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Après les explications fournies par Éric de Seynes quant à la stratégie de Yamaha Europe mise progressivement en place pour rendre le plus accessible possible la compétition moto aux jeunes pilotes, puis les révélations de ce dernier par rapport à Johann Zarco et Fabio Quartararo, nous avons eu l’occasion de suivre Fabio Quartararo, en commençant par une conférence de presse collective donnée par ce dernier.

Celle-ci a eu lieu avant que le pilote officiel Yamaha MotoGP ne se rende sur la piste de cross puis la piste de vitesse du Pôle mécanique de Clastres pour observer et rencontrer les 30 participants à cette troisième édition du Yamaha bLU cRU CAMP.

 

 

Fabio Quartararo : « J’aurais toujours aimé avoir un événement comme celui-là quand j’étais petit, et qu’un leader de championnat du monde, dans n’importe quelle catégorie mais surtout MotoGP, vienne nous voir rouler. Je pense que c’est quelque chose d’exceptionnel, et que Yamaha organise ce CAMP, je trouve que c’est très intéressant. Plus que de recevoir des conseils, je pense que de voir tous ces athlètes Yamaha qui viennent voir ces pilotes donne à ces derniers un boost d’énergie extraordinaire.
Sincèrement, c’est un événement qui est toujours assez sympa, de voir comment les jeunes roulent et essayer de leur donner quelques conseils. Mais plus que des conseils, je pense que c’est un boost pour eux de voir autant de sportifs qui sont des modèles dans leur sport, et je pense qu’ils vont repartir content de ce CAMP. »

Interrogé sur son parcours personnel, El Diablo se remémore : « Vraiment petit, j’ai fait pas mal de stages Conti , et c’était assez marrant, mais ce n’était pas organisé de cette façon : Il n’y avait pas vraiment de pilotes qui venaient nous voir, même si c’était très intéressant de le faire déjà à cet âge-là. Mais le niveau bLU cRU, c’est un niveau au-dessus et avec tous ces athlètes qui viennent ici, je pense que ça fait énormément plaisir aux jeunes de maintenant. »

Quant au conseil général que le leader du championnat du monde MotoGP peut donner, il est relativement simple : « Sincèrement, je pense que c’est de s’amuser ! Pour ceux qui ont entre 8 et 12 ans, je vois énormément de pilotes qui s’entraînent énormément physiquement, mais je pense que beaucoup de pilotes sont beaucoup trop dans l’entraînement pur.
C’est souvent les parents qui forcent leur enfant à faire du sport, à courir, aller faire du vélo, à aller à la salle. Sincèrement, de cinq ou six ans jusqu’à 12,13 ou 14 ans, le plus important est de monter sur la moto et de s’amuser. C’est ce que j’ai fait, tout en faisant des championnats et en roulant énormément. Si le pilote a vraiment envie de rouler, il va insister, mais le plus important, c’est de s’amuser ! Quand j’étais petit, je ne m’entraînais, entre guillemets, jamais, et j’ai commencé à m’entraîner à l’âge de 13 ou 14 ans. Pour moi, l’entraînement, avant, c’est sur la moto et ce n’est pas en faisant des courses à pied que cela va changer grand-chose. Quand on est sur la moto et qu’on s’amuse, c’est là où on va vite ! »

Le bLU cRU CAMP s’adressant à 17 pilotes de vitesse et 13 pilotes de motocross, il a été demandé au jeune Niçois comment il approchait cette discipline…

« Le motocross, je gère un petit peu moins mais en hiver c’est ce que je fais le plus. Pour moi, c’est le meilleur entraînement pour un pilote de moto. Après, chaque pilote a son style et ses préférences pour s’entraîner. Je sais que je préfère faire beaucoup plus de motocross que de R1, surtout entre deux saisons. Je préfère vraiment rouler sur du off-road alors que d’autres pilotes aiment vraiment rouler sur la piste. Pour moi, avoir un complément comme le motocross, le flat track et le trial, tant qu’il y a deux roues et un moteur, je pense que c’est complémentaire et qu’on peut trouver pleins de points positifs dans chaque discipline. Même si ça fait une toute petite différence, mentalement si on sait qu’on a fait un bon boulot, on se sent un petit peu plus préparé quand on monte sur la MotoGP. C’est surtout mental. »

Enfin, l’officiel Yamaha a été interrogé pour savoir s’il suivait les  » petites  » catégories en vue de détecter de futurs talents…

« Sincèrement, je ne vais pas mentir : Je suis tellement un peu dans ma bulle et concentré sur mon championnat que ce n’est pas facile de repérer quelqu’un. En Moto3, c’est toujours facile : Quand on voit un Pedro Acosta qui arrive et qui gagne en partant de la pitlane, c’est facile de dire « lui, je savais qu’il était bon ». Mais si on doit vraiment repérer un pilote, c’est dans les catégories un petit peu inférieures, je pense même avant le CEV car c’est là où il faut voir le potentiel d’un jeune pilote, pour voir s’il est au-dessus. Acosta, en Rookies Cup, c’est vrai qu’il était au-dessus ! Mais c’est vrai que s’il faut vraiment repérer quelqu’un, il faut se concentrer sur certains championnats pour vraiment regarder, et en ce moment c’est vrai que je suis plus dans ma bulle et dans mon objectif. »

