A l’occasion de la présentation officielle de l’équipe Movistar Yamaha MotoGP, le Directeur général du team Lin Jarvis s’est longuement entretenu avec Vale, dont voici les points de vue.
Tu commences ta douzième saison avec Yamaha, sur un total d’une vingtaine. Où trouves-tu encore ta motivation ?
« C’est toujours difficile, et de plus en plus chaque année. Dans cette partie de ma carrière qui commence avec mon retour chez Yamaha en 2013, j’ai changé de chef mécanicien en 2014 et ai commencé à travailler avec Silvano. Je me sens bien, concentré, avec une bonne motivation. Ce qui fait la différence, c’est la passion pour la course moto. C’est toujours un grand plaisir de travailler avec mon équipe et avec Yamaha.
Tu as piloté pendant quatre jours la Yamaha 2017. De ton point de vue, quels sont ses points forts ?
« Nous étions déjà parvenus à un très haut niveau de performance et il nous faut maintenant travailler sur les petits détails. Il faut améliorer en particulier la deuxième partie de la course, où nous avons un peu souffert l’année dernière avec les Michelin. Mais l’impression est bonne, le moteur est plus rapide. Nous avons également trouvé une marge de progression sur le châssis.
Après les deux dernières journées d’essai, quels progrès as-tu demandé aux ingénieurs de réaliser pendant l’hiver ?
« Tout d’abord d’améliorer l’accélération en sortie de virage, en particulier avec l’électronique. De ce point de vue, nos ingénieurs sont très bons. Il reste encore du potentiel sur lequel travailler.
Tes trois dernières saisons ont été excellentes, même si tu souhaites mettre fin à cette série de trois deuxièmes places. Comment peux-tu progresser ?
« Ce moment de ma carrière est comme un rêve. Le plus important pour moi cette année, ce sera d’être plus rapide et compétitif. J’essaie de me battre pour la victoire lors de chaque course. Terminer trois fois deuxième est négatif d’un certain point de vue, car je n’ai pas gagné, mais il y a plus de positif que de négatif car j’étais toujours présent pour me battre pour le titre lors des trois dernières saisons.
Qu’est-ce que Yamaha et l’équipe peuvent faire de plus pour t’aider ?
« Yamaha a fait un travail fantastique fin 2014, et en 2015 nous avions clairement la meilleure moto. Nous avons gagné beaucoup de courses et avons terminé premier et deuxième du championnat. La moto est restée compétitive l’année dernière, mais dans la deuxième partie de la saison nos compétiteurs ont progressé plus que nous. Il faut que nous mettions une pression positive sur nos ingénieurs pour améliorer.
Un de tes points forts dans ta carrière a été de conserver les mêmes personnes dans ton équipe. En sera-t-il de même cette année ?
« Oui, conserver ce très bon groupe est important. Il y a eu quelques changements depuis qu’il a été constitué en 2000, mais il va rester le même.
Il ne faut pas rater une seule course, donc il est nécessaire d’être bien entraîné. Vas-tu changer quelque chose à ton entraînement pour cette année ?
« Chaque année je travaille plus dans ce domaine, ou plus exactement je travaille mieux. Il y aura donc quelques petites modifications, quelques différences. Mais la préparation va continuer dans la même direction.
Tu as un nouveau coéquipier avec Maverick, qui a été très rapide lors des tests. Quelle est ton opinion après l’avoir vu piloter la moto ?
« J’espère que Vinales sera un moindre problème comparé à Lorenzo (rire). Mais malheureusement dès le premier test il a été très fort. Yamaha a une très bonne équipe cette année. Maverick est le jeune et moi l’ancien, ça veut dire que vous pouvez avoir la folie, la vitesse et la fraicheur du jeune, ainsi que l’expérience de l’ancien. Je pense que ça fait une bonne équipe. J’ai l’habitude chez Yamaha d’avoir un coéquipier fort. C’est ainsi que fonctionne l’équipe, et je pense que c’est la bonne manière. D’un point de vue c’est difficile, de l’autre c’est une grande motivation.
