Le 6 juin 2004, les pilotes MotoGP se mettent en rang sur la grille de départ, pour 12 minutes seulement ; mais quelles minutes. Le circuit du Mugello est déjà mythique. En plein cœur de la Toscane, il fait vibrer les fans depuis la fin des années 1970. Une nouvelle idole est là pour satisfaire les tifosi : Valentino Rossi.
« The Doctor » a pourtant troqué sa Honda Repsol pour une Yamaha officielle mais rien n’y fait. Dès le premier Grand Prix en Afrique du Sud, il s’est imposé au guidon de la YZR-M1, en faisant un énorme pied de nez à son rival Max Biaggi. Malgré cet exploit, Rossi était un peu en dedans sur les manches suivantes à Jerez et au Mans.
Sete Gibernau, lui, s’est imposé sur les terres andalouses, et a même réitéré en Sarthe. Le pilote Honda Gresini affiche un niveau impressionnant, tout comme Biaggi, deuxième du général en n’ayant pas quitté le podium. Rossi, lui, est troisième après deux quatrièmes places consécutives malgré une pole à Jerez et sa victoire retentissante à Welkom. Telles étaient les positions en débarquant en Italie.
Le samedi, les vifs encouragements des fans ne suffisent pas ; Sete Gibernau poursuit sa marche en avant et arrache la pole position. Mais Rossi est un homme du dimanche, et nul doute que Sete comme Max savent que la tâche sera ardue. Alors que le Fratelli d’Italia retentit en l’honneur de la victoire de Roberto Locatelli en 125cc, Valentino Rossi sait aussi qu’il devra faire fort pour vaincre les Honda, globalement plus performantes que sa machine d’Iwata.
Dès l’extinction des feux, les pilotes n’amusent pas le terrain. Sete Gibernau part fort, et prend le meilleur tour en course très tôt. À mesure que les boucles passent, un groupe se forme en tête. Il est composé des deux Honda Pons (sponsorisées par Camel) pilotées par Max Biaggi et Makoto Tamada, de Sete Gibernau et de sa RC211V Gresini financée par la Movistar, et bien sûr, de Valentino Rossi.
La bataille est âpre, les pilotes se rendent coup pour coup avec un très grand Tamada – il faut le souligner. Aucun ne veut lâcher ; le quatuor nous offre une joute sensationnelle. Tantôt Rossi est décroché, tantôt il revient et mène. Impossible de prédire qui s’imposera. Dans le même temps, la terre entière est choquée par l’accident de Shinya Nakano sur Kawasaki. Sur la ligne droite principale, il chute à haute vitesse mais s’en sort miraculeusement.
Puis, 17 tours après l’entame, les drapeaux rouges sont brandis. Étrange. On annonce de la pluie ; rare en Toscane, elle a pourtant déjà perturbé le plateau quelques années auparavant. Pourtant, à l’écran, difficile de distinguer les quelques gouttes. Nous sommes loin de l’orage violent sud-asiatique, soyez-en sûr.
Mais tous se plient au règlement, lèvent la main, et coupent. La direction de course annonce un nouveau départ, pour six tours seulement ! Les pilotes s’élanceront dans les positions qu’ils tenaient au moment du drapeau rouge. De ce fait, Valentino Rossi est le nouveau « poleman » de ce Sprint avant l’heure.
Dans les stands, l’agitation règne. Chausse-t-on les slicks, ou plutôt les pneus pluie ? Assurément, le crachin frappe le circuit mais la piste a l’air sèche, seulement, un peu grasse. Dès lors, plusieurs stratégies se mettent en place, en sachant que les pilotes bénéficieront de deux tours de chauffe et d’une possibilité de changer de gommes sur la grille. « The Doctor » et Max Biaggi restent en slicks, tandis que Sete Gibernau, lui, opte pour les intermédiaires.
Après s’être essayés à la piste, tous ceux qui avaient fait le choix des rainurés reviennent sur leur décision ; les pneus lisses sont de mise. Lors du deuxième départ, on assiste à l’émergence d’un paquet mené par ce bon vieux Norrick Abe, pilote Tech3. Puis, c’est la Ducati satellite de Rubén Xaus qui prend la tête.
Bizarre. Mais pas autant que le rythme de Troy Bayliss, sur la Desmosedici officielle, qui donne l’impression de voler sur la piste ! Dans Savelli, il rappelle à Rubén Xaus pourquoi il est un pilote d’usine et pas lui. Alors que la bruine redouble d’intensité, le missile « Baylisstic » s’échappe. Mais malheureusement pour lui, Dame Nature fait cesser tout crachin. L’Australien perd l’avantage, tandis que Valentino Rossi, en héros, dépose toute la concurrence à mesure que la piste sèche.
En l’espace de quelques virages, le déjà quintuple champion du monde prend le large. Sete Gibernau se réveille, mais tardivement. Les deux franchissent la ligne dans cet ordre, et collent plus d’une seconde à Max Biaggi, troisième. Au total, tout cela n’aura duré que 12 minutes ! Bayliss, remarquable, est quatrième.
Cette course est importante à plusieurs égards. Au delà de la simple victoire à la maison, c’est la première fois que Valentino Rossi bat Sete Gibernau en face à face lors de cette saison 2004. Cela entraîna la création d’une dynamique positive, car Rossi enchaîna avec deux autres succès en Catalogne et aux Pays-Bas. Gibernau, à chaque fois, fut deuxième, soit son classement au général à la fin de l’année.
Les Honda boys n’y pouvaient rien ; Rossi était le plus fort, et il devint sextuple champion du monde après une fin d’exercice marquée par une régularité dont lui seul avait le secret. Connaissiez-vous l’histoire du Grand Prix d’Italie 2004 ? Dites-le moi en commentaires !