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Sous-côté

Vous en avez forcément en tête. Vous savez, ces pilotes qui ont une grande carrière, des accomplissements exceptionnels mais dont personne ne parle. Ceux-là sont sous-cotés, pas appréciés à leur juste valeur. En Grand Prix motos comme dans tous les autres sports, on en trouve à la pelle, qui payent parfois le prix d’une attitude pas assez marquée, d’une époque défavorable ou de bien d’autres paramètres. Ensemble, dressons un top 10 des pilotes les plus sous-cotés de l’histoire des Grands Prix motos.

 

Critères

 

Comme dans chaque top, penchons-nous d’abord sur les critères. Pour faire sa place parmi les dix, un pilote doit à la fois être très fort, et qu’on n’évoque jamais – ou rarement – son nom. Il ne s’agit pas d’un classement de pilotes oubliés, loin de là, car l’on peut être plusieurs fois titré en catégorie reine et tout de même sous-côté.

Ainsi, plus on se rapprochera de la première place, plus ils seront forts, mais à la fois, leur grandeur sera pondérée par leur manque de reconnaissance. C’est toute la complexité de cet exercice, puisqu’il faut à la fois avoir une jauge de performance, et une autre liée à leur manque d’impact dans l’histoire ; leur « sous-cotage ».

 

sous-coté

John Kocinski, pas qu’un fou. Ici en 1991 (#19) avec les meilleurs du monde. Photo : Rikita

 

Par le fait, il s’agit d’un top assez subjectif, sans doute plus que les autres. Vous êtes invités à nous donner le vôtre en commentaires, à savoir que tous seront lus et discutés – comme d’habitude d’ailleurs. L’objectif, au-delà du classement, et surtout de rendre hommage à des pilotes dont on ne parle pas assez souvent.

 

Mentions honorables

 

Commençons, aujourd’hui, par les mentions honorables, ceux qui n’ont pas pu intégrer le top 10. Précisons simplement qu’il n’y a pas d’ordre précis dans cette section. Tout d’abord, le Néo-Zélandais Graeme Crosby, auteur de trois belles saisons au début des années 1980. Souvent sur le podium mais jamais vainqueur, il fut un modèle de combativité mais abandonna le Continental Circus bien trop tôt. Le vice-champion du monde 500cc 1982 méritait bien une mention.

Revenons quelques années en arrière avec Gyula Marsovszky, sans doute le vice-champion du monde 500cc le moins connu de tous les temps. De nationalité suisse, il fit partie de ceux qui buttèrent constamment sur Giacomo Agostini, mais cela ne l’empêcha pas de connaître une longue carrière, débutée en 1961 et achevée en 1975. Il compte tout de même huit podiums, pour une victoire, lors du Grand Prix des Nations 250cc 1971.

Citons également Pat Hennen, l’Américain dont Kenny Roberts en personne se méfiait à la fin des seventies. Vainqueur à trois reprises en 500cc, une vilaine blessure au Tourist Trophy engendra son retrait du mondial après seulement deux saisons et demi, ce qui n’aide pas à laisser une trace mémorable dans l’histoire. Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins l’un des plus sous-côtés de tous les temps, doté d’un talent fou. Vous pouvez retrouver la rétrospective complète que nous lui avons dédié en cliquant ici.

Passons maintenant à deux profils qui, à un moment donné, étaient dans le top 10. Il s’agit, d’une part, de John Kocinski. Certes, il est un peu moins oublié que les autres, notamment en raison de ses nombreuses frasques. Mais cela a pris le pas sur son immense talent ; nous parlons ici d’un potentiel champion du monde 500cc au début des années 1990, une ère extrêmement disputée. Titré en 250cc lors de la saison 1990, il ne franchit jamais ce cap nécessaire pour battre les Kevin Schwantz, Mick Doohan et Wayne Rainey sur une saison complète. Nous avons trop tendance à oublier sa vitesse, sa capacité d’adaptation (vainqueur sur Yamaha puis Cagiva, champion du monde Superbike en 1997), et le réduisons souvent à un homme un peu étrange.

 

Pat Hennen, oublié et sous-coté en même temps.

 

Finalement, Cal Crutchlow. À vrai dire, un peu pour les mêmes raisons, la fin de sa carrière (2019-2022) n’est pas très belle, et on l’entendait plus souvent râler dans la presse que faire des bons résultats. Ainsi, on s’en souvient comme d’une grande gueule, le copain de Jack Miller, un trublion parmi tant d’autres. Mais il faut se souvenir de Cal Crutchlow 2013, 2016 ou 2018. Lui ne rigolait pas du tout. Chez Tech3 Yamaha, en 2013, il réalise l’une des – si ce n’est la – plus grande saison d’outsider de tous les temps. On parle d’un homme qui regardait Jorge Lorenzo et Valentino Rossi dans les yeux sur certains weekends, alors qu’il avait une machine largement inférieure. Puis, quel bilan chez LCR. Il est, tout simplement, le meilleur pilote privé Honda de la décennie 2010, avec trois belles victoires sous la pluie mais aussi sur le sec.

À une époque où le développement de la machine profitait à Marc Márquez, l’Anglais s’en sortait, et avec les honneurs. Mine de rien, quand l’on dresse la hiérarchie des pilotes Honda de ces dix dernières années en MotoGP, Crutchlow arrive largement avant les Jorge Lorenzo, Álvaro Bautista, Marco Simoncelli, Takaaki Nakagami, Jack Miller, Stefan Bradl, Pol Espargaró et autres Álex Márquez.

C’est tout pour aujourd’hui ! Pour finir, mentionnons rapidement Toni Elías et Bradley Smith, eux aussi trop souvent oubliés par rapport à leurs accomplissements. Cliquez ici pour retrouver les places n°10 et n°9. 

Photo de couverture : Rikita

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