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Ducati MotoGP

Nous n’avons pas encore fait les valises pour l’Asie que Ducati est déjà champion du monde des constructeurs en MotoGP ! Pour la quatrième année consécutive, la firme de Borgo Panigale triomphe de ce prestigieux concours, mais cette fois avec une facilité déconcertante. À vrai dire, il n’y a pas eu match, comme jamais depuis l’introduction des MotoGP quatre-temps en 2002, et comme rarement dans l’histoire. Pourtant, malgré une outrageuse domination, il faut prendre le temps de congratuler Ducati.

 

À la MV Agusta

 

Rarement avait-on vu une marque prendre autant l’ascendant sur la concurrence au plus haut niveau motocycliste. Il s’agit d’ores et déjà de l’une des plus grandes dynasties de l’histoire et les chiffres de cette saison le prouvent. Détaillons-les ensemble.

En réalité, c’est tout simple. Ducati a remporté toutes les courses dominicales sauf une, et tous les Sprints sauf deux. Cette tâche dans le tableau est à mettre au crédit des officiels Aprilia Maverick Vinales et Aleix Espargaro. Mais depuis la Catalogne, date du succès d’Aleix dans son jardin le samedi, les hommes en noir n’ont plus jamais fait d’ombre aux rouges. Autre chiffre qui nous sera utile : Ducati a réalisé une série de huit Grands Prix consécutifs avec trois machines aux trois premières places, un record. Au total, elle compte dix « 1-2-3 » cette année en treize courses.

 

Ducati MotoGP

Cent victoires en MotoGP, c’est énorme. Petite mention à Johann Zarco, absent des graphiques célébrant cette prouesse. Photo : Michelin Motorsport

 

De prime abord, il n’y a pas grand-chose à rajouter. Mais à l’étude de la saison, un point retient toute mon attention. Il s’agit de l’écart grandissant entre Ducati et les autres. On entend, chez Yamaha ou chez Honda, que des progrès sont en cours. C’est de même chez Aprilia depuis le Grand Prix d’Émilie-Romagne, d’ailleurs. Considérez cela comme un élément de langage qui passe par toutes les bouches des bons employés.

Mais dans les faits, quand on regarde les épreuves, la distance ne fait qu’augmenter. Au début de saison, Maverick Vinales était assez dangereux. On lui prêtait, à tort, un potentiel qui n’était pas le sien. J’étais le premier à le dire, mais il faut reconnaître qu’il était dans le coup. Aux USA, il a infligé à Ducati sa seule défaite dominicale et il aurait figuré sur le podium au Portugal si ce n’était pour ce problème mécanique dans les derniers instants.

Mais depuis, où est passé Aprilia ? La firme de Noale peine, parfois dans les méandres du classement comme ce fut le cas sur les deux dernières manches avant Misano 2. KTM, en revanche, n’a jamais été dans le coup. Là encore, c’est un autre exemple de l’accroissement de cet écart, mais à une échelle plus grande. En 2023, Brad Binder causait avec les Martin et autres Bagnaia. Cette saison, il est redevenu plus sage, plus régulier dans la performance, mais tellement plus loin des hommes de tête.

 

 

Les Autrichiens, qui ne peuvent réellement compter que sur deux pilotes (Augusto Fernandez et Jack Miller aux abonnés absents), ne misent que sur des coups de génie de Pedro Acosta ou la discipline de fer de Binder. On ne voit pas de continuité chez KTM. Mine de rien, le projet est assez flou.

Ici, je ne parlerai pas des Japonais car j’ai trop de respect pour l’histoire de ces constructeurs. Ce serait leur faire affront que de comparer leurs résultats à ceux de Ducati.

 

Des écarts, mais pas qu’aux points

 

Un autre élément m’a choqué et me choque encore. Les écarts en piste ne font qu’augmenter, pour atteindre des temps d’attente entre deux coureurs qu’on ne pensait plus réalistes à l’ère de l’ECU unique. Il n’est plus rare de voir cinq, six ou sept secondes entre les deux premiers, avec la première non-Ducati à quinze secondes comme c’était le cas à Misano dimanche dernier.

Forcément, on a l’impression de voir des courses moins disputées, et surtout, toujours les mêmes aux avant-postes, ce dont on était plus habitués depuis au moins 2019 et je dirais même, 2015. Je sais pertinemment que Ducati a beaucoup de détracteurs, comme toutes les forces dominatrices de l’histoire de tous les sports mécaniques. Mais pourtant, il faut les remercier car ils ne semblent pas négliger l’intégrité de la discipline.

 

Heureusement qu’ils sont passionnés

 

Ducati MotoGP

Les autres écuries privées, que ce soit Gresini Racing ou VR46, sont très performantes. Photo : Michelin Motorsport

 

Admettons que je sois le PDG de Ducati. Je dispose de la meilleure machine, qui tend à devenir encore meilleure, et j’ai probablement plusieurs années d’avance sur le développement tant les autres n’arrivent pas à me rattraper. À vrai dire, je ne fais que creuser l’écart. J’ai des pilotes de grand talent, oui, mais j’ai surtout un jeune italien adoubé par Valentino Rossi en la personne de Pecco Bagnaia, dans l’écurie officielle qui plus est. Que ferais-je pour tirer un maximum d’argent, de gloire et de postérité de cette période dorée ?

C’est simple : je donne à tous les adversaires de Bagnaia qui utilisent mes motos une version moins performante de la Desmosedici. Je fais de Pecco le nouveau Valentino Rossi, en lui faisant gagner toutes les courses – sauf quand il tombe, bien sûr. De là, il empilerait les championnats, sans concurrence interne aucune. Je crée ainsi une nouvelle idole en Italie, ce qui me permet de vendre plus de motos de route.

Ça, c’est ce que n’importe quel patron d’équipe de Formule 1 aurait fait avec ce potentiel. Et j’irais même plus loin : c’est ce que n’importe quel patron d’équipe Japonaise en MotoGP aurait fait, car il y a eu des exemples par le passé.

Au lieu de ça, Ducati nous donne du spectacle, en conférant des chances égales à Jorge Martin dans une équipe privée, alors que celle-ci va déserter l’année prochaine pour rejoindre Aprilia, un concurrent direct sur le territoire ! Pour moi, cela signifie que les huiles italiennes sont passionnées, elles privilégient un championnat intéressant.

 

Marc Marquez va faire très mal l’année prochaine, et la transition vers une équipe d’usine dominante semble désormais entamée. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors, certes, il y a huit motos sur la grille, etc. On connaît la rengaine. Mais les autres peuvent en faire autant. Pendant que Yamaha et Honda, les plus gros constructeurs du monde, se perdaient dans le développement, mettaient l’argent sur les mauvais contrats, Ducati travaillait. Et même s’il y a des écarts grandissants, soyons donc heureux d’avoir une vraie bataille pour le titre avec six manches à disputer. À partir de maintenant, relativisez, et dites-vous que ça aurait pu être bien pire avec l’auteur de cet article aux manettes.

Je suis très curieux d’avoir votre avis sur cette période de domination. Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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