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Jack Middelburg

C’est l’histoire d’un pilote privé extrêmement talentueux. Aujourd’hui, revenons sur le destin d’un homme marquant, qui écuma les pistes entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, avant de connaître un sort tragique. Non, Jack Middelburg ne sera pas oublié.

Lors de l’année 1973, Jack et ses amis partent se balader à moto. Âgés de la vingtaine, le groupe tombe sur une course motocycliste sur la commune de Lissel, dans le Brabant-Septentrional. Comme son nom l’indique, Middelburg est un néerlandais, et ces bataves s’illustrent souvent en sports motos à cette époque. La discipline est alors très populaire, mais en regardant les concurrents de cette petite manche, Jack, vitrier, pense pouvoir aller plus vite. Fougue caractéristique liée à son jeune âge, ou pensée irraisonnée ? Seul un moyen de le découvrir, s’inscrire.

Sur une Honda CB750, et sans licence, il est autorisé à prendre part à un autre événement organisé par la fédération néerlandaise seulement une semaine plus tard. Sixième à l’arrivée, il se révèle. Voici le début d’une grande histoire. Rapidement soutenu par un garage et un mécanicien, il s’engage dans un championnat national dans plusieurs catégories et ne tarde pas à démontrer sa supériorité.

 

Jack Middelburg

Ici en 1978, lors d’un entraînement à Assen. Photo : ANEFO

 

On n’apprend pas sans chuter, un adage qui s’applique d’autant plus à la moto. Les années suivantes, Jack voit sa belle trajectoire ralentie par des blessures, à la cheville notamment. En 1976, il essuie une énorme chute lors d’une course près d’Eindhoven, mais heureusement, s’en remet. Ce n’est que partie remise, car 1977 est une année charnière dans son parcours. Alors que sa femme Petra n’est toujours pas au courant de ses activités, il termine champion des Pays-Bas 350cc, 500cc et 750cc, et prend même part à son premier TT Assen, remporté pour la première fois par l’un de ces compatriotes en la personne de Wil Hartog. Les deux sont proches, et participent activement à la renommée du contingent batave à la fin des seventies, tout comme le spécialiste de la pluie Boet van Dulmen.

Des tensions naissent au sein de sa fédération, la KNMV, rivale de la NMB, mais cela lui cause toujours moins de soucis que ses chutes. Jack Middelburg est très souvent blessé, parfois lourdement, notamment aux jambes. Pourtant, il est de plus en plus rapide en championnat du monde, et prend désormais part à toute la saison 1979. En Suède, il se classe deuxième, son premier podium en mondial.

Il se permet d’acheter des TZ500, toujours sans le soutien d’une écurie officielle. Le début de saison 1980 est compliqué, tortueux, d’autant plus qu’il est toujours lourdement touché aux jambes ; une tient à l’aide de plaques et de 14 vis. Mais vient la manche d’Assen, chez lui. Jack passe outre ces difficultés et réalise la pole position en 500cc devant son public, un premier exploit. Mais à l’époque, il faut encore pousser sa machine au départ et sa jambe douloureuse lui fait perdre beaucoup de temps.

 

Un portrait réalisé pendant le weekend du TT Assen 1980. Photo : ANEFO

 

Mais le destin était avec lui. Son rythme était clairement supérieur. Il avalait les concurrents un à un. « King Kenny » Roberts souffrait de problèmes au niveau de la roue avant, peut-être sa fourche mal réglée ou un problème de pneu. Une fois l’Américain aux stands pour réparer, l’issue du Grand Prix était inéluctable. Jack Middelburg, l’enfant de Naaldwijk, est un vainqueur en championnat du monde. Ce triomphe est historique à plus d’un titre : il s’agit de la première victoire de la nouvelle TZ500 et la première victoire d’une machine privée en catégorie reine depuis Jack Findlay en 1971, sans compter les grèves.

Au grand dam de Jack, c’est Franco Uncini qui récupère la Suzuki RG500 d’usine anciennement pilotée par Wil Hartog, désormais retraité. Le sort a décidé qu’il resterait privé, mais il se dote tout de même d’une Suz’ pour la saison 1981, encore meilleure que la précédente. Jack Middelburg est flamboyant, bien plus régulier et vainqueur à nouveau lors du Grand Prix de Grande-Bretagne. Sur la piste, tout se passe pour le mieux, mais en coulisses, c’est différent. Son statut de privé l’expose à des problèmes… de privé, à savoir, principalement, le financement. Mais son talent lui permet tout de même de décrocher de beaux contrats, malgré les blessures à répétition.

A-t-il seulement fait un grand prix en pleine possession de ses moyens ? Difficile à dire, mais à partir de 1982, la réponse apparaît comme une évidence. À moitié au sein de l’équipe officielle HB-Suzuki, il est contraint de manquer plusieurs courses, soit à causes de blessures récentes, ou plus anciennes, qui nécessitent opérations.

C’est un cercle vicieux : Les résultats ne suivent pas, et donc, la trésorerie en prend un coup, ce qui empêche d’acheter de bonnes motos pour performer, et ainsi de suite. Clairement, Jack Middelburg pâtit de sa nationalité mais la fédération royale, le KNMV, tente tout pour fournir une Honda 500cc à son poulain. Cela passe par la création d’une fondation, mais les résultats ne suivent pas.

Au début de l’année 1984, c’est la fin. Les fonds manquent, et il est contraint de retourner sur sa terre natale, pour disputer le championnat national. Les débuts sont bons, ce qui n’est pas étonnant au vu de son niveau. Puis, vient cette triste course de Tolbert, une petite commune de Groningue située dans le Nord du pays.

 

Jack Middelburg

Vous savez déjà. Photo : ANEFO

 

Le froid s’abat sur le tracé en ce 1er avril, et la neige fait même son apparition. Rien d’étonnant sous ces latitudes. Après seulement un tour de chauffe, les concurrents de la catégorie 500cc s’élancent, et Jack se met à la poursuite de Rob Punt, un jeune talent. Mais dans le deuxième tour, il perd l’avant à un endroit critique. Les bottes de paille le renvoient sur la piste ; certains arrivent à éviter le danger, mais Boet van Dulmen, ex-ami de Middelburg, percute de plein fouet sa Honda au sol. Le pilote Peter Lemstra touche Jack, déjà bien amoché. D’autres sont impliqués dans ce carambolage, et notre héros du jour est transporté immédiatement à l’hôpital le plus proche.

 

Wil Hartog, le géant blanc, lors de l’enterrement, le regard vide. Triste image. Photo : ANEFO

 

Hélas, les médecins ne purent rien faire pour le sauver. Trois jours après la chute, les Pays-Bas pleurent un champion, double vainqueur de Grands Prix, et surtout, un grand homme. Ses funérailles rassemblent la foule comme les anciens coureurs dans la plus grande tristesse. En 31 ans seulement, Jack Middelburg a laissé un grand héritage, qui ne doit aucunement être oublié.

 

Connaissiez-vous ce pilote marquant des années 1970 ? Dites-le nous en commentaires !

 

L’enterrement, les hommages. Photo : ANEFO

 

Photo de couverture : ANEFO

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