Les pilotes oubliés jonchent l’histoire du sport moto. Parmi eux, différents profils, de différentes origines, avec, à chaque fois, des histoires singulières, parfois poignantes. Aujourd’hui, on parle d’un anglais, Mick Grant, qui n’a jamais vraiment été effacé de la mémoire des fans des seventies.
Né en 1944, le jeune Mick se passionne pour les motos, et rapidement, vient la compétition. Son père, dans les mines de charbon, ne peut vraiment l’aider. Comme beaucoup de jeunes britanniques, il est attiré par les courses sur route, qui, à la fin des années 1960, déchaînent les passions. Très critiquées pour leur dangerosité, elles sont parfois boycottées par les plus grands pilotes car le Tourist Trophy, par exemple, fait encore partie du calendrier du championnat du monde.
Qu’à cela ne tienne, le voilà au départ du Manx GP 1969 sur une Velocette, mais directement, en 500cc. L’année suivante, il s’engageait déjà au Tourist Trophy, terminé 18e en 350cc avec les honneurs. Clairement, on a affaire à un pur talent. Parfois, les spécialistes de ce type d’épreuves peinent à s’acclimater à la piste, mais pas Mick. D’ailleurs, lui n’a pas besoin du meilleur matériel. Sa capacité d’adaptation à tous types de machines et moteurs était sans aucun doute sa grande qualité. Dans le même temps, il participait à quelques manches du mondial sur des Yamaha privées, se classant même deuxième des TT 250cc et 350cc en 1974.
En 1975, la paire se monte redoutable. Mick Grant, au niveau mondial, ne se concentre plus que sur le Tourist Trophy, en comparaison avec ses années Yamaha qui le poussaient à effectuer quelques piges partout en Europe. Mais cela ne l’empêche pas de s’inscrire à la North West 200, autre course légendaire. Il bat le record de la piste, et débarque sur l’île de Man avec la ferme intention de s’imposer.
Norton, firme qui renaissait de ses cendres après avoir marqué les débuts du championnat, ne tarde pas à signer Mick Grant. Nous sommes au milieu des années 1970, et sa carrière change radicalement au moment de sa signature avec Boyer Kawasaki, équipe anglaise qui faisait courir les fameux trois cylindres japonais.
Clairement, le niveau de compétition a baissé. Les grandes années du Tourist Trophy sont passées, et les sidecaristes, traditionnellement présents en nombre pour cette manche spéciale, commencent, eux aussi, à se méfier de la Snaeffel Mountain Course. Mick, lui, ne recule pas. En 250cc, il est responsable de la première sortie de la Kawasaki à moteur « tandem » en compétition, mais ne voit pas l’arrivée. En revanche, pendant la manche la plus importante appelée « Senior TT », il s’impose en battant le record détenu par Mike Hailwood depuis 1967. À ce moment-là, il rentre réellement dans la légende du Tourist Trophy. Par le fait, il devient un vainqueur de Grand Prix, bien qu’il n’était pas disputé par les ténors de l’époque.
Installé chez Kawasaki, il y reste pour les années suivantes. En 1976, il prend part au dernier TT disputé dans le cadre du continental circus, mais est contraint à l’abandon. C’était pour mieux revenir en 1977, où il bat de nouveau le record de la piste ! Désormais, il prend même part à des courses du mondial en catégorie 250cc, et s’impose à deux reprises lors de cette saison, au TT Assen ainsi qu’en Suède, avec la pole et le meilleur tour en course. Le triomphe aux Pays-Bas était la première victoire de Kawasaki dans cette catégorie. Il devançait les Franco Uncini, Walter Villa, Jon Ekerold et autres Takazumi Katayama. Cerise sur le gâteau, il prend aussi la victoire au Grand Prix de Macau, fait qu’il réitéra en 1984 sur une Suzuki.
Après une saison 1978 réussie pour Kawa’, cette fois en 250cc et 350cc comme la légende Kork Ballington, Honda le recrute pour développer la NR500 aux cylindres ovales, mais la sauce ne prend pas. Au total, Mick Grant compte 10 victoires sur l’île de Man, et ne s’arrêta jamais vraiment de courir. On pouvait encore l’apercevoir sur ses anciennes machines lors de représentations, qui nous permettent de nous rappeler ce grand pilote, terre-à-terre, qui tranchait définitivement avec le londonien Barry Sheene. Mick Grant est l’un des rares qui réussit à être aussi rapide sur route que sur piste, et peut se targuer, comme Carl Fogarty et quelques autres, d’avoir écrit sa légende en mondial comme au Tourist Trophy, épreuve légendaire si elle en est.
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Photo de couverture : Goll116