Cet épisode fait suite aux deux premiers, que vous
pouvez retrouver en cliquant sur
ce lien. Nous nous étions arrêtés à la fin de
la saison 1966, un an après le nouveau contrat
Honda.
Mike était en réalité un peu las de la situation. Il faut
comprendre que la domination MV Agusta déprimait
plus d’un participant. En 1967, Hailwood anticipe
sa retraite prospère en Afrique du Sud, avec
quelques autres de ses camarades du championnat.
Le Continental Circus ne l’attire plus comme avant
et il n’hésite pas à faire part de ses envies de tout arrêter.
Honda y est sans y être. Mike Hailwood remporte aisément les
catégories 250cc et 350cc, mais
son objectif est ailleurs.
Battre Giacomo Agostini et MV Agusta en 500cc. Tel était l’ultime
désir de Mike « the Bike ». La saison débute mal avec un abandon au
Grand Prix d’Allemagne, tandis que l’italien triomphe. Sur le
Tourist Trophy de l’île de Man, l’impensable se
produit. Cependant, la carrière d’Hailwood au TT fera prochainement
l’objet d’un article à part entière, dans la rubrique «
Les mythes du Tourist Trophy ». Ainsi, nous
n’allons pas vous en révéler l’issue pour garder la surprise.
Les deux pilotes s’échangent la première et la deuxième place toute
la saison durant, se livrant à un combat de titans. Assurément
l’une des meilleures années de l’histoire des compétitions
motocyclistes.
Malgré une contre-performance d’Ago lors du
Grand Prix d’Ulster, l’italien parvient à garder la
tête hors de l’eau en gagnant à Monza. Hailwood n’en démord pas et
l’on s’approche d’une finale épique. Tout se jouera au Canada. La
destination peut paraître étrange et à raison : C’est la seule
édition comptant pour un championnat du monde organisé sur le
territoire. Elle arrive à point nommé !
C’est sur le circuit de Mosport que les hostilités
ont lieu. Hailwood se met en confiance avec une victoire en 250cc,
sachant qu’il n’a pas d’autres choix que de gagner en
500cc pour avoir une chance d’être sacré.
Au bout de l’effort, le britannique remporte la course, devant le «
roi Ago », bien entendu. En tribunes, les
Canadiens sont confus. Qui est champion du monde ? Les deux sont à
égalité de points, 46 unités chacun. Par ailleurs,
les deux ont remporté le même nombre de courses sur la saison,
cinq. C’est donc au nombre de deuxièmes places que le champion sera
choisi, un fait rarissime dans l’histoire des sports
mécaniques.
Avec trois podiums aux Pays-Bas, en
Tchécoslovaquie et au Canada,
Agostini est l’élu. Hailwood est déçu, mais sort par la grande
porte, celle des légendes. Sa décision était prise bien avant
l’ultime manche du championnat : Cette course était sa
dernière.
Honda se retire de la compétition en 1968, mais
offre une prime d’un million d’euros (actuels) pour que Mike ne
signe pas avec une autre marque. À 28 ans seulement, il ne s’arrête
pas de courir, mais à l’occasion de manches nationales
uniquement.
Les prototypes à quatre roues émerveillaient
Hailwood. Le gentleman driver s’adonna à sa passion tout
en étant compétitif. Au total, il participa à 50 Grands Prix de
Formule 1 et sauva Clay Regazzoni des flammes à
Kyalami en 1973, qui lui valut la Médaille de
George, haute distinction civile britannique.
Entre F5000 et 24 Heures du Mans,
la retraite fut plutôt active, vous l’avez compris. En 1978, il
décida de se remettre aux deux roues, pour un épisode mythique de
l’histoire moto, mais celui-ci vous sera comté prochainement.
La suite est malheureusement moins brillante. Alors qu’ils allaient
chercher des fish and chips en ce 21 mars 1981, un camion percuta
de plein fouet la Rover DS1 des Hailwood. Michelle, sa fille de
neuf ans, fut tuée sur le coup. Mike mourut des suites de
l’accident à l’hôpital mais son fils David survécu avec
des séquelles, seul rescapé de l’horrible collision.
Beaucoup de légendes difficilement vérifiables existent à propos de
ce sombre épisode. Le conducteur du camion, entièrement en tort,
n’aurait été amendé que de 100 livres sterling.
Encore plus invraisemblable, il semble qu’un voyant sud-africain
ait prédit la mort de Mike à 40 ans et par une collision avec un
camion dans les années 1960.
Des sources rapportent que ce dernier aurait même prononcé à sa
femme avant le mariage « ne t’en fais pas, je ne serai pas tué
sur la piste, mais par l’un de ces foutus camions comme me l’a dit
ce voyant ». Cela semble vrai, mais à prendre avec des
pincettes tant la coïncidence est folle.
La nouvelle fit grand bruit dans le monde entier. À bien des
égards, Mike pouvait être considéré comme le plus grand pilote de
tous les temps. Avec 76 victoires, 112 podiums, 14
victoires au TT, trois titres en 250cc, deux en 350cc, quatre en
500cc et 79 tours rapides, le palmarès parle de
lui-même.
Encore aujourd’hui, son nom trône en bonne place dans les livres
de statistiques. Au-delà des chiffres, il s’agissait d’un grand
homme au comportement exemplaire, une figure héroïque qui
manque cruellement au monde des sports mécaniques.
Nous espérons que ce récit vous a plu. Sachez que tous vos avis
sont lus et bienvenus !
Merci encore pour votre fidélité.
Photo de couverture : ANEFO