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Bol d'Or

Ce week-end, c’est le Bol d’Or ! Quatrième et dernière manche du championnat FIM EWC 2023, le « Bol » revêt d’une importance capitale, puisque le titre mondial n’est toujours pas attribué ! Mais au fait, cette course, qu’est ce que c’est ? Sans plus attendre, embarquez avec nous pour une grande rétrospective qui nous replonge au cœur des années 1920, et qui fera escale, en revenant à des époques plus récentes, par vos souvenirs.

 

Le Bol d’Or, une histoire centenaire

 

Cette année, les 24 Heures du Mans fêtaient leur 100 ans en grande pompe. Pourtant, la fameuse course sarthoise n’est pas la plus vieille épreuve de 24 heures sur le sol français, et cela reste très méconnu. En 1922, soit un an avant la classique mancelle, les concurrents du Bol d’Or s’élancèrent pour une épopée qui changea le cours de l’histoire.

D’abord, pourquoi ce nom. C’est très simple ; le « Bol d’Or » était une course de vélos sur piste organisée depuis 1894. Dans les vélodromes, alors en vogue, les cyclistes s’affrontaient pendant une journée entière, dans l’espoir de recevoir un bol en bronze en guise de trophée ; le fameux « Bol d’Or ». De nombreuses têtes d’affiches y participaient à l’image du Boulanger Constant Huret, ou du Brutal Léon Georget.

Au début des années 1920, un certain Eugène Mauve a une idée. Pourquoi ne pas organiser une course de 24 heures, mais cette fois, pour les petites voitures et les motos ? À l’époque, l’industrie des petites cylindrées est florissante. Sur quatre roues, on les appelle les Cyclecars. Il reprend l’idée de Bol d’Or, et avec le concours de l’AAMM (Association des Anciens Motocyclistes Militaires), planifie le premier départ pour 1922. Ou plutôt, les premiers départs. En effet ; c’est souvent oublié de nos jours, mais deux épreuves distinctes se courraient. Un réservé aux automobiles, et l’autre, aux motos.

 

Bol d'Or

Grégory Leblanc dit The White, codétenteur du plus grand nombre de victoires consécutives au Bol d’Or – 4. Seuls Vincent Philippe et Alex Vieira ont fait autant. Photo : Éric Houdas.

 

Sur un circuit long d’à peine cinq kilomètres, tracé sur terre battue non loin de Vaujours en Seine-Saint-Denis, le premier Bol moto se dispute. C’est une véritable révolution ; la presse est conquise par cette idée qui met les nerfs des pilotes à rude épreuve. À l’époque, un seul coureur doit parcourir toute la distance. Les voitures, elles, sont à Saint-Germain-en-Laye, sur un autre tracé. Le pilote Motosacoche Tony Zind, un français bien connu des épreuves nationales, s’impose sur deux roues. C’est le début d’une aventure unique.

 

L’importance de la période Montlhéry

 

Dès 1923, les motos sont rapatriées vers Saint-Germain-en-Laye, comme les voitures, et ce jusqu’en 1936. Les passionnés de voitures sont toujours intéressés par cette épreuve unique, mais les 24 Heures du Mans prennent le pas dès leur création en 1923. Pour la partie automobile, l’ACO fait courir de grosses cylindrées touristiques, le fleuron de la construction française – et bientôt, internationale. À côté de ça, le Bol d’Or auto est toujours réservé à ces petites 1,5 l, qu’elles soient de fabrication BNC, Amilcar ou Salmson. La partie moto, elle, reste pertinente. Joséphine Baker, fameuse chanteuse et actrice, se rend même sur les lieux pour une visite en 1931. Puis, en 1937, on change de lieu pour Linas-Montlhéry, un circuit qui ne faisait déjà pas l’unanimité à l’époque.

En raison de la Seconde Guerre mondiale, cela ne dure pas longtemps. Au sortir du conflit, une alternance se met en place entre Saint-Germain-en-Laye et Montlhéry jusqu’en 1951, avant de s’installer durablement dans cette dernière localité. Cette ère est charnière à plus d’un titre. D’abord, Eugène Mauve passe le flambeau. En 1954, deux pilotes sont autorisés par machine, et puis, en 1955, la dernière édition du Bol d’Or automobile se court. Les Cyclecars n’étaient plus à la mode, et l’épreuve ne prenait pas à l’international malgré l’appellation « Grand Prix de Paris » sur la fin. Désormais, le Bol n’était plus qu’une affaire de deux roues. C’est aussi la période de domination d’une des plus grandes légendes de l’épreuve, à savoir, Gustave Lefèvre dit Tatave, sept fois vainqueur sur sa Norton Manx.

