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Bien que Pecco Bagnaia soit en bonne voie pour s’emparer du titre 2022, Casey Stoner reste, au moins pour une semaine encore, le seul pilote à s’être imposé au classement général sur une Ducati. L’occasion de revenir sur une saison mémorable.

La saga Stoner en MotoGP débute en 2006. Si l’on se doute déjà de son grand talent, Casey n’a pas eu l’occasion de briller hors d’Australie jusqu’à maintenant. Battu l’année précédente par le prodige Dani Pedrosa en 250cc, rien ne laissait croire que ce jeune « aussie » discret et rapide allait devenir l’un des plus grands pilotes de Grands Prix.

Lucio Cecchinello le signa dans l’équipe LCR, qui, à l’époque, n’engageait qu’une Honda. Seulement une poignée de pilotes se disputaient la victoire à chaque course, et il était difficile d’espérer atteindre les sommets sur une moto exploitée par un team privé.

Pourtant, dès la deuxième manche du championnat, Stoner fait parler la poudre et s’adjuge la pole position à Losail, circuit nouvellement introduit. Bien qu’il termine en cinquième place, il confirme une manche plus tard en Turquie et enregistre son premier podium en MotoGP, dépassé par Melandri dans le dernier virage. Mais malheureusement, le reste de la saison ne fut pas aussi convainquant. Stoner n’était pas mauvais, loin de là, mais naturellement éclipsé par un Dani Pedrosa en feu. De plus, ses nombreuses chutes freinèrent son développement au plus haut niveau.

Si Honda et Yamaha, les deux équipes de pointe, étaient garnies de talents, Ducati cherchait désespérément un deuxième pilote à la hauteur. Loris Capirossi était aux manettes du programme depuis son lancement en 2003, et l’Italien ne se débrouillait pas trop mal. En 2006, il figure à la troisième position du championnat.

 

Tellement rapide qu’il en est flou. Ici en Malaisie. Photo : The Mechanical turk

 

Cela peut paraître étrange, mais la Desmosedici, à l’époque, était déjà une bonne machine et n’avait rien à voir avec les engins de la période 2010-2015. Cependant, les rouges peinaient à trouver un bon coéquipier pour aider « Capirex ». Troy Bayliss n’avait pas fait l’affaire, tout comme Sete Gibernau. Carlos Checa obtint de meilleurs résultats que les deux larrons, mais sans casser la barque.

Ce n’était un secret pour personne : Loris Capirossi, âgé de 32 ans déjà, ne pourrait pas aller chercher une couronne de champion. La saison 2006 démontra qu’il manquait de tout, trop et partout. Pourquoi ne pas se tourner vers un jeune loup afin de faire passer le programme dans une autre dimension ?

Casey Stoner est ainsi recruté par la firme de Borgo Panigale. Exit les 990cc, bienvenue aux 800cc. Désormais, les machines sont plus violentes, plus difficiles à emmener et requièrent un engagement maximal, qui mena d’ailleurs à de nombreuses chutes aussi terribles les unes que les autres.

Mais immédiatement, le combo fonctionne. Stoner s’accapare cette Desmosedici et parvient à remporter la manche d’ouverture au Qatar, avec le meilleur tour en course à la clé. Même Valentino Rossi, encore très bon, n’y put rien. Les prétendants pour le titre s’affirment à Jerez, une piste historiquement compliquée pour Ducati.

Stoner finit cinquième tandis que « The Doctor » s’empare des rênes du championnat. Pedrosa, outsider de la saison précédente, n’est pas loin et profite d’une vitesse impressionnante. Le premier tournant de la saison intervient une course plus tard, à Istanbul. Stoner, parti de loin, effectue une remontée sensationnelle et dépasse un Rossi en difficulté tôt dans la course. L’officiel Ducati s’impose avec plus de six secondes d’avance sur Toni Elías. Vale passe la ligne en dixième position. Les pneus Michelin équipant la Yamaha ne pouvaient rien face aux Bridgestone sur le circuit turc. Pedrosa, quant à lui, est impliqué dans une chute dès le troisième tour.

Stoner prend les commandes du général, pour ne plus jamais les lâcher. La première partie de l’année est plutôt disputée. D’ailleurs, lui et « Rossifumi » nous livrent une bataille sensationnelle à Barcelone, ponctuée par un résultat décidé sur la ligne en faveur de la Ducati n°27. Mais Casey est le plus régulier dans la performance. Il quitte rarement le podium et ne commet pas d’erreurs. Rossi ramasse deux victoires au Mugello et à Assen, et figure à 21 points alors que l’on approche de la mi-saison.

 

Stoner a remporté toutes les éditions du Grand Prix d’Australie entre 2007 et 2012. Photo : Tamas

 

Le Sachsenring représente le deuxième moment clé de l’exercice 2007. Pedrosa gagne et revient dans la course au titre, pendant que Valentino chute et laisse s’envoler Stoner, cinquième à l’arrivée. L’Australien dispose d’un confortable matelas de points, et enfonce le clou.

Il enregistre trois coups du chapeau consécutifs (pole, meilleur tour et victoire) à Laguna Seca, Brno et Misano. Pedrosa et Rossi n’arrivent plus à suivre le rythme imposé par le génial australien. Ainsi, il ne faisait plus de doute qu’après ces trois manches, Stoner allait être titré. Une sixième place au Japon (son pire résultat) scella définitivement le sort du championnat. Ironiquement, Loris Capirossi, figure sur laquelle Ducati avait misé depuis quatre ans, y remporta sa dernière course en carrière.

Finalement, le scénario est assez commun pour l’époque, dans cette ère de dominations. Mais il faut se rendre compte de la force avec laquelle Stoner a écrasé ce championnat. Nous parlons ici de 10 victoires, cinq pole positions et six meilleurs tours en course. Bien que Pedrosa ait remporté le dernier Grand Prix à Valence, l’Espagnol échoue à 125 points derrière au général. Ce n’est pas le plus fou. Si l’on réalise la moyenne des écarts qu’il comptait avec les deuxièmes quand il s’imposait, sur la saison 2007, le total s’élève à 5,5 secondes (!).

Ducati et les spectateurs étaient loin de se douter qu’il faudrait attendre 15 ans pour voir un autre pilote (peut-être) coiffer la couronne mondiale. Et si Bagnaia est exceptionnel à plus d’un titre, personne n’oubliera l’attachant mais discret Stoner, en glisse, tordant sa Desmosedici dans tous les sens.

Suiviez-vous la MotoGP en 2007 ? Quels sont vos souvenirs de Casey Stoner ? Dites-le-nous en commentaires !

 

Casey n’aimait pas trop les conférences de presse. Il préférait maltraiter sa Ducati sans trop d’électronique. Photo : SK

Photo de couverture : Box Repsol

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