C’est maintenant acté depuis un peu plus d’un mois, Jorge Lorenzo a lancé sa chaîne Youtube pour pouvoir s’exprimer et dire comment il analyse les choses lors de sa série « 99seconds », qu’elles concernent le passé ou le présent du MotoGP.

À l’époque, il avait partagé ses motivations à notre partenaire espagnol, Motosan.es.

« J’ai toujours eu l’attention attirée par les gens qui ouvraient des chaînes YouTube et parlaient des sujets qu’ils voulaient aborder, j’ai toujours eu ça en tête. Au départ, mon idée était d’être commentateur sur une chaîne de télévision qui diffuse le MotoGP, et j’ai signé un contrat avec une chaîne en 2020 mais le coronavirus a tronqué les plans. Pour 2021, pour le moment, nous n’avons pas trouvé l’accord que je voulais pour rejoindre une chaîne donc j’ai pensé que la meilleure solution était de créer cette chaîne et de transmettre ma vision en tant que pilote de MotoGP, retraité depuis peu. Je pense que c’est une qualité car d’autres journalistes ont plus d’expérience que moi dans le commentaire mais n’ont pas ressenti ce que c’est que de piloter une MotoGP. »

« Ce que je voudrais surtout transmettre, c’est la vision d’une personne qui a gagné des courses, des titres et qui s’est battue pour les championnats du monde. En dehors des résultats, le simple fait d’avoir roulé sur une MotoGP, très peu de journalistes ont roulé sur une moto de haute performance, donc savoir comment les pneus fonctionnent ou la charge aérodynamique du carénage… toutes ces choses sont des choses que seul quelqu’un qui a vécu cela peut expliquer. Je pense que c’est là que je vais me différencier des autres Youtubers ou journalistes du championnat du monde. J’aimerais aussi faire des interviews des pilotes actuels et inviter les fans à poser des questions, faire des tombolas pour m’accompagner à des événements ou dans des voyages… »

Le 5 fois champion du monde espagnol se prête donc à cet exercice avec une réputation de sincérité jamais démentie au cours de sa carrière sportive…

« Je ne dirais pas super sincère parce que si tout le monde était sincère, peu de gens auraient des amis dans ce monde. Mais malgré la diplomatie qui règne toujours un peu dans le sport à cause des intérêts, j’ai toujours été l’un des coureurs les plus sincères et les plus honnêtes. Pour moi, bien que pour certains ce soit un défaut et que dans ma vie cela m’ait porté préjudice, je dirais que je ne sais pas si cela m’a porté préjudice mais cela m’a caractérisé, cela m’a rendu différent des autres et cela dans la vie est plus une vertu qu’un défaut. J’ai toujours admiré les personnes honnêtes et sincères qui agissaient de manière congruente, j’ai toujours voulu être comme ça et je pense l’avoir été tout au long de ma carrière. »

C’est donc avec cette aura de sincérité que le pilote de Majorque a commencé par regretter de ne pas avoir été retenu par Yamaha en tant que pilote d’essai.

« Cal est un pilote très rapide, un pilote très explosif sur un tour et il a gagné des courses, donc Yamaha aura un pilote rapide. Mais ce que j’ai dit à l’époque, c’est qu’au cours des années passées chez Yamaha et aussi chez Ducati, j’ai toujours été l’un des pilotes les plus sensibles du plateau. C’est une qualité pour faire évoluer les motos et c’est une qualité dont Yamaha n’a pas su tirer parti en m’engageant, ce qui m’a laissé un mauvais goût en bouche. Ils n’ont pas profité de moi et je pense que Cal va bien faire, mais je pense qu’ils ont pris la mauvaise décision. »

Voilà un préambule qui mettait directement dans l’ambiance dès le lancement de sa chaîne, et ce genre d’affirmations tranchées s’est poursuivi au fil des épisodes, y compris dans le dernier, publié à l’occasion du Grand Prix de France, dont il garde un très mauvais souvenir des spectateurs de l’édition 2006…

« Je me souviens aussi précisément de cette course quand, deux ou trois heures plus tard, nous sommes partis vers le circuit. Nous avons pris la voiture avec Dani Amatriain et dans l’un des tunnels à la sortie de ce circuit nos avons été assaillis par une centaine de Français totalement ivres, très violents ou inconscients, qui ont essayé de nous secouer la voiture et nous ont pratiquement renversés la voiture en nous insultants. Nous avons passé quelques instants très tendus et très effrayants, les plus effrayants que je n’en ai jamais passés dans ma carrière sportive. C’était une fin de semaine qui ressemblait à la série The Walking Dead. »

Le numéro 99 se remémore ensuite l’année 2010 difficile avec Valentino Rossi, et précise : « Le week-end du Grand Prix, Valentino Rossi a pris la pole position pour quelques centièmes. C’était une course vitale pour que certains coureurs partent ou négocient pour l’année suivante, et Valentino a commencé à parler à Yamaha en disant de façon basque « C’est Lorenzo ou c’est moi ! ». Étonnamment, Yamaha a répondu en lui ouvrant les bras : « si tu le souhaites, nous continuons et nous avons beaucoup à faire, mais nous n’allons pas nous passer de Lorenzo ». Cela a fait beaucoup de mal à Valentino, car il y voyait comme une trahison après les titres et les victoires qu’il avait remportés pour la marque, et le fait qu’il l’avait faite progresser depuis 2004. Mais Yamaha pensait aussi à l’avenir et ne voulait pas se passer de mes services. »

Ne croyez toutefois pas que l’Espagnol n’a pour but que de régler des comptes ou de rétablir des vérités. Non, il nous raconte simplement le passé, comme sa célébration 20210, en détails et avec sa franchise habituelle…

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