World Championship Motorsports vous dit forcément quelque chose,
non ? Mais si, rappelez vous de Gary McCoy, ou de la
victoire de Régis Laconi au Grand Prix de Valence 1999.
Toujours rien ? Embarquez avec nous pour le récit de cette
équipe marquante de la fin des années 1990.
L’histoire en mondial débute en 1992. Yamaha décide de mettre à
disposition les moteurs YZR 500cc, afin d’attirer de nombreux
privés, qui pouvaient, par conséquent, faire rouler des machines
compétitives à moindre coût.
La compagnie de châssis ROC, basée à Annemasse, est en pole
position. Ainsi, ce n’est pas moins de onze ROC-Yamaha qui
fouleront les pistes du mondial 1992. WCM compte parmi les écuries
usant des machines franco-japonaises.
Fondée conjointement par Bob McLean et
Peter Clifford, l’équipe à de grandes ambitions.
Pour cette première saison au plus haut niveau, le tout jeune Peter
Goddard est sélectionné pour représenter la bannière
Valvoline/WCM.
L’expérience tourne au cauchemar. Goddard,
inconstant et blessé, ne peut tenir le rythme. Contre toute
attente, il marque les points de la cinquième place à
Donington Park. Les années se suivent et se
ressemblent.
L’engagement de profils intéressants comme Niall
Mackenzie ou Neil Hogdson permettent de
garder un cap et de rester dans le viseur de Yamaha. En 1997, tout
change. L’équipe privée Promotor Racing, qui usait de véritables
YZR500 d’usine, se désiste. Afin de récompenser WCM, la firme
japonaise met à dispositions les deux machines, sur lesquelles
courraient Luca Cadalora et Troy
Corser, soit deux pilotes remarquables.
C’est à cet instant que Red Bull, marque encore
discrète, s’approche de l’organisation. D’où la livrée iconique
utilisée pendant de longues années. En 1998, WCM réalise un tour de
force en remportant le Grand Prix de Grande-Bretagne grâce à
Simon Crafar. Cette victoire sonne comme un
exploit, puisque c’est la seule qui ne fut pas attribuée à Honda
cette saison.
Notre Régis Laconi national (ci-dessus) réitère
l’exploit sur le mouillé à Valence l’année suivante. Ce n’est que
la troisième fois que la marseillaise retentit en 500cc, quatorze
ans après Christian Sarron. Il faudra attendre le
triomphe de Fabio Quartararo à Jerez en 2020 pour
revivre de telles émotions.
Le « roi de la glisse » Gary McCoy,
présent dans l’équipe en remplacement de Crafar, termine sur la
troisième marche du podium. Un doublé pour une équipe si
charismatique, ce n’est pas si fréquent.
L’australien s’imposera, en 2000, comme le meilleur pilote de
l’histoire du team. Trois victoires, accompagnées de trois autres
podiums le propulsent cinquième du général à seulement neuf unités
de Max Biaggi, pilote officiel.
Malheureusement, le passage à l’ère quatre temps tua WCM. Les
résultats, depuis quelque temps, ne suivaient plus. Red Bull quitta
le navire en direction de la 125cc, beaucoup plus prometteuse et
raccord avec l’image de marque.
La production d’une machine moins coûteuse s’imposa, mais celle-ci
ne respectait pas le règlement à la lettre. Ce fut le début d’un
long combat avec la FIM, comme la fin d’une ère. Absolument nulle
part au classement en 2004, l’équipe tenta le tout pour le
tout en s’associant avec Blata.
Cela ne vous évoque sans doute rien (et c’est normal). Blata est
une marque de mini-motos tchèque qui se décida à faire une machine
de Grands Prix équipée d’un V6. La moto ne fut finalement jamais
prête en temps et en heure; une éternité plus tard, on pouvait
l’apercevoir sur les circuits, mais pas comme promise.
Un autre rendez-vous manqué en somme. L’écurie qui hébergea
Alex Hofmann, James Ellison,
Gary McCoy et Luca Cadalora il
n’y a pas si longtemps n’arrivait plus à se procurer les ressources
financières nécessaires.
C’est un crève-cœur, mais la dure loi du sport. Fin 2006, la belle
histoire s’acheva définitivement dans l’indifférence la plus
totale. À l’évocation des grandes équipes privées, McCoy et ses
moments de grâce, tout comme le drapeau français fièrement brandi
par Laconi à Valence viennent immédiatement à l’esprit.
Nous devons l’accepter, mais tout cela appartient au
passé.
Photo de couverture : Oz