Fournisseur exclusif des Championnats du Monde Superbike et Formule 1, le manufacturier italien a été acheté par l’entreprise d’état chinoise ChemChina pour € 7,1 milliards en 2015. Depuis sa fondation à Milan en 1872 par Giovanni Battista Pirelli, il a acquis largement assez de connaissances pour pouvoir un jour prétendre à devenir le fournisseur exclusif de la MotoGP.
En mai 2014, Dorna fit un appel d’offre (comme la loi européenne l’y oblige) pour la fourniture exclusive des pneus pour la catégorie MotoGP, en remplacement de Bridgestone en partance. Michelin fut le seul manufacturier à proposer ses produits, et devint effectivement le fournisseur unique à partir de début 2016.
L’appel d’offre doit être régulièrement renouvelé, à chaque reconduction du contrat de fourniture. Ceci est valable pour toutes les catégories. Pirelli est coutumier de la procédure, équipant de nombreux championnats. Alors pourquoi pas un jour la MotoGP, dont l’équipement pneumatique n’est pas à des années-lumière de celui du mondial Superbike ?
D’après Matteo Giusti, le Directeur de la communication de Pirelli, « Vous devez commencer par savoir que, dans deux championnats de niveaux supérieurs comme la Superbike et la MotoGP, il y a beaucoup de difficultés à surmonter, plus que ce que vous pourriez penser.
« En MotoGP, vous parlez de prototypes, à la fois en termes de motos et de pneus, et les ventes commerciales ne sont donc pas considérées. Cela peut être important, un facteur positif et négatif. Avoir à satisfaire le public peut augmenter le désir de trouver un pneu qui peut fonctionner pour toutes les motos, ce qui en MotoGP a beaucoup moins d’importance, laissant certains constructeurs insatisfaits du produit. »
Avec les compétences acquises en Superbike, fournir un jour dans l’avenir la MotoGP ne poserait pas pour Pirelli de problèmes majeurs, ni dans les domaines techniques, ni logistiques. Pour Giusti, « La réponse est qu’il ne faut jamais dire jamais. Nous ne pouvons exclure la possibilité de venir en MotoGP, ce qui serait un monde complètement nouveau pour nous.
« La Superbike nous permet d’avoir une bonne visibilité, tout en nous aidant à développer un produit avec certains des meilleurs pilotes, avant de mettre les pneus en vente pour tous. Nous avons un double objectif : une exposition médiatique et du business.
« En MotoGP, ce raisonnement tombe, alors même si nous pouvons envisager d’y aller un jour, notre engagement envers la Superbike se poursuivra néanmoins. »
Que signifie Matteo quand il parle de business ? Tout simplement que Pirelli ne donne pas ses pneus, mais les vend, en Superbike comme en F1. Si Michelin les donne gratuitement aux équipes de MotoGP, comme Bridgestone auparavant, et comme Dunlop en Moto3 et Moto2, ce n’est pas dans la pratique de Pirelli.
Et ce sont des malins, chez Pirelli. Pour éviter un procès si un pneu présente un grave défaut en course, le client (l’équipe qui court) n’achète en fait pas les pneus eux-mêmes, mais « le savoir-faire, les conseils et l’expérience » de Pirelli.
Quel serait l’intérêt de Pirelli de venir en GP ? Essentiellement d’avoir des retombées, car comme le reconnait Matteo Giusti lui-même, pour ce qui est du Superbike « en ce moment, avoir un pilote comme Jonathan Rea, sur une moto comme la Kawasaki, ne contribue pas à faire un championnat passionnant ».
Photo © Pirelli
Source : Gianmaria Rosati pour gpone.com