Les années 1970 regorgent de grands talents. Période plutôt oubliée de nos jours, elle aida à définir le championnat du monde de vitesse motocycliste que nous connaissons aujourd’hui. Revenons, sans plus attendre, sur l’histoire d’un des acteurs de cette ère dorée, marquée par le doux chant des machines du Continental Circus.
Tout débute en Finlande. Car oui, Teuvo Länsivuori est natif du pays des mille lacs, d’Iisalmi plus précisément. Très vite intéressé par la moto et la compétition, il prend part aux courses sur glace, un sport populaire dans le Nord. Il y rencontre un certain Jarno Saarinen, qui, lui aussi, développe son style sur les pistes gelées. Les deux s’entendent bien, et rapidement, deviennent amis. Ils ne sont nés qu’à deux jours d’intervalle en l’an 1945, un premier signe du destin en somme.
Rapidement, il est piqué. Son avenir tout tracé dans l’entreprise familiale de pompes funèbres lui offre le temps de se consacrer à diverses épreuves et disciplines. Ainsi, le duo Jarno et Teuvo s’oriente vers les courses sur piste. Il écume les petites épreuves sur Montesa avant de participer à son premier Grand Prix à Imatra en 1969, sur une Yamaha TD2 250cc. Il termine huitième, une honorable place pour des débuts à la maison.
Il décide, pour la suite de sa carrière, de prolonger avec la firme aux diapasons, qui propose des machines compétitives à l’entretien raisonnable. Il court en 1970 dans deux catégories, en 125cc et en 250cc, sans grand succès. Mais les choses changent une année plus tard. Lorsqu’il participe aux courses de 350cc, il se sent bien plus à l’aise. Ainsi, il enchaîne les résultats intéressants, pour remporter la première course de sa jeune carrière à Jarama en 1971.
« Tepi » ne fait que progresser. En 1972, toujours sur une Yamaha privée, il engrange un podium en 250cc et un autre en 350cc, en plus de faire preuve de régularité et de polyvalence. Certes, impossible de le comparer à son grand copain Jarno (titré d’ailleurs cette année là) mais tous reconnaissent le talent et le caractère de Länsivuori. Grâce à ces résultats convaincants, il est contacté par Yamaha par le biais de l’importateur finlandais, Arwidson. Ceci fait passer le finlandais dans une autre dimension. Il rejoint par le fait son ami, lui aussi roulant des Yamaha du même groupe. Le destin n’est-il pas incroyable ?
Le début de saison se passe à merveille pour les deux larrons, engagés en 250cc et 350cc. Pendant que Jarno brille de mille feux dans les deux catégories, Teuvo réalise d’honorables performances et parvient même à monter sur le podium en Allemagne, aux côtés de son ami.
Puis vient le Grand Prix des Nations, à Monza. Le départ, la chute de Renzo Pasolini. Les cris. La peur. L’arrêt du mondial. Deux grands pilotes venaient de quitter le monde, provoquant des réactions partout sur le globe. Jarno Saarinen, considéré comme une future légende, succomba à ses blessures laissant son ami, avec qui tout avait commencé, seul. Pendant que Yamaha montre tout son respect aux défunts et à leurs familles, Länsivuori se questionne. Une partie de sa personne venait de mourir, juste là, sous ses yeux. Pendant un moment, il entra dans une période sombre et pensa sérieusement arrêter toute forme de compétition. Mais à quoi bon ? Pourquoi ne pas essayer d’honorer la mémoire de son ami ?
Avec une détermination à peine croyable, il se décide à finir la saison en restant fidèle à Yamaha. Ce fut un autre homme à partir de cet instant. Victoire en Belgique, en Tchéquie, en Suède peu importe la catégorie : il court pour quelque chose de plus grand.
Mais arrive une manche pas comme les autres. Celle d’Imatra, en Finlande, là où tout a commencé. Teuvo met ses émotions de côté, et s’envole vers l’une des victoires les plus symboliques de l’histoire des Grands Prix. Tout le monde est à sa cause, y compris Dieter Braun, vainqueur d’un titre dont il se serait bien passé. Un moment rempli d’émotions comme il en exista peu au cours de l’épopée Yamaha. « Tepi » termine deuxième des deux championnats auxquels il participait, ponctuant cette saison noire d’un bon bilan statistique.
Libéré d’un poids, il court de nouveau les années suivantes et parvient à accumuler d’autres bons résultats pour Yamaha. En 1974, il se classe même troisième du championnat 500cc. Par la suite, il décida d’aller faire les beaux jours de Suzuki en 500cc, continuant à performer malgré le changement de machine. Mais ses six ans de bons et loyaux services, couplés à une histoire fraternelle hors norme font de lui un personnage à part dans l’histoire de Yamaha.
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Photo de couverture : ANEFO