Cela vous a peut-être échappé, mais jamais Yamaha n’avait réalisé pire début de saison depuis l’introduction des MotoGP quatre temps en 2002 ! Alors qu’on vante les progrès des constructeurs japonais depuis un petit moment maintenant, il s’avère que les pilotes de la firme aux diapasons ont beaucoup de mal à faire fonctionner la YZR-M1. Après deux Grands Prix, Yamaha ne compte que 13 points au classement constructeur, malgré la présence de quatre motos sur la grille. Est-ce un mauvais signe ? Analyse.
Une réalité comptable alarmante
Cet article visera à dédramatiser la situation, car nous ne sommes qu’à la deuxième manche. Cependant, après avoir eu l’idée de ce papier, je me suis penché sur ce que disent les mathématiques à propos de Yamaha en 2025. Et c’est plus alarmant que je ne le pensais : après avoir démarré 2024 avec 15 points en deux manches, les bleus font encore pire avec 13 unités marquées seulement à l’issue du Grand Prix d’Argentine.
C’est le plus mauvais bilan depuis le début de l’ère MotoGP ; même si les deux premières manches ne devraient pas déterminer le reste de l’année, c’est mauvais signe, à tout le moins. Pour ceux qui aiment l’histoire, voici d’autres statistiques : ce n’est que la quatrième fois qu’une Yamaha ne monte pas sur le podium lors des deux premières manches (après 2003, 2023 et 2024), et imaginez la distance qui séparait Quarta de la boîte dimanche dernier. C’est aussi le pire début de saison de Fabio Quartararo depuis qu’il est en MotoGP. Il avait marqué huit points lors de sa deuxième course sans les Sprints, alors qu’il en compte six actuellement… sans avoir chuté. Yamaha pointe en dernière position du classement constructeur, et aux deux dernières places du classement équipes.

Ce qui est sûr, c’est que Honda a beaucoup plus progressé que Yamaha. Photo : Michelin Motorsport
Je suis le premier à le répéter : la saison est longue, oui, mais je dis simplement que de tels résultats n’aident pas à imaginer un exercice réussi au bout du compte. En Argentine, Quartararo s’est fait percuter – nous allons en reparler – mais le Français soulignait tout de même le manque de performance de sa moto à l’arrivée, sans tout rejeter sur le départ raté de Bezzecchi.
Ce que dit la piste
Il y a ce que disent les chiffres, et ce que disent les Hommes. Je préfère toujours me fier à l’un plutôt qu’à l’autre, mais le témoignage des pilotes est important pour appréhender la dynamique actuelle. Sur ce point, ce n’est pas glorieux. Quartararo et Rins, principalement, se plaignent d’une moto parfois ingérable, en proie à une dégradation pneumatique incontrôlée à Buriram. En Argentine, même constat assez flou, en notant, tout de même, la qualité du train avant. Les points faibles se concentrent donc sur la consommation des pneus, le grip et la vitesse dans les virages lents – ça fait beaucoup. La course dominicale est le gros point faible des Yamaha, qui ne tiennent pas la distance : toujours aucune entrée dans le top 10 pour une YZR-M1 en Grand Prix.
La nouvelle équipe, Pramac Racing, ne donne pas beaucoup plus d’espoir. Miller a choqué la planète moto en se qualifiant quatrième en Thaïlande, mais n’a pas capitalisé sur cet effort lors des deux épreuves. Sa 11e place à l’arrivée lui permit de surclasser ses trois collègues. Ensuite, en Argentine, Miguel Oliveira s’est déjà blessé ; le Portugais valide l’une de mes prédictions au bout du deuxième Grand Prix seulement, puisque j’avais parié sur un retour rapide d’Augusto Fernandez en MotoGP pour remplacer Oliveira ou Rins – pari assez peu risqué, je vous l’accorde.
🚥 LIGHTS OUT in Termas! 🚥@marcmarquez93 leads the way! Bezzecchi crashes out at T1 #ArgentinaGP 🇦🇷 pic.twitter.com/wLhkRpAdxc
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) March 16, 2025
Vous l’aurez compris, ce n’est pas très joyeux sur ce plan. Les pilotes sont assez déçus, notamment après avoir fait des essais hivernaux encourageants et deux premières journées très correctes en Thaïlande : « Je pensais qu’on allait être en difficulté, mais pas à ce point. Cet hiver, je croyais qu’on avait fait un pas en avant, mais je crois que ce n’est pas le cas », affirmait Fabio Quartararo le dimanche soir à Termas de Rio Hondo.
Des circonstances atténuantes
Tâchons de relativiser : cela ne fait que deux courses, soit un échantillon assez maigre pour le moment. Oui, il y a peu de chances pour que Yamaha réalise la meilleure saison de son histoire, mais les performances dépendent toujours d’un contexte, assez défavorable cette fois. Tout d’abord, c’étaient les débuts de Pramac Racing avec Yamaha – il faut donc réapprendre à travailler avec une autre marque, ce qui est loin d’être simple. Miller et Oliveira découvraient la moto ; d’ailleurs, le bilan comptable serait peut-être différent si le Portugais avait pris le départ du Grand Prix d’Argentine.

Fabio Quartararo aura d’autres opportunités, c’est certain. Photo : Michelin Motorsport
Pour Rins est Quartararo, même topo, bien que l’on ne puisse pas nier les plaintes évidentes des deux officiels et leur feeling problématique. Alex Rins a énormément souffert de la chaleur en Thaïlande, ce qui peut arriver quand les pilotes sont en paquet – cela avait handicapé Vinales et Raul Fernandez en 2023. Pour Quartararo, il fut incapable de faire fonctionner ses pneumatiques, ce qui résulta en une 15e place à l’arrivée. Jusqu’ici, « El Diablo » avait fait un très beau week-end, avec une qualification directe en Q2, une 10e place sur la grille et une septième place en Sprint. De plus, il ne faut pas oublier que Buriram est loin d’être l’une de ses pistes préférées.
En Argentine, sur un circuit qui n’a jamais tant profité à la YZR-M1 – dont la dernière victoire ici remonte à 2017 –, Quartararo s’est fait harponner par Marco Bezzecchi au départ de la course principale alors qu’il partait septième. On sait combien les premières boucles sont importantes, et nul doute que cet envol biaisé impacta négativement sa course. Alex Rins était 11e, ce qui, je trouve, n’est pas un si mauvais résultat : c’est le meilleur pour lui depuis le GP de Malaisie 2024. Lui aussi était en Q2, ce qui montre que la vitesse est là.
Conclusion
Même s’il est impossible de nier les dires des pilotes ainsi que leurs résultats inquiétants – factuellement –, je reste assez optimiste quant au dossier Yamaha. Ils ne progressent pas aussi vite que Honda, mais ils sont rapides : c’est un bien plus difficile à acquérir que la régularité ou le rythme en course. Attention tout de même à la mauvaise dynamique, qui ne doit pas entraîner une crise tôt dans la saison.
Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de l’entame de Yamaha. Êtes-vous d’accord avec mon analyse ? Dites-le-moi en commentaires !

En Europe, des pistes plus favorables arriveront. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport