Pons Racing cessera son activité à la fin de la saison 2023. Avec elle, c’est une génération, des souvenirs, une époque qui s’en va. Depuis hier, nous rendons hommage à cette formidable équipe. D’abord, nous nous sommes penchés sur ses débuts en catégorie reine, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Aujourd’hui, place à la renaissance.
La deuxième vie de Pons Racing
En 2009, l’espoir renaît. Sito réunit des fonds, et relance une affaire avec Aprilia en 250cc. Sous le nom « Pepe World Team », l’équipe compte sur Héctor Barberá et Axel Pons, fils de Sito. Le but est de se recentrer sur les talents espagnols à moindre coût, philosophie qui avait disparue au fil de l’épopée MotoGP. Le succès est immédiat. Héctor Barberá réalise une saison fantastique, seulement battu par le champion du monde Hiroshi Aoyama au général. Rapidement, un nouveau challenge fait face aux équipes de Sito. Comme d’autres, il s’inscrivent pour les débuts du championnat Moto2 en 2010, une nouvelle catégorie à moteur 600cc Honda standardisé, mais qui laisse la possibilité aux différentes (et nombreuses) formations de choisir leur châssis.
Et du choix, il y en avait ! Mais Sito jette son dévolu sur Kalex, une décision qui s’avère rapidement payante. Plus fidèle à son pays que jamais, il sélectionne exclusivement des sponsors espagnols, dont un qui fit sa renommée ; Los40. Parfois appelée « 40 » (prononcer « cuarenta ») ou « Los 40 Principales », il s’agit d’un réseau de radio populaire dans tout le monde hispanique. Une entreprise tentaculaire qui s’implique énormément dans l’aventure. Désormais, les pilotes devront aborder le n°40 quand ils signeront avec l’équipe ! Une particularité rare à notre époque, qui rappelle les numéros privés appartenant aux patrons utilisés en NASCAR. À raison de deux larrons sous le auvent, il y a, bien sûr, des exceptions, mais c’est un clin d’œil que l’on retrouve jusqu’à la saison 2023, où Arón Canet l’aborde à son tour.
Les talents se succédèrent sous la houlette de Sito Pons, qui, assurément, s’affirmait comme l’un des meilleurs recruteurs de la planète motocycliste. Les noms, vous les connaissez ; Aleix Espargaró, Tito Rabat, Luis Salom, Maverick Viñales, Álex Rins, Augusto Fernández, Alonso López et même, sur la fin, des internationaux comme Luca Marini, Fabio Quartararo et Lorenzo Baldassarri. Nous en avons volontairement oublié un, le seul qui fut titré dans une des trois catégories majeures chez Pons : Pol Espargaró. En 2013, le petit frère d’Aleix joue le titre face à Scott Redding mais l’Anglais est clairement meilleur en début de saison. Avec plus de 30 points d’avance au moment de la pause estivale, le boulot semble fait. C’était sans compter sur la résilience de « Pollycio », qui réussit à remonter au général jusqu’à finir titré ! Sito avait enfin réalisé son rêve ; faire couronner un jeune talent espagnol.
L’équipe jouait toujours devant, aussi grâce à son matériel. Il s’agissait de la seule écurie à bénéficier d’une appellation différente, à savoir « Kalex-Pons » ! Contrairement à MarcVDS, autre équipe historique, ils ont toujours fait confiance aux allemands pour la confection de leurs châssis. Mais ça ne s’arrête pas là ! Pons a remporté deux coupes du monde MotoE grâce à Jordi Torres, et a aussi grandement œuvré à l’éclosion de talents en monoplace, de Heikki Kovalainen à René Binder. Bref, une vie bien trop courte pour être résumée en 1300 mots.
Nous désirions publier ceci pour des raisons plus personnelles. L’auteur de cet article, pas si jeune mais encore trop pour oser écrire à la première personne du singulier, grandit avec Sito Pons. À travers les jeux vidéos d’abord, que ce soit les créations de Namco au début des années 2000 – où Max Biaggi était l’un des meilleurs pilotes sur cette Honda jaune pétant – jusqu’au renouveau de la licence via Milestone en 2013. En poster, aussi, avec cette énorme glisse de Pol Espargaró sous les spotlights qataris en 2012. Nous pensons parler au nom de tout le monde en affirmant que Pons Racing incarne une période, voire deux. Celle du flamboyant Álex Rins, qui roule malgré un drapeau noir pour continuer de se battre en piste à Misano. En MotoGP comme en Moto2, Pons nous aura laissé des souvenirs indélébiles, et l’on espère le revoir sous peu sur les circuits. Quelques jours après la rédaction de cet article, nous apprenions son implication chez RNF Racing dès le début de saison 2024. Que voulez-vous, la passion a parlé.
Et vous, que retenez-vous de l’aventure Pons en Grands Prix ? Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport