La saison 2024 démarre aujourd’hui ! Jusqu’au premier Grand Prix de la Saison, Parlons MotoGP essayera de détailler au mieux les attentes qui entourent tous les pilotes, au tour de Marc Márquez. Ceci s’accompagnera d’un petit pronostic, et bien sûr, vous êtes invités à donner le vôtre en commentaires. Hier, nous poursuivions cette série avec Pecco Bagnaia, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
La signature de la décennie
Il s’agit du plus gros transfert depuis Jorge Lorenzo en partance de Yamaha pour Ducati fin 2016. Honnêtement, comment ne pas être excité à l’idée de voir évoluer Marc Marquez sur l’une des meilleures machines de tous les temps, lui qui n’a connu que la – parfois très récalcitrante – Honda RC213V. Chez Gresini Racing, il tentera de relancer sa carrière, ni plus, ni moins. Depuis 2020, Marquez peine entre périodes brillantes, comme cette partie de saison 2021, et moments de chaos, tantôt teintés de l’expression la plus acharnée de ses défauts, tantôt d’horribles blessures qui en décourageraient plus d’un. Aujourd’hui, à quelques heures de l’entame, il se prépare pour un nouveau chapitre de sa vie. Quel est l’objectif, et surtout, que peut-il espérer ?
C’est assez difficile à dire. Déjà, car il faudra s’habituer à la nouvelle machine, aussi forte soit-elle. Elle est tellement polyvalente et maîtrisée par tous ceux qui ont posé le postérieur dessus que cela semble largement à sa portée. Mais du coup, peut-il viser un podium au classement général, ou même, carrément le titre mondial comme de nombreux fans l’ont avancé ?
Sur le papier, oui, car il est, de mon point de vue, l’un des cinq plus grands pilotes de tous les temps. Ceux pour qui les objectifs n’ont pas de limites, ceux qui n’ont pas de plafond. Tout le monde sait qu’il est encore capable de s’imposer, c’est une certitude, et c’est déjà le plus important. Les Demosedici Gresini sont performantes depuis l’indépendance du team début 2022, notamment avec Enea Bastianini, mais aussi avec Fabio Di Giannantonio. Son frère, dans une moindre mesure, n’a pas été ridicule non plus.
we just back from Qatar. Taking it slowly…@marcmarquez93 pic.twitter.com/OVcy8hsclt
— Gresini Racing (@GresiniRacing) February 21, 2024
Clairement, cela représente une amélioration non négligeable en comparaison de la Honda. Comme toutes les autres machines, d’ailleurs. Il y avait juste à suivre les déclarations d’Alex Marquez lorsqu’il suivit le même chemin un an plus tôt, ou voir la réaction de Pol Espargaro quand il a retrouvé la KTM après deux ans passés chez Honda Repsol. Oui, d’accord, on a compris : Marc Marquez est un ténor. Et après ? Peut-il se frotter aux meilleurs sur la distance ? Rien n’est moins sûr.
D’abord, son package pourrait le retenir, pour deux raisons. Premièrement, je n’imagine pas Ducati conférer une moto des plus performantes à Marc Marquez pour qu’il vienne chatouiller le champion maison Pecco Bagnaia. Ça ne ferait aucun sens niveau marketing. C’est pour cette raison que depuis le début de ces previews, je pense que la GP24 sera plus éloignée de la GP23 que ce que la GP23 ne l’était de la GP22. On ne peut pas leur jeter la pierre ; Ducati peut tourner sans Marquez, il avait besoin d’eux plus que l’inverse. Deuxièmement, je pense réellement que la GP24 sera une arme, alors que la GP23 avait laissé Bagnaia circonspect et sans solutions à des moments tardifs de la saison, notamment en qualifications.
Ensuite, car je ne pense pas Marc Marquez en capacité de rivaliser avec ce Bagnaia, et peut-être, ce Jorge Martin. Il n’avait jamais fait face à une si forte opposition depuis Lorenzo et Rossi en 2016. En 2019, lorsqu’il écrasa le MotoGP de son génie, Marc Marquez fut assez embêté par un Fabio Quartararo rookie avec une machine pas des plus performantes, et battu en duel par Alex Rins en Grande-Bretagne. Aucun de ces pilotes n’est dans la même dimension que Bagnaia actuellement, le seul qui peut retourner des week-ends entier en un claquement de doigt. Rappelez-vous, fin 2022, quand l’Italien n’était pas encore aussi fort, il avait déjà vaincu Marquez à Aragon, sur l’un des circuits préférés de l’espagnol.
Aussi, s’il en veut trop et qu’il est dans le même état d’esprit que chez Honda, il va chuter. Car quand il va se sentir proche de la tête, il n’aura d’autres choix que de pousser, pour se venger de lui-même, gagner, tout simplement. Mais à l’échelle d’une saison, lui et les autres prétendants au titre ne joueront pas à cela. S’il veut prendre une neuvième couronne, il devra se contenter de quatrièmes et cinquièmes places quand cela ne va pas dans son sens, et bizarrement, je ne l’envisage pas une seconde.
Le pronostic
C’est l’heure de se mouiller ! Pour moi, Marc Marquez ne sera pas champion du monde. La marche est trop haute, même pour lui, et impliquerait un scénario beaucoup plus grand qu’un simple retour aux affaires. Je pense qu’il fera bien mieux qu’Alex Marquez, qui n’a juste pas le même statut sans lui manquer de respect, et qu’il s’imposera à plusieurs reprises sur l’année. J’en fais mon outsider principal à la victoire, mais en aucun cas, un favori comme Bastianini, Bagnaia ou Jorge Martin.
Je ne me fais aucun soucis concernant l’adaptation. À mon humble avis, il sera rapide dès les premières manches. Mais a-t-il seulement envie d’être régulier dans la performance, a-t-il seulement envie de ne pas attaquer quand ça le démange pour aller chercher le Graal ? Pas sûr. Attention donc aux chutes, car j’imagine un Marquez plus déchaîné que jamais, en roue libre, sans freins. Et au vu de sa condition physique, chaque volume pourrait mettre fin à sa carrière de pilote.
Il va continuer de nous faire rêver, mais entre la 3e et la 5e place du général selon moi. Bien sûr, je peux me tromper et j’attends donc votre pronostic en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport