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Pecco Bagnaia MotoGP

Neuf. Cette saison, Pecco Bagnaia a remporté neuf Grands Prix MotoGP. Personne n’avait fait mieux depuis Marc Marquez en 2019, d’accord, mais il y a plus intéressant encore. Personne n’a jamais perdu le titre en remportant neuf courses sur une saison. Ce triste record appartient pour l’instant à Jorge Lorenzo, défait par Marc Marquez en 2013 malgré ses huit succès. Alors qu’il ne reste que deux courses à disputer, Bagnaia doit forcer le destin pour échapper à cette sombre issue.

 

Statu quo

 

Ce week-end était assez mouvementé et difficile à analyser. Finalement, ce que j’en retiens est extrêmement simple : les positions n’ont pas vraiment évoluées depuis l’Australie, qui est vraiment le dernier grand tournant en date avec un Bagnaia incapable de suivre Martin. En Thaïlande, Pecco Bagnaia a merveilleusement bien roulé, mais le « Martinator » aussi. Encore une fois sans se battre directement, ils tirent un bilan relativement similaire, si ce n’est pour les trois petits points repris par l’Italien. À quatre courses de la fin, c’est un avantage bien léger mais qui pourrait avoir son importance.

 

Pecco Bagnaia MotoGP

Bagnaia reste concentré, très mesuré. Peut-être de trop ? Photo : Michelin Motorsport

 

Que dire des deux ? Dissocions-les, pour une fois. D’abord, concentrons-nous sur le leader du championnat, Jorge Martin. Personnellement, je l’ai trouvé sensationnel, peut-être même plus que Bagnaia à l’échelle du Grand Prix. Cela faisait longtemps qu’il ne m’avait plus surpris de la sorte. La dynamique de l’Australie se poursuivait en Sprint, notamment parce qu’il n’a fait qu’attaquer, comme si c’était lui qui devait reprendre des points à l’officiel Ducati ! Martin ne s’économise jamais, c’est un pur offensif. Bagnaia aussi, c’est vrai, mais lui n’avait pas le rythme pour le rattraper.

 

La différence entre les bons et les grands

 

Quand vous écoutez d’anciens pilotes – notamment Carlos Checa – ou des légendes de différentes disciplines, tous vous diront que ce sont dans les plus grands moments de tension que les géants s’illustrent. C’est quand l’atmosphère devient irrespirable, que chaque tour devient infiniment long, lorsque l’écart se réduit au même rythme que le nombre de courses restantes que les champions passent un cap, franchissent un nouveau palier, bref, se transcendent. C’était le cas de Martin pendant le Sprint, il a débloqué de la performance supplémentaire grâce à sa confiance en lui, alors qu’il n’avait pas forcément besoin de prendre autant de risques. En revanche, Bagnaia n’a pas eu cette géniale impulsion sur le format court, et fut, une fois de plus, obligé de se cantonner à la troisième place. C’est mieux que de se mettre au tapis, je suis d’accord, mais ça ne suffit pas pour battre Martin.

Le dimanche, l’Italien a franchi ce cap. Sa mentalité de champion s’est exprimée dans toute sa splendeur. Là aussi, il était magnifique. Il n’y avait rien à redire ; enfin, je retrouve le Bagnaia si fort dos au mur, même si son effort n’est pas tant récompensé sur le plan comptable. Martin, encore une fois, était exceptionnel, surtout dans les premiers instants. Ce type est un poison : à l’extinction des feux, il roulait comme si le championnat se décidait sur ces 26 tours uniquement.

 

 

Rendez-vous à Sepang

 

Les deux sont à féliciter, mais mention spéciale à Jorge tout de même, car son langage corporel était cette fois irréprochable. J’en avais parlé après le Japon, là où il m’avait déçu, et beaucoup d’entre vous étaient étonnés, voire, ne comprenaient pas mes arguments. Une semaine plus tard, le voilà qui évoquait sa fébrilité psychologique, qui l’avait tant fait souffrir en 2023. Comme quoi. Si certains détails m’ont fait tiquer au Japon, j’ai trouvé Martin beaucoup plus contenu, dans son attitude comme dans ces propos. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont il a traité ses prétendues sorties de piste le samedi, la carte de l’humour est une bonne option pour ridiculiser les accusations. D’ailleurs, il ne méritait absolument pas une pénalité, ça n’avait aucun sens. Par pitié, que la direction de course ne se mêle pas du dénouement de ce championnat, qui est déjà suffisamment poussif depuis le début de saison – et finalement assez peu intense.

 

Les autres

 

Pecco Bagnaia MotoGP

Cette victoire était une déclaration. Mais Martin, désormais, peut se permettre de finir deuxième à chaque course. Photo : Michelin Motorsport

 

Si cette saison est archi-dominée par Bagnaia et Martin, d’autres ont l’occasion de s’illustrer, surtout quand les conditions s’y prêtent. La pluie révèle toujours la grandeur, elle ne trahit jamais. Cependant, avant que dame Nature ne pleure à Buriram, Enea Bastianini s’est démarqué lors du Sprint avec une nouvelle victoire. Vous allez peut-être rire, mais « Bestia » me fait penser à Dani Pedrosa. À l’époque de Lorenzo, Rossi et Marquez, Pedrosa gagnait des courses, mais ces victoires ne servaient à rien, elle n’apportaient pas grand-chose à la narration de la saison. On se souvenait davantage des performances des autres protagonistes, même s’il était un grand pilote – par le talent.

Marc Marquez a aussi été très bon. Rarement un circuit avait révélé la différence entre la GP23 et la GP24 de cette manière. Lors du Sprint, il ne pouvait rien faire, et s’était même préparé à terminer quatrième le dimanche. Pourtant, la météo lui a souri et il s’est encore une fois illustré avant de chuter. On ne peut pas lui en vouloir : ces tours passés derrière Bagnaia montrent qu’il compte toujours parmi les meilleurs de l’histoire. La piste détrempée a suffi à totalement effacer la différence énorme qui sépare sa machine de celle des officiels. Il a tenté, ce n’est pas passé, c’est ainsi. Après tout, il n’avait plus chuté depuis le Sprint en Autriche. Dommage, cependant, d’avoir poussé Joan Mir lors de sa folle remontée, qui s’est quand même conclue en 11e place ! Je pense toujours qu’il terminera troisième de cette campagne.

Pedro Acosta a été énorme, tout comme Jack Miller et Fabio Di Giannantonio, qui a manqué de faire l’exploit de l’année pour sa dernière apparition en 2024. J’ai cependant été assez déçu par Brad Binder, qui est d’habitude excellent sur le mouillé. C’est rare de le voir bloqué derrière Miller, sur le déclin depuis le début de cet exercice. En sachant qu’il jouait la victoire l’année dernière à Buriram, c’est assez surprenant.

Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de ce Grand Prix de Thaïlande ! Alors, dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Résister de la sorte à la pression de Marc Marquez, c’était très fort. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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