L’équipier peut aider le team à obtenir de meilleures performances ?
« Tout d’abord, les deux doivent avoir du respect l’un pour l’autre. Il est important de travailler dans la même direction pour améliorer la moto. Il faut la rendre plus compétitive pour arriver premier et deuxième au championnat.
Quel conseil donnerais-tu à ton nouveau coéquipier ?
« Je lui donne des conseils concernant les autres pilotes, un peu moins me concernant (rire). Il est toujours très rapide. Il n’a pas besoin de conseils parce qu’il est déjà très fort. Il est prêt après deux ans sur une moto d’usine. Il sait comment travailler au sein d’un team officiel. Pour lui tout sera plus facile car il dispose maintenant d’une meilleure moto. J’espère qu’il ne va pas aller trop vite !
Tu pilotes, mais travaille aussi avec tes équipes, le Ranch, ton entreprise de merchandising, la Riders Academy, la Yamaha Academy… Tant d’activités, n’est-ce pas fatigant ?
« Au début j’ai commencé pas à pas car le plus important reste pour moi d’aller vite sur la moto. Puis avec le temps j’ai découvert que ces activités ne représentaient pas tant de temps que ça. La grande pression est pour moi sur le circuit d’essayer de gagner des courses. Le reste est très facile. J’ai un bon groupe d’amis autour de moi, et nous travaillons avec de jeunes pilotes, ce qui est très positif. C’est amusant, ce n’est pas du travail. Je laisse le travail le plus dur aux autres gars, moi je suis le pilote (rire).
Yamaha a amené l’année dernière cinq pilotes asiatiques pour un Mastercamp à l’Academy. Quel souvenir en as-tu ?
« On a concentré le programme d’une semaine en trois jours. C’était très bien car ça peut être aussi mon avenir. Ça aide les jeunes pilotes à se développer. Tout s’est bien passé, et l’un d’entre eux fera quelque chose avec nous cette année, mais c’est une surprise.
Ce concept peut-il devenir plus international ?
« Bien sûr. On s’est occupé de l’Asie car c’est très important pour Yamaha, mais ça peut fonctionner pour le Monde entier. Ça les aide à être plus forts, plus rapides, au top.
As-tu planifié de disputer d’autres rallyes automobiles ?
« Je le souhaiterais, mais je préfère être concentré sur le MotoGP pendant la saison. En dehors, je peux faire par exemple Monza. Quand j’arrêterai la moto, j’espère courir pendant plusieurs saisons en voiture. C’est plus confortable, on est assis. J’aime beaucoup la course automobile et les sports mécaniques en général.
Tu aimerais faire le Dakar ?
« C’est un de mes buts. Mais c’est très dur, il faut être bien préparé. Et bien sûr je le ferai en voiture car en moto c’est un peu dangereux. On verra, mais pour le moment je suis plus concentré sur les 24 Heures du Mans. C’est mon premier but parce que je me sens mieux sur un circuit.
Regrettes-tu de n’être pas parti en F1 ?
« Non, je pense que ça a été la bonne décision. Après 2006 j’ai eu de bonnes saisons en moto, avec de belles courses, de bonnes bagarres, donc je n’ai aucun regret. J’ai réfléchi dans l’avion en allant faire des essais de F1 et ai décidé que je n’étais pas prêt.
Auras-tu le temps de faire du snowboard cet hiver ?
« Probablement pendant un week-end parce que j’aime beaucoup la montagne. Ma famille m’y amenait quand j’étais petit, et maintenant j’y vais avec un bon groupe d’amis. Mais souvent une fois que les tests ont commencé je n’ai plus le temps. J’y suis déjà allé huit ou neuf jours cet hiver, ce qui n’est déjà pas mal. »