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Arthur Wheeler

Vous pensez peut-être que Valentino Rossi était assez âgé sur la fin de sa carrière. Ce n’est pas faux, surtout pour l’époque dans laquelle il évoluait, mais attendez de voir le profil que nous allons vous présenter aujourd’hui. Penchons-nous sur un pilote oublié, mais qui a marqué le championnat du monde pendant plus d’une décennie : Arthur Wheeler.

Son nom ne vous dit probablement rien. Pourtant, son histoire tient du film américain. Arthur naquit en Angleterre, dans le Sussex, en l’an 1916. Dès ses 15 ans, le voilà déscolarisé afin de suivre une formation d’électricien, donc pas en rapport avec la mécanique motocycliste. Ça, c’est pour plus tard. Ce n’est que quelques années après qu’il débute les compétitions en grass track. En 1937, Arthur Wheeler ouvre un simple magasin de moto ; non fortuné, il utilise l’argent que son entreprise lui rapporte afin de financer sa petite carrière.

Puis, la Seconde Guerre mondiale éclate. Au cours des années 1930, il est repéré pour son ingéniosité et surtout, sa grande connaissance en ingénierie de précision. Dès lors, il participe à la mise au point des premières bombes rebondissantes sous la houlette de Sir Barnes Neville Wallis, l’un des plus fameux inventeurs britanniques. Pour information, ces grenades sous-marines étaient lâchées depuis un avion, rebondissaient à la surface de l’eau et explosaient quelques secondes plus tard, ce qui permettait de faire des dégâts considérables.

Après la guerre, notre cher Arthur Wheeler reprend son business. Et ce dernier explose. Il devient un vendeur majeur et malgré son âge avancé, n’oublie pas sa passion pour la compétition moto. Il est au départ du premier Grand Prix de l’histoire du mondial, le Tourist Trophy 1949.

 

Arthur Wheeler

Ici, une Moto-Guzzi pilotée par Enrico Lorenzetti à Assen en 1953. Photo : ANEFO



Bien sûr, c’est un simple privé sur Velocette en 350cc et Norton en 500cc. Impossible de jouer la gagne face aux ténors. En 1949 comme en 1950, il poursuit son aventure, tranquillement, en ne marquant jamais aucun point, comme pour se faire plaisir. Après tout, Arthur a déjà 34 ans. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, il progresse de course en course et se retrouve même dans le top 3 sur le Grand Prix d’Ulster 1951 ! Alors qu’il ne participe qu’à quelques manches par an, il devient rapidement l’un des privés les plus respectés.

En 250cc, 350cc et même 500cc, il écume les tracés du mondial jusqu’à faire une rencontre qui change sa vie lors de la saison 1953. Cette fois, il dispose d’une Moto Guzzi en quart-de-litre, qu’il s’est procuré via son ami Fergus Anderson, autre pilote marquant des années 1950 et accessoirement officiel Guzzi. L’Albatros 250cc datait d’avant la guerre ! Mais pourtant, c’est le combo gagnant. Littéralement.

À 38 ans en 1954, il est dans la forme de sa vie. Toujours bien placé, il saisit sa chance au Grand Prix des Nations en l’absence de l’écurie NSU, endeuillée par la mort de son champion du monde Rupert Hollaus. Incroyable : un simple privé s’impose à Monza, rien que ça. Ce n’est pas fini. Wheeler continue de développer, seul, sa Moto Guzzi ! Il fabrique des pièces, est conseillé par l’excellent Enrico Lorenzetti (champion du monde au guidon d’une des Italiennes en 1952) qui lui file des composants datés, mais qui proviennent de l’usine.

Les années passent, et toujours, Arthur Wheeler se présente au départ. Cependant, en 1959, il marque le pas. Il ne participe plus qu’aux Grands Prix organisés sur le sol Britannique, et manque la saison 1960. Il revient en 1961 uniquement au Tourist Trophy. Est-ce la fin ? Toujours pas ! En 1962, il s’engage dans une nouvelle campagne complète toujours sur sa Moto Guzzi. Le pire, c’est qu’il est plus compétitif que jamais avec une 4e place sur l’île de Man ainsi qu’au Grand Prix d’Ulster.

La FIM organise son deuxième Grand Prix hors du continent européen en Argentine, épisode que nous avons déjà conté – vous pouvez le retrouver en cliquant sur cette phrase en surbrillance. Peu d’écuries officielles font le déplacement jusqu’à Buenos Aires. Profitant de l’occasion, Arthur Wheeler s’impose de nouveau en 250cc, à 46 ans et 70 jours ; un record qui ne sera jamais battu.

Par ailleurs, il s’agit de sa dernière course en carrière. Il retourna en Angleterre et décéda en 2001. Au-delà de la simple statistique, l’histoire d’Arthur Wheeler est celle d’un passionné qui, après des années d’effort et de dévouement, fut récompensé.

Connaissiez-vous cette histoire insolite ? Dites-le nous en commentaires !

 

Peu importe l’exploit des « petits », la star s’appelle Mike Hailwood en 1962. Photo : ANEFO