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MotoGP incroyable

Si Parlons MotoGP est habituellement centré sur l’écosystème des Grands Prix, je m’autorise une ou deux sorties de piste de temps en temps ; aujourd’hui, j’ai envie de vous évoquer une course incroyable que vous avez peut-être manquée. C’est l’heure de parler des 24 Heures Motos 2025, une édition que je ne suis pas prêt d’oublier.

 

Un championnat à ne pas négliger

 

Vous connaissez mon amour pour le MotoGP, mais cette passion s’étend à d’autres sports mécaniques. L’endurance tient une très grande place dans ma vie, que ce soit sur deux ou quatre roues. De ce fait, les 24 Heures Motos comme les autres étapes du Championnat du monde EWC n’échappent pas à mon attention.

Pour rappel, les 24 Heures Motos, créées en 1978, sont disputées chaque année sur le circuit Bugatti. L’ampleur de l’épreuve n’a rien à voir avec les fameuses 24 Heures du Mans, mais je trouve cette compétition trop sous-cotée et négligée par les fans de Grands Prix. J’aimerais que ça change, alors laissez-moi vous donner quelques raisons à cela.

 

MotoGP incroyable

BMW sur un circuit, ça a de la gueule. Photo : BMW Motorrad World Endurance Team

 

D’abord, c’est une question de constructeurs. La variété de l’EWC et la forte identité de chaque équipe qui joue la gagne est inégalée. Certes, Ducati n’est pas – encore – représentée par une formation officielle, mais Kawasaki, Yamaha, BMW, Honda et Suzuki sont là et sur un pied d’égalité ! N’importe lequel de ces géants pouvait s’imposer le week-end dernier. Ces firmes sont incarnées par des antennes européennes – Suzuki avec le SERT ou Yamaha avec le YART en Autriche –, mais les 8 Heures de Suzuka, sans aucun doute l’épreuve reine de ce championnat long de quatre courses, sont marquées par la présence du HRC, qui fait se déplacer des pilotes de premier plan à l’image de Johann Zarco.

Deuxièmement, c’est l’une des dernières disciplines de haut niveau qui est dépourvue de manufacturier pneumatique unique. Les équipes de pointe roulent toutes en Bridgestone, mais ERC BMW, troisième à l’arrivée des 24 Heures Motos, était équipée par Dunlop. Il y a aussi Pirelli, Michelin et Kingtyre, des gommes chinoises. Cette diversité fait plaisir à voir : ça change d’un championnat MotoGP finalement assez standardisé, où l’on aurait bien du mal à reconnaître les motos sans leur décoration.

Hormis les 8 Heures de Suzuka et les 24 Heures Motos, le calendrier est complété par les 8 Heures de Spa-Francorchamps et le Bol d’Or. Ce sont-là de très belles épreuves. Même si l’on peut regretter un nombre de manches bien trop faible pour notre époque, chaque étape revêt ainsi d’une importance capitale.

 

MotoGP incroyable

Le SERT est l’une des meilleures équipes françaises, toutes catégories confondues. Photo : Yoshimura SERT Motul

 

Une course de fou

 

Tout ça, c’est bien beau, mais venons-en aux faits. Les 24 Heures Motos 2025, précisément, étaient magnifiques. On pouvait logiquement s’attendre à un duel Suzuki/Yamaha, car les deux entités avaient dominé les essais et les qualifications. Mais la météo compliqua les débats. Le début de la course, absolument dingue, fut marqué par la chute de plus ou moins tous les favoris : Martin Fritz, sur Yamaha, est tombé au Raccordement à la fin du tout premier tour. Une dizaine de minutes plus tard, Gregg Black, sur Suzuki, l’imitait. D’ailleurs, le Franco-Britannique réalisa une prestation somme toute décevante, ponctuée de quatre chutes (!) sur les six de la Suzuki, dont trois en dix minutes. Ça arrive même aux meilleurs. Tout le monde roulait sur des œufs, et pourtant, peu y ont échappé. La Kawasaki d’usine s’est rapidement retrouvée aux avant-postes grâce à sa régularité. Cette approche permit aux verts de ravir la première place au YART avant minuit.

Kawasaki ne parvenait jamais vraiment à creuser l’écart sur cette YZF-R1 que je sentais plus véloce ; la preuve, les deux se tenaient alors que les bleus ont subi trois chutes. Puis, dans la matinée et alors qu’il n’avait fait aucun faux pas, Mike Di Meglio tomba au guidon de la Kawa’. C’était mal payé pour le Français, qui courrait après sa quatrième victoire pour trois constructeurs différents. Yamaha s’est rapproché, mais sans pouvoir dépasser. La tension s’emparait des tribunes à mesure que les minutes s’égrenaient.

Et puis, l’impensable se produisit. Roman Ramos, auteur d’une course quasi parfaite sur cette Kawasaki, chuta à une heure de l’arrivée au Raccordement, exactement là où Fritz s’était écrasé à l’issue du premier tour. YART-Yamaha prit la tête et s’empara ainsi de sa première victoire au Mans depuis 2009. Grégory Leblanc, troisième homme sur la ZX-10R maudite, pleurait en voyant Ramos essayer de relever la moto dans le bac à graviers. Lui a connu les plus belles heures du SRC et chassait son sixième succès aux 24 Heures Motos, ce que personne n’a jamais réalisé. Il est passé si proche, mais si loin.

 

 

Plus de 200 chutes, un suspense à se ronger les ongles, de grands enjeux pour tous les participants… tout y était.

 

Là où réside l’esprit de l’endurance

 

Cette course a montré que l’EWC est peut-être le dernier vrai championnat d’endurance au niveau mondial. Avec les meilleures écuries courent de purs amateurs, qui peinent parfois à trouver des budgets. La catégorie Superstock regorge d’histoires magnifiques, comme celle de Mélodie Coignard, qui disputait cette édition en l’honneur de son compagnon Stéphane Egea disparu en décembre dernier.

Et puis, plus qu’ailleurs, la notion d’endurance prend vie. YART-Yamaha l’a prouvé : on peut tomber trois fois et quand même gagner.

 

L’avez-vous manqué ?

 

Ce titre volontairement provocateur fait directement écho au public présent sur site. Je sais que les vrais passionnés de deux-roues aiment particulièrement ces courses, mais la différence avec le GP de France tenu un mois plus tard est flagrante niveau affluence. Il fut un temps, le Bol d’Or faisait partie intégrante de la culture motarde, mais les 24 Heures Motos ont une mauvaise réputation, principalement à cause de certains irresponsables trop agités dans les campings. Malgré tout, il y a quand même des améliorations, donc j’espère que les tribunes se rempliront ces prochaines années.

Avez-vous suivi ces 24 Heures Motos 2025 ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

YART-Yamaha mérite, bien sûr, mais je pense que tout le monde a eu un pincement au cœur pour Kawasaki. Photo : YART-Yamaha

 

Photo de couverture : Kawasaki Webike Trickstar

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