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Yamaha MotoGP osé

C’est officiel depuis une semaine environ : Miguel Oliveira rejoindra Pramac Yamaha l’année prochaine ; un choix osé de la part du constructeur japonais en vue de sa reconstruction en MotoGP. Il pourrait s’avérer payant à bien des égards, mais entraînera inévitablement sa part de doute. C’est parti pour l’analyse d’une signature attendue depuis longtemps.

 

Une valeur sûre pas si sûre

 

Une fois n’est pas coutume, tâchons de débuter par l’analyse de cette manœuvre du point de vue de Yamaha. Nous nous pencherons sur ce qu’Oliveira peut y gagner dans un second temps.

Il y a un an, je demandais chaleureusement aux équipes d’usine en MotoGP de recruter Oliveira. Je crois en lui depuis 2015, et défend ardemment ses résultats depuis son arrivée en catégorie reine. Le Portugais est un excellent pilote qui a remporté d’excellentes courses par le passé. C’est un fait.

En ce sens là, je ne pense pas qu’une équipe, quelle qu’elle soit, puisse se tromper en signant Miguel Oliveira. Un peu comme Maverick Vinales, c’est une valeur sûre, un des indétrônables qui ne joue jamais les meilleures places au championnat mais qui se classe toujours honorablement. Pramac Yamaha n’a pas eu tort.

 

Yamaha MotoGP osé

Oliveira est signé pour 2025 et 2026. Photo : Yamaha

 

Mais l’article auquel je faisais référence ci-dessus date d’il y a un an, et plus précisément, du Grand Prix de Grande-Bretagne 2023. Il y avait été formidable, avec une prestation presque émouvante sous la pluie. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Cela ne veut pas dire que j’ai totalement changé d’avis à son sujet, mais disons qu’un an est une éternité en MotoGP.

Depuis ce fameux dimanche à Silverstone, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Sa deuxième partie de saison 2023 avec RNF Aprilia était plus que décevante, mais cet exercice a été ponctué par de nombreuses blessures dont il n’a jamais vraiment eu le temps de se remettre. En forme après l’hiver, je m’attendais à beaucoup mieux en 2024, cette fois chez Trackhouse Aprilia avec une RS-GP de 2024.

Hormis le GP d’Allemagne, où il ne semblait lui-même pas comprendre pourquoi il allait si vite, il n’y a rien eu de spécial. Si, allez, ce Sprint à Aragon, conclu en cinquième position. Quand on compare ses résultats à ceux de Maverick Vinales à motos égales, ou à ceux d’un vieillissant Aleix Espargaro, il y a de quoi se poser des questions.

 

 

Le dimanche, Miguel n’a qu’un top 6 à son actif, et deux top 5 le samedi, donc. Il compte aussi quelques résultats inquiétants sur des pistes qui, d’habitude, conviennent à la RS-GP ; Assen, par exemple (15e). Il n’a pas autant brillé que son coéquipier Raul Fernandez en Catalogne, qui, précisons-le, est toujours derrière lui au classement général.

Oliveira est actuellement 13e, 19 points devant son collègue. C’est correct, mais rien de transcendant. De toute manière, Pramac-Yamaha ne doit pas s’attendre à un pilote régulier ; Miguel est un homme de coups d’éclat, qui peut surprendre son monde trois ou quatre fois par an… et encore. De quand date le dernier exploit du Portugais ? La Thaïlande en 2022, sous la pluie ? C’était il y a déjà deux ans. Silverstone 2023 ? Très fort, mais finalement, il n’est pas monté sur le podium. Quand on retire ces moments de génie, il ne reste que ses nombreux abandons (déjà trois le dimanche cette saison) et ce manque de vitesse crucial le samedi, ce qui est encore plus pénalisant maintenant que par le passé.

 

Yamaha MotoGP osé

Il peut toujours surprendre sur cette tournée asiatique. Photo : Michelin Motorsport

 

Sa nouvelle équipe devra aussi composer avec un pilote fréquemment blessé : un désavantage conséquent dans le cadre d’une reconstruction. Comment faire renaître une écurie de ses cendres quand ceux qui doivent tirer le projet vers le haut ne sont pas là ? Regardez l’absence de progression de Honda en 2023, alors que Joan Mir et Marc Marquez avaient manqué tant de courses. En plus d’Oliveira, Yamaha a déjà Alex Rins – un profil étrangement similaire autant dans l’approche que dans le palmarès. Si les deux passent trop souvent par l’infirmerie, alors cela pourrait poser problème à l’échelle d’une saison.

Ceci dit, je pense tout de même que ça n’est pas une erreur de casting. Rien à voir avec le retour de Dovizioso en 2021 par exemple. Non, simplement, c’est assez risqué même si ce paramètre est sans doute compensé par la sensibilité technique de Miguel Oliveira, largement saluée par les acteurs du paddock.

 

Avait-il le choix ?

 

Place maintenant à l’analyse de la décision de Miguel Oliveira ; qui sera plus courte, je vous rassure. Qu’en penser ? Eh bien, pour un pilote qui disait avoir l’embarras du choix pour 2025, je reste un peu sur ma faim. Quelle équipe aurait pu incarner un choix plus risqué que celle-ci ? À part Honda et ses deux teams, je ne vois pas.

Miguel poursuit sa carrière en MotoGP mais je ne le vois pas sortir du ventre mou, dans lequel il est demeure depuis fort longtemps. Même s’il est un excellent développeur, je ne le vois pas faire mieux que Fabio Quartararo au guidon de la YZR-M1, par exemple. Le retour aux affaires de Yamaha prendra du temps, et sans doute trop, malheureusement, pour un pilote de 29 ans déjà. Peut-être que ses efforts ardus, réalisés dans l’ombre, profiterons à celui qui le remplacera plutôt qu’à lui.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette signature. Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Sa mission ne sera pas d’aller gagner des courses, assurément. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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