Le circuit Paul Armagnac, situé dans le Gers,
est l’un des tracés les plus importants situé sur le territoire
français. Au fil des décennies, de nombreux évènements s’y sont
déroulés, et le championnat du monde de vitesse moto y a déjà posé
ses valises. Remontons le temps pour découvrir l’histoire du
premier circuit permanent français.
Tout débute dans les années 1950. Des rallyes sont organisés, un
peu partout dans la région. Pour situer, nous sommes dans le Gers,
en actuelle Occitanie, à une heure d’Auch et deux de Toulouse.
Baignée par le soleil, la région excite les amoureux de vitesse,
qui ne peuvent que se défouler sur route ouverte.
Pour la sécurité de tous, un circuit devait être construit.
L’influent pilote Paul Armagnac, orienta les autorités vers
l’aérodrome de Nogaro, construit au nord de la
ville. Coup de chance, ce dernier est géré par Jean Armagnac, son
père. Les travaux commencent quelques temps plus tard, en 1959.
Le 3 octobre 1960, le tout nouveau tracé est
inauguré. Il devient, par la même occasion, le premier circuit
permanent français. À titre de comparaison, le Bugatti au Mans sera
construit cinq ans plus tard. Rapidement, les rendez-vous se
multiplient. Le Grand Prix de Nogaro, course automobile réputée,
fait rage et attire certains des meilleurs pilotes du monde dans le
Gers.
Les motos sont aussi de la partie et il faudra attendre 1978
pour y voir une manche de championnat du monde. Le tracé est
relativement court, en plus d’être fin. En 1973, il subit des
modifications voyant sa longueur portée à 3,120 km. Pour vous faire
une idée, le Sachsenring est encore plus long de
500 mètres.
Curieusement, la FIM abandonna le Castellet pour venir s’installer
à Nogaro. Ceci interpella les pilotes, qui n’appréciaient guère le
circuit. L’australien Gregg Hansford réalise le
doublé 250cc – 350cc tandis que la 125cc revient à l’italien
Pier Paolo Bianchi. Après s’être défait de
Pat Hennen, Kenny Roberts, futur
champion du monde, l’emporte de la plus belle des manières.
Barry Sheene complète le podium devant
Christian Estrosi.
La course vit la victoire du duo Biland/Williams
en side-car, sur l’étonnant BEO Imagine 77A Yamaha. Une machine
digne d’un film de science-fiction, doté de deux roues motrices et
plus proche du karting que de la moto avec panier.
Nogaro devient une piste privilégiée par les voitures, notamment
les monoplaces. Cela n’empêche pas la FIM d’y organiser un second
Grand Prix en 1982. La fois de trop… Une fois de
plus, le circuit Paul Ricard fut délaissé pour le tourniquet
gersois.
Ceci n’était pas du goût des pilotes. Le tracé ne présentait que
peu d’intérêt, surtout pour les plus grosses cylindrées. De plus,
l’état de la piste ainsi que les piètres paddocks ne donnaient pas
envie aux stars du sport.
Kenny Roberts, fidèle à son combat pour la
sécurité et le professionnalisme, quitta tout bonnement le circuit.
La large majorité du plateau suivit « King
Kenny ». Il ne restait plus grand monde, mais le
Grand Prix allait quand même être couru coûte que coûte.
Un historique triplé français parachève la folle journée. En 125cc,
Jean-Claude Selini s’impose, suivi de
Jean-Louis Tournadre en 250cc. En 350cc, la
victoire revient à Jean-François Baldé. Trois victoires sur trois,
et trois prénoms composés incluant « Jean ». Une première.
Une victoire française en 500cc était envisageable, mais
malheureusement, un suisse, Michel Frutschi sur
l’obscure Sanvenero, s’empara de la victoire. Cette course fut
aussi l’occasion de voir une femme évoluer en Grands Prix moto :
Gina Bovaird, qui chuta en course.
Si le circuit reste néanmoins dangereux (c’est ici que se tua
Anthony Delhalle en 2017), la sécurité et les infrastructures ont
beaucoup évolué au fil du temps. Ainsi, en 2007, le tracé aux
311 jours d’utilisation par an (!) fut doté de
nouveaux stands.
Nogaro est un lieu important. À l’image d’Albi, il est important de
préserver ces joyaux français à tout prix. Qui sait ce que l’avenir
réserve ? Bien malin qui sait le prédire. Autant en
profiter et s’il vous plaît, allez sur les circuits.
Photo de couverture : Florian Soum