Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour de Pecco Bagnaia. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Jorge Martín, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Impressionnant
Comme pour Jorge Martin hier, nous n’allons pas simplement faire un bilan de son année. En effet, j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur son approche et sa finale à Valence, et, plus globalement, sur ce que je pensais de ce pilote à de nombreuses reprises durant la saison. Pour retrouver différents articles, souvent publiés après chacun de ses coups d’éclats, cliquez ici, ou ici, ou si vous préférez, ici.
Avant de passer à la question soulevée par le titre de ce présent article, je vais tout de même revenir rapidement sur sa campagne. Honnêtement, je n’avais pas vu de pilote si fort depuis Marc Marquez en 2019. Oui, il va jouer le titre à Valence, la dernière course, mais cela ne doit pas fausser notre vision globale de son exercice. Il a toujours été sur le podium quand il ne chutait pas, d’une régularité dans la performance ahurissante, d’une vitesse toujours aussi foudroyante, d’un sens du dépassement directement hérité de Valentino Rossi… bref, les superlatifs me manquent pour décrire ce pilote.
Et croyez le ou non, il a encore progressé ! Il avait pris 53 % des points disponibles en 2022, mais la saison passée, il en rafla 64,1 % ! Du haut de ses sept victoires en Grands Prix, de ses huit autres podiums, de ses sept poles, de ses quatre victoires en Sprint, de ses trois meilleurs tours en course, on a l’impression que rien ne peut l’arrêter. Pas plus une blessure impressionnante en Catalogne que la pression d’un coriace compétiteur sur la fin. Il est époustouflant mentalement, capable de renverser un week-end complet en partant de loin comme en Indonésie, mais aussi, d’écraser la concurrence avec un « Super Grand Chelem » comme en Autriche (pole, victoire en Sprint avec le meilleur tour en course, en menant tous les tours, puis victoire en Grand Prix avec le meilleur tour en course, en menant tous les tours). Il est fascinant.
On peut lui reprocher un élément, mais c’est presque anecdotique. Oui, il tombe souvent ; j’en avais d’ailleurs fait un article après les USA. Mais si on lui enlève ceci, alors, à qui avons-nous à faire ? Si en plus, il ne tombe plus, les saisons vont nous paraître longues ! Blague à part, c’est le seul « défaut » qui le retient de faire une saison parfaite. Il est quasi-imbattable à moyen-terme quand il reste sur ses roues.
Quelle place pour Bagnaia ?
Venons-en au fait : Où se range Bagnaia dans l’histoire ? Je sais pertinemment ce que certains vont dire ; que ce genre de classement est tout à fait inutile, dénué de sens, ou pire, que ça relève de la discussion de comptoir. Ce à quoi je répond que les discussions de comptoir, quand elles sont tenues avec les bonnes personnes, sont souvent les meilleures. C’est pour cette raison que vous êtes invités à donner votre avis en commentaires.
Par chance, j’ai déjà un top 50 des plus grands pilotes de tous les temps prêt à sortir : je le publierai peut-être ici un jour. Servons-nous de ce classement pour établir une place de choix à l’Italien. Tout d’abord, rappelons le palmarès histoire d’avoir un bon point de comparaison.
Il s’agit d’un triple champion du monde, deux fois titré successivement en MotoGP dans l’ère la plus compétitive de tous les temps (progrès de la mécanique – plus ou peu de casses, ECU unique – 15 pilotes jouent le podium, progrès de la médecine et de la préparation à l’effort – jamais n’avait-on vu de tels athlètes – et professionnalisation de la discipline). Il a déjà 17 victoires en catégorie reine, 14 podiums et 18 poles. Oui, ceci lui permet, déjà, de discuter avec les plus grands, notamment les trois sacres mondiaux. Rappelons simplement qu’il est inutile de comparer le niveau à travers les âges ; seule la grandeur, l’héritage laissé et le souvenir compte. C’est pour cette raison que c’est totalement subjectif.
Voyons-voir. En 15e place de mon classement, j’ai Wayne Gardner, titré une fois en 500cc en tant qu’officiel Honda. Je pense pouvoir dire que Bagnaia laisse déjà une plus grande trace. C’était un monstre, mais le « crocodile » a plus subi que gagné en carrière. J’ai Casey Stoner en 13e position. Beaucoup penseront que c’est trop bas, mais son héritage est finalement assez limité. Alors, je sais que ça peut paraître blasphématoire, mais Pecco n’est déjà pas loin de Casey. Passe-t-il devant ? Je ne pense pas, car l’Australien, en plus de jouir d’un style absolument fou, a gagné sur deux machines différentes dont une Ducati bien moins performante que la Desmosedici GP23 comparé à ses rivales.
J’ai Kevin Schwantz en 14e position, et mettre Bagnaia ici n’est pas si déconnant. Kevin était explosif au possible, diablement rapide mais finalement, souvent le « battu de l’histoire ». Étrangement, le débat est assez difficile à sceller entre les deux (réfléchissez-y), mais de toute évidence, Pecco Bagnaia n’est déjà pas loin de ces monstres.
Votre avis m’intéresse grandement ! Dites-moi si vous le voyez plus bas, plus haut ou carrément moins fort que ça. Quant à sa saison, je lui attribue un bon 19/20, la même note qu’à Jorge Martin. En même temps, il ne pouvait pas progresser beaucoup plus car il venait d’être titré, et puis, ces quelques chutes auraient pu lui coûter très cher. Mais au vu du niveau qu’il a montré à Jerez, à Mandalika et à Valence, entre autres, il se doit d’avoir une excellente note.
Photo de couverture : Michelin Motorsport