Si vous suiviez le MotoGP au milieu des années 2000, impossible d’être passé à côté de John Hopkins. Doué mais pas toujours au bon endroit, il est sans doute l’un des meilleurs pilotes à n’avoir jamais remporté de Grand Prix, mais qui a aussi frôlé le pire ! Né en 1983 en Californie de parents britanniques, John – qui possède la double nationalité – fut toujours imprégné de cette culture. En effet, il manqua de peu le titre de British Superbike en 2011 et porta toujours beaucoup d’attention à ces courses atypiques et musclées.
Mais bien avant cela tout commence sur une motocross. Il décide de passer sur piste en l’an 1999. Un choix que de nombreux jeunes réalisent, voyant plus d’opportunités et un nouveau monde à découvrir. À 19 ans seulement, il est déjà très doué sur grosses cylindrées et maîtrise ses gammes. Rapidement, il se fraye un chemin vers le plus haut niveau. en 2002 : le MotoGP lui ouvre ses portes. Une arrivée directe en catégorie reine est rare mais finalement assez fréquente pour les américains, la culture de la glisse aidant.
En parlant de glisse : il est repéré par le WCM Yamaha Red Bull Team, où Gary McCoy tient les commandes. Auprès du doué Australien, il peut apprendre continuellement la maîtrise des impardonnables 500cc. Son année rookie est tout à fait honnête pour son jeune âge, ce qui lui vaut de se faire pêcher par Suzuki. Depuis le titre de Kenny Roberts Jr. en 2000, la marque est quelque peu aux abois. L’américain tient la formation à bout de bras, tandis que Sete Gibernau connaît énormément de soucis. D’ailleurs, cette année marque la dernière de l’Espagnol au sein de la maison japonaise.
Le contexte est donc favorable à l’arrivée d’Hopkins : une équipe en reconstruction, avec un Roberts Jr. sur la fin, une machine moins puissante qui peut permettre les coups d’éclats sous la pluie et mettre en avant le pilotage. Cependant, le duo américain ne s’attendait pas du tout à ça. Début 2003, la messe est dite. La GSV-R qui pourtant, pointait parfois sur le podium, est en perdition complète. Avec 43 points marqués à eux deux sur la saison (John pointant en 17e place au général, deux places devant son coéquipier), Suzuki réalise l’un des pires exercices de son histoire, figurant même derrière Aprilia au championnat constructeur.
Si Roberts Jr. prend la pole par miracle à Rio de Janeiro l’année suivante, les résultats ne sont pas meilleurs. Mais encore une fois, John est devant son coéquipier au général. Dur de briller dans de telles conditions. Après trois ans de galère – 2005 inclus – l’arrivée de nouvelles personnes au développement et d’un sponsor puissant semblent redonner le sourire aux équipes Suzuki. Une fois de plus, le contexte est parfait : Roberts Jr. n’étant plus là car remplacé par Chris Vermeulen, Hopkins devient pilote n°1. Ceci peut donc l’aider à vaincre sa réputation de pilote parfois hasardeux.
C’est le déclic : « Hopper » se rapproche et score même une pole à Assen, la première et seule de sa carrière. Le passage de 990cc à 800cc ne lui fait pas peur : tandis que la nouvelle cylindrée est loin de faire l’unanimité, le « dark horse » (où cheval noir) réussit parfaitement la transition. Auteur d’une saison magnifique ponctuée de quatre podiums, l’Américain parvient à se ranger à la quatrième place des pilotes, deux places devant son coéquipier pourtant plus populaire. Sa cote augmente en même temps qu’une écurie en plein essor lui fait les yeux doux : Kawasaki.
Alors que tout le monde le voyait continuer sa route chez Suz’ pour espérer glaner des victoires, ‘Hopper’ fait le choix de rejoindre les verts pour 2008. Une décision trop osée. Il n’y a pas de suspens : dès le début de l’année 2008, Hopkins est loin du rythme qu’il affichait un an plus tôt. À Assen, il se met un volume absolument monstrueux dans un secteur rapide en qualifications. Une chute des plus impressionnantes, terrifiantes. Alors que les spectateurs retiennent leur souffle, John ne souffre « que » d’une fracture de la cheville. Ce jour-là, les dieux du MotoGP étaient de son côté.
À la fin de l’année, Kawa’ annonce son retrait de la catégorie, laissant Hopkins le bec dans l’eau. Après cette saison noire, on ne le revit qu’à de rares occasions sur Suzuki pour remplacer Alvaro Bautista en 2011, entre autres. Un triste fin pour quelqu’un qui, au vu de son talent, aurait pu rejoindre les grands de ce sport : sa saison 2007 ne trompe pas. Mais ce dernier peut remercier tous les dieux de la Terre de ne pas avoir été sévèrement amoché aux Pays-Bas.
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