Alors qu’une dernière rumeur l’envoie chez Pramac Yamaha, Miguel Oliveira n’a jamais cessé de plaire aux équipes MotoGP en cette période de transferts. Quand certains ne savent pas s’ils évolueront en catégorie reine l’an prochain, lui n’a jamais douté, stipulant même qu’il avait plusieurs propositions sur la table, alors que ses résultats peuvent poser question. Pourquoi Miguel Oliveira plaît autant ? Analyse.
Une question légitime
Ceux qui suivent cette chronique depuis longtemps le savent ; je n’ai jamais tari d’éloges envers Miguel Oliveira, que je jugeais, un temps, au même niveau que les meilleurs de sa classe. Personnellement, il m’éblouit depuis 2015 et cette résistance héroïque contre Danny Kent pour l’obtention du titre Moto3. Quel pilote, quelle saison.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Il est arrivé en MotoGP et a gagné. aujourd’hui, il figure parmi les incontournables, les habitués. Sa tête est connue de tous, comme ses exploits passés. Cependant, force est de constater que son association avec RNF Aprilia puis Trackhouse Racing – qui suivait un départ de chez KTM suite à des résultats en dents de scie – n’est pas non plus tonitruante.
D’accord, il a joué de malchance en 2023 avec ses blessures à répétition. J’étais le premier à le défendre et à souligner ses courses magnifiques quand il était là, les États-Unis et la Grande-Bretagne en tête. Mais depuis, c’est un peu maigre. Cette saison, il évolue sur la RS-GP24, la même qu’Espargaro et Vinales. Pourtant, il n’est que 13e au championnat, très loin derrière un Aleix pourtant vieillissant et un « Top Gun » assez enlisé depuis quelques Grands Prix. Raul Fernandez, son coéquipier, n’est derrière que de cinq points alors qu’il roule la RS-GP23 depuis l’entame. Il n’a jamais vraiment été le meilleur mais s’est plutôt bien défendu.
Seulement, le GP d’Allemagne d’Oliveira lui a permis de souffler un peu. Rapide tout du long, il s’est même offert le luxe de partir depuis la deuxième place sur la grille, alors que les qualifications sont l’un de ses plus gros points faibles. Seul bémol, cette course anecdotique le dimanche, qui le relègue à la sixième position à l’arrivée, à 10 seconde des leaders. Il était tout de même le premier pilote Aprilia, alors ça reste une réussite.
Si populaire
Je trouve, honnêtement, qu’il y a une énorme différence entre ses résultats – depuis toujours – et sa réputation. D’un côté, il est aisé de comprendre pourquoi quand l’on regarde son profil. Il n’a jamais été un pilote régulier, bien placé au championnat. Non, il est plutôt sensationnel, « frisson », capable de coups d’éclat sans pareils qui peuvent parfois mener à la victoire. Impossible de ne pas se remémorer ses victoires chez KTM, sous la pluie ou non d’ailleurs. Pourtant, au sein de la firme de Mattighofen, il n’a jamais fait mieux que neuvième au classement général, chez Tech3 en 2020.
Comment expliquer que tous se l’arrachent ? Premièrement, pour la raison expliquée ci-dessus. Dans cette ère moderne, les exploits payent car sont récompensés par une visibilité qui n’atteint pas ceux qui ne font que des cinquièmes places. C’est le secret de la longévité en MotoGP. Deuxièmement, son analyse technique apparemment pointue, qui a sans doute attiré Pramac et Yamaha pour développer la YZR-M1. Il est vrai qu’il a fait progresser la KTM RC16 lorsqu’il était officiel en 2021 et 2022, même si Brad Binder était mieux placé. Troisièmement, son impact médiatique est non négligeable. Personnalité reconnue au Portugal, il s’exprime bien, parle plusieurs langues et maîtrise sa communication. C’est une qualité indéniable.
De ce fait, je pense qu’il s’agit d’un bon choix de la part de Pramac Yamaha, qui recrute ici un pilote qui correspond plutôt bien au projet même si celui-ci me semble encore un peu flou. Il y a moins d’un an, je demandais solennellement aux équipes officielles de l’engager car j’étais convaincu de son talent. Ma position n’a pas changé entre temps.
Conclusion
Même si l’on omet le bilan statistique, la popularité de Miguel Oliveira au sein du paddock se comprend parfaitement. Talent brut, capacité de se démarquer et de prendre du temps d’antenne, popularité auprès des spectateurs avant 30 ans… il a tout pour plaire. Cependant, après mûre réflexion, je pense qu’il est bien pour lui qu’il reste toujours dans la caste des outsiders, au moins pour le moment.
Si le public commence à réellement s’y intéresser et à attendre une saison solide, l’avis général pourrait jouer contre lui. Ce n’est simplement pas son profil, et comme pour Bagnaia, les apparences sont trompeuses. On a tendance à croire, parce qu’ils sont calmes face caméra, qu’ils sont naturellement réguliers et conservateurs. C’est tout le contraire, justement. Apprécions simplement ce pilote capable de dynamiter un Grand Prix, et espérons le meilleur pour lui dans son aventure avec Yamaha.
Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de Miguel Oliveira. Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport