Cet épisode fait suite à la première partie du récit, trouvable ici
même.
La préparation du premier championnat du monde 50cc était
primordiale. D’un côté, Kreidler,
possédant l’expérience et le savoir-faire contre les japonais de
Suzuki et Honda, qui n’étaient pas restreints par des modèles de
série. En effet, la firme allemande tenait à engager des machines
proches de ceux vendus dans le commerce.
Honda proposait une architecture complètement
différente : la RC110 était équipée d’un monocylindre
quatre-temps prenant 14 000 tr/min. Suzuki opte alors pour le deux
temps et bénéficiait de l’un des meilleurs pilotes de la
catégorie : le regretté Ernst Degner.
L’allemand de l’Est avait quitté MZ récemment et
mit rapidement le doigt sur les problèmes du monocylindre japonais.
Son expérience et les secrets de son ancien employeur aidèrent
considérablement Suzuki à proposer une machine performante.
La victoire se jouera entre ces trois constructeurs, c’est certain.
Le trophée vaut de l’or, tant le marché des 50cc est important au
début des années 1960. Lors de la première joute à Montjuïc,
Hans-Georg Anscheidt rafle la mise et donne espoir
aux équipes Kreidler. Quelques temps plus tard, le néerlandais
Jan Huberts fait de nouveau triompher la marque de
Stuttgart. Ça sent bon le championnat… Jusqu’à ce qu’un allemand ne
s’en mêle.
Quatre courses de rang. Ernst Degner débute sa marche en avant dès
le Tourist Trophy avant d’en remporter encore
trois de suite. Suzuki triomphe, Kreidler sèche ses larmes. Honda
se console avec de beaux résultats, grâce au suisse Luigi
Taveri (qui sera titré champion du monde 125cc).
Grâce à cette mi-saison de folie, Degner devient le premier
champion du monde 50cc devant notre bon Hans-Georg. Ils devancent
Taveri sur Honda, ce qui signifie que trois marques différentes
sont représentées sur le podium final. La compétitivité est
assurée, et le spectacle qui va avec également.
Au cours de cette saison inaugurale, cinq pilotes
différents ont remporté au moins une course, soit le plus
haut total dans les cinq catégories. Dans les faits, Suzuki est
malgré tout un ton au dessus. La firme d’Hamamatsu remporte les
titres 1963 et 1964 grâce à un seul homme. Hugh Anderson a remplacé
Degner en tant que pilote de pointe. Anscheidt termine toujours sur
le podium et remporte même des courses, mais ce n’est pas
suffisant.
Kreidler souffre de sa politique visant à
promouvoir ses machines commercialisées, tandis que les japonais
s’offrent le droit de concevoir de véritables prototypes.
Ceci poussa même Hans-Georg a hisser la grand
voile, rejoignant l’ennemi Suzuki après une saison 1965
désastreuse. Le tout pendant que Honda fête son premier titre de
champion, emporté par Ralph Bryans.
La firme allemande lâcha énormément de lest durant les années
suivantes. Leur ancien pilote d’usine enchaîne trois titres
mondiaux coup sur coup (!) chez Suzuki, une performance
incroyable prouvant qu’il sauvait les meubles chez son ancien
employeur. La catégorie était toujours disputée et spectaculaire
(trois pilotes en deux points en 1966), mais la philosophie
japonaise avait fait exploser les coûts. La 50cc n’était
plus ce qu’elle devait être.
La FIM décida de prendre des mesures strictes afin de limiter le
prix d’une machine de compétition. En désaccord avec ces décisions,
les japonais quittèrent purement et simplement la catégorie. 1969
sonne comme une révolution pour la 50cc. Le nombre de concurrents
explose ! De nouveau constructeurs font leur apparition, tels que
KTM, Garelli,
Reimo et bien d’autres encore. Kreidler et
Derbi , présents
depuis la toute première saison en 1962, décidèrent de renforcer
leurs effectifs et de revenir en trombe.
Allemagne contre Espagne, un beau match, en somme. Côté
Pyrénées, le légendaire Ángel Nieto. Côté Rhin, les néerlandais
Aalt Toersen et Jan de Vries.
L’affrontement désormais légendaire s’étendant sur plusieurs années
sera conté dans le prochain volet de cette saga spéciale 50cc.
Rendez-vous prochainement !