenue à Oulton Park, en 1962. Son nom restera lié à l’île de Man pour ses trois victoires et nombreux podium obtenus autour de la « montagne ».

 

John Surtees, battu ce jour là, n’en reste pas moins l’un des plus grands pilotes de tous les temps. Photo Supermac1961

 

Photo de couverture : John Surtes à Assen, après sa chute lors du Grand Prix des Pays-Bas 1960.