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Johann Zarco

Il n’y a pas longtemps, nous annoncions le remplacement de Freddie Spencer par Simon Crafar au poste de président du panel des commissaires MotoGP. À Jerez, Johann Zarco avait fait savoir à « Fast Freddie » qu’il ne l’aimait guère, par le biais d’une phrase entrée dans les mémoires. Est-ce là une bonne nouvelle ? Mais au fait, qui est Simon Crafar ? Une petite analyse s’impose.

 

Un homme familier des paddocks

 

Comment qualifier Simon Crafar ? Avant tout, je dirais que c’est un passionné. Passé pilote professionnel dans les années 1980, il s’est d’abord fait un nom en championnat Superbike avant de débarquer en Grands Prix à plein temps lors de la saison 1998, pour Red Bull Yamaha WCM. Sur les performantes YZR500, il a même remporté le Grand Prix de Grande-Bretagne à Donington devant Mick Doohan et Norrick Abe. Le Néo-zélandais en a profité pour se classer en septième position du mondial. Il n’est pas arrivé à réitérer en 2000, année de sa dernière apparition au guidon d’une MuZ-Weber, toujours en Angleterre. Après cette épopée, on l’a vu en enduro, notamment, entre autres expériences mécaniques.

Son appétence pour les explications méticuleuses le conduisit à devenir instructeur, puis, journaliste. En 2018, il fut annoncé comme reporter en pitlane pour le site officiel MotoGP, poste qu’il occupera encore jusqu’à la fin de l’année, avant de remplacer Freddie Spencer. Son rôle est de se tenir au plus proche de l’action, et d’intervenir à la demande des deux commentateurs officiels. C’est lui, aussi, qui apparaît dans des petites vidéos explicatives sur les réseaux sociaux du MotoGP lorsqu’un éclairage technique est nécessaire.

 

Johann Zarco

Simon Crafar a également fait quelques piges en GP pour l’équipe officielle Suzuki en 1993. Photo : Wayne Gardner

 

Pourquoi c’est un bon choix (en apparence)

 

Un bon pilote ne fait pas forcément un bon journaliste, commentateur, ou analyste. Il s’agit là de métiers différents, et certains des pires consultants (pas nécessairement en MotoGP, mais principalement en football ou basketball) sont d’anciennes gloires. D’ailleurs, Freddie Spencer a largement été critiqué durant son mandat débuté en 2019 alors qu’il est une légende des Grands Prix, deux fois titré en 500cc.

Maintenant, je pense tout de même qu’il s’agit d’un bon choix. Je vais expliquer pourquoi. Premièrement, Simon Crafar a une grande sensibilité technique. Il était mécanicien et connaît les paddocks sur le bout des doigts, pour les avoir étudié de l’intérieur comme de l’extérieur depuis quarante ans. Tous les acteurs le connaissent. Ça ne peut qu’aider en cas de litige, c’est un plus non négligeable.

 

Johann Zarco

Freddie Spencer est assez décrié, mais il faut reconnaître qu’il fait l’un des jobs les plus difficiles actuellement. Photo : Martin Cox

 

Deuxièmement, son comportement. Une telle responsabilité ne doit être confiée qu’à quelqu’un capable de discernement, de calme, et ce en toutes circonstances. Si vous avez déjà entendu parler Simon Crafar, vous saurez que c’est une qualité qu’il possède. Il a une manière de parler bien à lui ; parfaitement compréhensible, assez lente et solennelle. Crafar pèse chacun de ses mots, et je ne le vois pas, par exemple, provoquer Aleix Espargaro et Johann Zarco comme a pu le faire Freddie Spencer à Jerez. C’est un homme des plus sérieux, doté un charisme indéniable, qui impose le respect par sa stature. Ce ne sont pas des conditions sine qua non, mais c’est important.

Troisièmement, la communication. Si les deux paramètres précédemment évoqués sont secondaires, celui-ci est primordial. Mais pour l’instant, on ne peut que spéculer ; je m’explique. Actuellement, la majorité des pilotes se plaignent des décisions de la direction de course, certes, mais pas seulement. C’est plutôt l’opacité qui pose problème ; ils n’ont souvent pas beaucoup d’informations et écopent de pénalités sans savoir pourquoi. Même pour nous, public, c’est flou au possible. Et qui a déjà entendu Freddie Spencer parler ? Traditionnellement, dans les sports européens, l’arbitre ne s’exprime pas aux spectateurs, tout du moins sur le terrain. Pourquoi cela ne pourrait-il pas changer avec Crafar et les américains de Liberty Media ? Le Néo-zélandais a l’habitude des caméras, il lui serait possible d’assumer ses responsabilités à travers des vidéos explicatives, règlement à l’appui. Avec sa nomination doit venir plus de transparence et d’après moi, il est un bon candidat. Si rien ne change de ce point de vue, en revanche, alors tout ceci aurait moins de sens. Des décisions tranchées et cohérentes pourraient aussi réduire considérablement l’acharnement sur les réseaux sociaux envers les pilotes jugés fautifs, parfois sans comprendre pourquoi. Amenons de l’indiscutable, de la mathématique ; pas trop, mais juste assez pour limiter les interprétations douteuses.

Son job sera difficile à faire, c’est certain, alors, souhaitons-lui le meilleur. Que pensez-vous de ce changement ? Dites-le moi en commentaires !

 

Franco Morbidelli n’avait pas hésité à dénoncer l’opacité de la direction de course à Jerez, en 2023. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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