La Ducati biplace est une attraction incontournable pour les amateurs éclairés de sensations fortes que la légende Randy Mamola se faisait un plaisir de mettre en lumière. Les cotisations pour jouir de ce moment unique sont recueillies pour le bénéfice d’une cause humanitaire chère à l’Américain qui est le « Riders for Health », mais depuis 2021 ce n’est plus lui qui est au guidon de cette Desmosedici qui peut recevoir un passager. Il se souvient néanmoins de ce que l’on peut estimer avoir été une seconde carrière puisque 6 000 passagers ont été embarqués et deux chutes regrettées après toutes ces années…
Les chiffres sont édifiants : 6 000 passagers, dont d’authentiques célébrités et autres hauts responsables qu’il aurait été mal venu de blesser, parfois plus de 50 en une seule journée, un tour de manège au tarif de 1 200 à 2 500 euros selon la situation… Le tout pour une expérience unique sur un missile qui peut dépasser les 300 km/h. En règle générale, le Biposto tourne à environ 15 – 20 secondes du record de piste, cependant Mamola a expliqué que selon le passager, il poussait plus ou moins fort : « une fois que j’ai obtenu le meilleur temps avec un VIP à Valence, j’étais avec L’acteur allemand Richy Müller. Il était talentueux, fort, pas particulièrement grand et recherchait un défi. Nous n’avions que 9 secondes de retard en pole ».
Randy Mamola : « Luca Cadalora était convaincu que nous ne survivrions pas«
Pour avoir droit de monter sur cette machine infernale, il faut revendiquer un poids maximum de 90 kg, une taille maximum de 1,90 m et un âge allant de 18 à 60 ans, ainsi qu’être en bon état de santé. Cependant, il y a eu l’exception d’un Bernie Ecclestone de 71 ans, haut responsable d’une Formule 1 qui a essayé de faire avorter l’événement en appelant son grand argentier à la raison. En vain. La même Formule 1 a tremblé quand le tour de Michaël Schumacher est arrivé… « Le patron de Ferrari Domenicali m’a menacé de mort en cas d’accident » se souvient Mamola. Il y a eu aussi Luca Cadalora… « Il était convaincu que nous ne survivrions pas ». Keanu Reeves et le prince Harry en ont été aussi.
A maintenant 62 ans, Randy Mamola passe la main. Franco Battaini, ou Fonsi Nieto selon l’occasion, lui ont succédé. Ducati construit une nouvelle Desmosedici Biposto chaque année, mais le moteur est de la période où Valentino Rossi a couru pour l’usine de Borgo Panigale, lorsque les moteurs étaient plus volumineux. Il y a aussi un suivi technique pneumatique. Et pour cause… « C’était il y a huit ou neuf ans. Bridgestone avait un pneu arrière qui a été retiré du championnat du monde MotoGP parce que des pilotes comme Casey Stoner et Ben Spies s’en étaient plaints. Ce pneu a trouvé son chemin jusqu’à nous par erreur. J’ai chuté avec mon copilote à Barcelone, puis à nouveau sans passager la même année à Silverstone ».
« Depuis, nous avons toujours eu avec nous un technicien pneumatique, ancien de Bridgestone, maintenant de Michelin » raconte Mamola sur Speedweek. Même pour un tour de manège, il faut rester humble face à la machine et à la piste. Mais la passion parle toujours : « j’aime beaucoup ce Desmosedici, il a une puissance effrayante et la technologie est du plus haut niveau, cependant l’électronique d’aujourd’hui est incroyable. Alors la vérité c’est que c’est encore plus beau pour exciter ceux qui sont assis à l’arrière : que ce soit un VIP ou un simple passionné, ça ne change pas grand-chose. Si le passager se comporte parfaitement, tu ne le perçois pas comme un poids ou un lest, tout est en harmonie et c’est presque comme avoir un sac à dos » termine l’Américain.