La question s’est alors posée de savoir à quel âge fallait-il commencer à performer et y a-t-il un moment où c’est déjà trop tard…

« Il n’y a pas vraiment d’âge. Je sais que je suis monté super jeune mais après, plus que l’âge, je pense qu’il faut essayer de rester le moins de temps possible dans une catégorie. Je vois beaucoup de pilotes qui restent longtemps en Moto3, mais quand ils font le step en Moto2 ce n’est pas la même chose. Moi je n’ai pas vraiment eu le temps de m’adapter à une moto que j’étais déjà dans la catégorie au-dessus ! Je ne pense pas qu’il y a vraiment d’âge : Bien sûr, le plus tôt possible c’est le mieux, et après c’est essayer d’avoir les meilleures capacités sur la moto que l’on a. Après, chaque pilote a un petit peu sa mentalité : de dire « mon objectif, c’est d’être champion du monde » ou de dire « mon objectif c’est d’arriver le plus tôt possible en MotoGP, puis être champion du monde ». Moi, quand j’ai eu l’opportunité de monter en MotoGP, j’aurais pu rester en Moto2 pour me battre pour le titre, mais j’ai décidé de monter en MotoGP parce que je savais que c’était mon rêve. Et maintenant, on se bat pour être champion du monde en MotoGP ! Donc chaque pilote a un petit peu sa façon de considérer la chose. »

 

 

Enfin, même si le bLU cRU CAMP est le symbole parfait d’une nouvelle approche, il a été demandé à Fabio Quartararo si en l’état actuel des choses un Français pourra éviter de passer par l’Espagne ou l’Italie pour arriver en Grand Prix…

« Ça semble très compliqué, et il faudra vraiment que ce soit dans le futur, parce que ce qu’a fait surtout l’Espagne, c’est que son championnat est renommé dans le monde entier. On voit qu’il y a des Australiens, des Japonais, et en MotoGP, on voit aussi qu’il y a quatre circuits en Espagne, donc tout le monde est un petit peu tenté d’aller en Espagne et plein de grands pilotes sont passés par là. Beaucoup de personnes, et moi le premier, ont pris le modèle de par où est passé Márquez, par où est passé Rins, et par où sont passés pratiquement tous les pilotes qui sont en MotoGP, c’est-à-dire le CEV. C’est surtout une question de réputation et même si la France et la Fédération arrive à créer un très gros championnat, il y a beaucoup de retard et il faut vraiment que quelqu’un sorte de ce championnat et arrive vraiment en MotoGP. On dira « ah, ce pilote est parti de France » et c’est à ce moment-là où plein de pilotes vont arriver, et c’est là où ça va intéressant. Mais ce n’est pas facile de dire si c’est maintenant et je ne sais pas comment ça va se passer. »

Après avoir été sollicité par de très nombreux médias (allant des influenceurs sur Youtube aux télévisions et radios nationales comme Canal+, M6, RMC, en passant par la presse écrite comme l’Equipe et Le Parisien) pour des interviews et des mises en scène plus personnalisées auxquelles il s’est prêté avec une patience infinie, Fabio Quartararo s’est rendu l’après-midi sur la piste de motocross puis sur la piste de vitesse pour observer et discuter avec les 30 participants à cette troisième édition du bLU cRU CAMP.

 

 

Nous l’avons suivi in situ et, tout comme lui, avons été surpris par la qualité de ce pôle mécanique qui, il faut bien l’avouer, nous était jusqu’alors totalement inconnu. Établi de part et d’autre de l’ancienne piste d’aviation de la base aérienne de Saint-Simon – Clastres dans l’Aisne, le complexe récemment mis à jour comporte un circuit de vitesse, un terrain de cross, une piste pour les dragsters et quelques bâtiments récents servant d’ateliers, de salles de réunion et de bâtiment administratif.

La rencontre avec les pilotes de cross a été relativement brève mais sympathique, Fabio Quartararo pratiquant cette activité durant la pause hivernale.

 

 

Puis cela a été au tour des 17 pilotes de vitesse d’être observés par le leader du championnat du monde, avant de recevoir quelques conseils.

 

 

Là, trajectoires, vitesses de passage, choix du rapport engagé, tout a été passé en revue oralement puis amélioré sur la piste avant un dernier débriefing, mais ce qui nous a le plus frappé, c’est qu’en à peine deux ou trois passages des 17 pilotes, Fabio Quartararo avait complètement mémorisé à la fois leur numéro et leurs défauts ! Impressionnant !

 

 

Grâce à sa gentillesse, nous avons eu la chance de pouvoir lui poser encore quelques dernières questions, une fois toutes les activités terminées…

Fabio, entre toutes les sollicitations des médias et les activités en piste, tu as passé une journée très chargée au bLU cRU CAMP : A-t-elle été bonne ?

« Sincèrement, c’était intéressant ! C’est vrai que les interviews, c’est long, mais ça fait quand même plaisir de voir autant de gamins qui sont contents de me voir. Ça m’a fait plaisir et je pense que c’est important de voir tous ces gamins être contents. Quand j’avais leur âge, entre 12 et 14 ans, je n’ai jamais eu la chance qu’il y ait un pilote MotoGP qui vienne me voir rouler, donc c’était cool de le faire. »

Tu avais déjà participé à la précédente édition en 2019 à Eyguières. Quelles différences as-tu notées entre les deux ?

« La dernière fois, il n’y avait pas autant de presse, et surtout, cette année c’était dans un cadre où il y avait le motocross au même endroit et pas mal d’autres activités. J’ai bien aimé le circuit de cross car je m’attendais à un petit circuit, mais c’est vraiment un très beau circuit, donc j’ai été assez surpris. C’est bien aussi qu’il y ait eu un mixte de filles et de garçons, donc je pense que c’est intéressant car à mon avis, plus les années vont passer et mieux ce CAMP va être. C’est déjà très très bien organisé mais je pense que cela ira encore de mieux en mieux, si on regarde l’évolution qu’il y a déjà eue en deux ans. »

Honnêtement, nous avons découvert en toi une capacité de mémorisation assez incroyable en bord de piste. Confirmes-tu cela ?

« Je pense que c’est quelque chose que j’arrive à faire en me concentrant vraiment. Sur des petites motos comme ça, il n’y a pas beaucoup de choses à regarder pour vraiment faire un très grand step, et j’ai vu que pas mal d’entre eux avaient vraiment une marge de progression énorme. Les choses étaient donc assez claires. J’ai vu un pilote qui était vraiment un petit peu au-dessus des autres, Alexis si je ne me trompe pas, et on voyait directement la différence. Mais c’était bien de voir que les autres, après quelques tours, réussissaient vraiment à essayer de s’adapter. C’était cool de voir ça ! Quant à ma capacité à me souvenir de plein de choses, c’est quelque chose de naturel, surtout dans le domaine du pilotage. »

Cette mémoire peu commune t’est-elle utile dans ton métier de pilote MotoGP ?

« Ça me sert mais ma capacité d’adaptation, encore plus que la mémorisation, est super importante s’il y a des virages où j’ai du mal durant le weekend. C’est vrai que cette année, on n’a pas eu beaucoup de difficultés, mais le jour où ça arrivera, je pense que ça aide énormément. C’est quelque chose qui peut vraiment aider. En fait, quand j’ai quelque chose gravé dans ma tête, ça ne sort plus ! Dès qu’on me montre quelque chose, si je vois vraiment que ça me sert, ça reste gravé dans ma tête et ça ne ressort plus. C’est ça qui est top ! »

Les jeunes pilotes que tu as observés avaient entre 10 et 18 ans. À leur âge, et même avant, nous te suivions déjà grâce à Thierry Marino dont le fils roulait parfois avec toi et qui a sans doute été le premier « lanceur d’alerte » te concernant. Dans quel état d’esprit étais-tu : Sûr d’y arriver un jour, ou avec certains doutes ?

« Quand j’étais petit, je m’entraînais avec des gens plus âgés que moi, comme Florian Marino, le fils de Thierry. On a vraiment pu sympathiser et passer de très bons moments ensemble, donc on s’est super bien entraîné. Mais à part Florian, j’ai roulé avec plein de monde et c’est vrai qu’à chaque fois j’avais vraiment un bon niveau pour mon âge. Ils avaient tous trois ou quatre ans de plus que moi et j’allais déjà comme eux ou plus vite. C’est donc ça qui m’a vraiment donné confiance. Je n’ai pas toujours su que j’allais y arriver parce qu’on a eu vraiment des moments très difficiles, mais je savais que j’avais un très bon potentiel pour au moins tenter ma chance. »

Excuse-nous pour cette dernière question un peu bête mais, en regardant ces jeunes pilotes, as-tu pris un petit coup de vieux, à 22 ans ?

« (Rires) Sincèrement, non ! C’est vrai que mon âge surprend plein de personnes. Vu que c’est ma troisième année en MotoGP et la deuxième fois où je suis leader en MotoGP, et comme il n’y a pas eu beaucoup de personnes à avoir fait ça, quand je dis que j’ai 22 ans plein de personnes pensent que je suis plus âgé. C’est juste parfois ça qui me fait sentir plus âgé, mais plus le temps passe et mieux je me sens physiquement, donc je ne peux pas dire que je me sens vieux (rires). »

 

 

Le pilote Yamaha MotoGP se dirige maintenant vers l’Autriche, avec 34 points d’avance au championnat sur Johann Zarco. Nous le retrouverons jeudi, en conférence de presse..

Quel enseignement tirons-nous de cette journée ? Au final, si la pression médiatique qui l’accompagne a explosé, celui qui arrivait à pied sur les circuits dans l’indifférence absolue il y a 3 ans encore n’a pas changé: Fabio Quartararo est toujours aussi abordable, patient, empreint d’une vraie gentillesse et d’une réelle volonté de faire plaisir à tout le monde. Dans ce domaine aussi, il se démarque et apporte un vent de fraîcheur dans le paddock…

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