En 1960, le Bol constitue une étape importante de la première Coupe d’Endurance, précurseur du Championnat du monde d’Endurance FIM EWC que nous connaissons aujourd’hui, et introduit sous sa forme finale en 1980. Puis, une nouvelle interruption mit en péril la légende. De 1961 à 1968, plus de Bol. Mais c’est pour mieux revenir en 1969 grâce à la popularisation des marques japonaises, toujours à Montlhéry. Désuet, le circuit parisien est délaissé en 1970 au profit du Mans ! C’est peu connu, mais le Bol d’Or se courut sur le Bugatti à sept reprises. C’est ici que se manifestent les George Godier et Alain Genoud, les Jean-Claude Chemarin ou encore, les non moins fameuses Honda-Japauto. À coup sûr, ce passage par le temple de l’endurance fait décoller la popularité du Bol d’Or.

 

Qu’il fait bon dans le Sud

 

Il faut rappeler qu’à l’époque, le Bol est organisé par Moto Revue, titre français historique lancé en 1913. Ce sont les Éditions Larivière qui avaient relancé la fameuse épreuve, mais une autre grande maison ne l’entendait pas de cette oreille. Moto Journal, paru pour la première fois en 1971, désirait aussi sa course de 24 heures, format plus populaire que jamais grâce à l’invasion des japonais sur les grilles, et dans les garages de monsieur Tout-le-monde. « MJ » s’associe avec l’ACO pour fonder les 24 Heures Motos en 1978, sur le Bugatti et dans les pas du Bol d’Or.

 

Bol d'Or

Le Paul Ricard, l’antre du Bol d’Or. Photo : NathEDL

 

Dès lors, les Éditions Larivière (aujourd’hui propriétaires des deux magazines) se trouvent un autre circuit pour perpétuer la légende du Bol. Le choix se porte sur le Paul Ricard, situé dans le Var. Inauguré en 1970 et présenté comme l’un des meilleurs tracés du monde, le Castellet est pris d’assaut par les motards venus admirer ce nouveau spectacle. C’est la période faste du Bol d’Or, celle qui fit sa renommée. La course est plus populaire que jamais, connue de tous, même de ceux qui ne font pas de moto. Une véritable « culture Bol d’Or » se crée ; les passionnés vibrent à la simple évocation des Christian Léon, des Pierre-Étienne Samin, des Hervé Guilleux, mais aussi, de toutes les petites histoires qui font la grande. Festive à souhait, elle devient l’une des courses motocyclistes de référence.

Puis, l’endurance captive moins à la fin des années 1990. Après une ère dorée vient un changement majeur ; le déplacement à Magny-Cours en 2000. Le Paul Ricard était devenu démodé, lâché par les Grands Prix motos, la F1 et désormais, le Bol d’Or. En plein cœur de la Nièvre, l’ambiance n’est pas la même. Les grandes années sont derrière, autant en tribunes que sur la piste ; désormais, les grandes équipes (SERT Suzuki, S.R.C Kawasaki…) règnent sans partage. C’est pendant ce laps de temps – un peu – moins passionnant que le Bisontin Vincent Philippe enchaîne les victoires pour le compte de Suz’, à savoir, sept succès.

Puis, en 2015, c’est le grand retour au Castellet. Pour beaucoup, il s’agit de la piste qui incarne « l’esprit Bol d’Or », et depuis, on se régale souvent de très belles batailles. Même si le design du circuit donne parfois mal au crâne, on peut se réjouir de retrouver la splendide ligne droite du Mistral, la courbe de Signes et bien d’autres virages appréciés de tous. Vincent Philippe y prit encore deux victoires supplémentaires et porta le total à neuf à l’issue de l’édition 2019 ; il s’agit du record. Côté marques, Suzuki compte 18 succès contre 17 pour Honda. Attention, car la firme ailée est leader du championnat à l’heure où ces lignes sont écrites ; après des victoires aux 24 Heures Motos ainsi qu’aux 8 Heures de Suzuka cette saison, elle pourrait bien refaire son retard dès dimanche.

Serez-vous présent, avec nous, pour suivre cette 86e édition du Bol d’Or moto ? Connaissiez-vous l’histoire de l’épreuve ? Dites-le nous en commentaires !

 

Vincent Philippe, fierté franc-comtoise, le maître du Bol. Photo : Éric Houdas

 

Photo de couverture : Agence ROL

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